L'économie française va se contracter de 11% cette année, prévient le gouvernement

Le gouvernement a encore aggravé sa prévision de récession pour la France cette année, avec une chute du produit intérieur brut (PIB) historique de 11%, au moment où l'économie tente de repartir doucement avec le déconfinement.

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Devant les Galeries Lafayette à Paris, le 30 mai, premier jour de leur réouverture après plusieurs semaines de fermeture en raison de l'épidémie de COVID-19.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Je n'ai jamais caché que le plus dur était devant nous" parce que "le choc de la crise a été extrêmement brutal", a affirmé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire en annonçant mardi 2 juin cette nouvelle prévision sur la radio RTL.

"C'est la récession la plus grave depuis la Deuxième Guerre mondiale", a-t-il insisté un peu plus tard devant les députés.

Le gouvernement entérinera cette nouvelle estimation de l'ampleur de la récession dans un nouveau projet de budget rectificatif qui doit être présenté en conseil des ministres le 10 juin.

La semaine dernière, l'Institut national de la statistique (Insee) avait indiqué que la chute du PIB serait largement supérieure aux -8% anticipés par le gouvernement, car la reprise de l'activité depuis le début du déconfinement sera "au mieux progressive au second semestre".

Au premier trimestre, le recul de l'activité a finalement atteint 5,3%, mais l'Insee anticipe un plongeon de 20% environ au deuxième trimestre.

L'économie française "s'efforce (...) de reprendre son souffle", mais elle "refait surface dans un monde qui n'est plus exactement le même qu'avant la crise sanitaire", avait jugé l'institut.

Évolution annuelle de la croissance française en % du PIB depuis 2009 et estimations pour 2019 et 2020.
Photo : AFP/VNA/CVN

Si le déconfinement a commencé le 11 mai et que le Premier ministre a annoncé la semaine dernière une accélération avec notamment la levée de l'interdiction de se déplacer à plus de 100 kilomètres de son domicile, la reprise de l'activité est lente. Tous les commerces n'ont pas encore rouvert et le redémarrage de certaines entreprises est ralenti par des perturbations persistantes dans les chaînes de production.

Petite éclaircie : mardi 2 juin, les restaurants et cafés peuvent rouvrir dans les départements "verts" et seulement leurs terrasses dans les départements "orange", dont Paris.

C'est "un signal très positif", avec 300.000 établissements qui vont pouvoir rouvrir et un demi-million d'employés qui vont pouvoir reprendre leur activité, a souligné M. Le Maire, même si "pour nous redresser économiquement il en faudra beaucoup plus".

Apprentissage, tech et aéronautique

"J'ai la conviction absolue que nous allons rebondir en 2021", a-t-il toutefois avancé.

Après le plan d'urgence de plus de 100 milliards d'euros mis en place depuis le début de la crise, le gouvernement prépare désormais des plans de soutien spécifiques pour les secteurs les plus affectés.

Des efforts de 18 milliards d'euros pour le tourisme, de 8 milliards d'euros pour l'automobile ou de 4,5 milliards d'euros pour les collectivités ont déjà été annoncés, avant des mesures pour l'aéronautique, l'apprentissage, l'emploi des jeunes ou les start-up dans les prochains jours.

Ces dépenses, ajoutées à la baisse des recettes fiscales liées à la récession, devrait plomber les comptes publics, et notamment le budget de l'État, dont le déficit a été revu à 220 milliards d'euros, contre 93 milliards prévus dans le budget initial présenté en septembre.

"L'État prend très largement sa part dans la crise du COVID", a assuré mardi le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin pour justifier ce dérapage budgétaire historique.

Un message également relayé par Bruno Le Maire. "Nous prenons toutes les mesures dans tous les secteurs", a défendu le ministre de l'Économie, qui a toutefois déjà prévenu que des faillites et licenciements seraient inévitables malgré le soutien public.

Plusieurs entreprises du secteur de la distribution, comme Camaïeu, La Halle ou Conforama, sont ainsi d'ores et déjà en grande difficulté, avec des milliers d'emplois menacés, tandis que le constructeur automobile Renault prévoit de supprimer 15.000 emplois dont 4.600 en France, la crise ayant renforcé des difficultés préexistantes.

Alors que certains plaident pour une augmentation du temps de travail afin d'accélérer la reprise dans les entreprises, le ministre a, lui, estimé que le défi de l'économie serait surtout de lutter contre le chômage.

"C'est ça l'enjeu pour la France dans les mois qui viennent : travailler tous et essayer de contenir un chômage qui va augmenter", a-t-il déclaré.

Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Édouard Philippe réuniront jeudi 4 juin à l'Élysée les partenaires sociaux pour plancher sur des mesures de préservation de l'emploi et d'accompagnements des plus fragiles.

À la rentrée, le gouvernement annoncera aussi un plan de relance national.

"Cette réponse devra être audacieuse et devra faire le lien avec notre politique économique pour l'offre, pour l'entreprise, pour la compétitivité, pour l'innovation", a défendu Bruno Le Maire à l'Assemblée nationale, mettant aussi l'accent sur la nécessité d'un "rebond vert" en faveur de la transition écologique.

AFP/VNA/CVN

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