>>"Sans touristes, Venise est une ville morte", se désole un gondolier
>>Quel impact sur le tourisme en Europe ?
Des touristes devant la frontière fermée entre la Suisse et l'Italie au col du Grand Saint Bernard le 2 juin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les gondoles peuvent voguer sur les canaux de Venise, les amoureux jouer les "Roméo et Juliette" sur le balcon de Vérone et, depuis lundi 1er juin, le Colisée de Rome ou les Musées du Vatican accueillent à nouveau les visiteurs.
Mais les sites touristiques, comme les hôteliers et les restaurateurs, craignent que les touristes ne soient pas cet année au rendez-vous de l'Italie, l'un des pays d'Europe les plus touchés par la pandémie où le nouveau coronavirus a fait plus de 33.500 morts, avec la Lombardie (Nord) comme épicentre européen de l'épidémie.
Le gouvernement autorise aussi ce mercredi 3 juin la libre circulation entre les régions, mais les interdictions de grands rassemblements et l'obligation du port du masque dans les lieux clos et dans les transports publics demeurent.
"Point chaud"
Dimanche 31 mai, un célèbre médecin, Alberto Zangrillo, a créé la polémique en affirmant que le virus avait disparu et qu'il était temps d'arrêter de "terroriser" inutilement la population, provoquant une levée de boucliers des autorités et d'autres scientifiques, dont certains ont mis en garde contre une autorisation prématurée des voyages entre régions et en provenance de l'étranger.
La crise sanitaire "n'est pas terminée" a du reste prévenu mardi 2 juin, jour de Fête nationale, le président de la République, Sergio Mattarella, qui a loué "l'unité" de son pays face à "l'ennemi invisible".
En déplacement à Codogno, localité de Lombardie où était apparu mi-février le virus en Italie, il a appelé le pays à repartir, fort de la "solidarité et du courage" dont il a fait preuve en ces temps difficiles.
L'Italie a imposé un verrouillage économique début mars et a vu depuis le nombre de contaminations chuter régulièrement. Mais le pays doit à présent faire face à la plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale, et a un besoin crucial de voir revenir les touristes.
Les vols internationaux ne devraient reprendre mercredi que dans trois grandes villes - Milan, Rome et Naples - et le gouvernement craint que ceux qui viennent habituellement dans la péninsule depuis les pays voisins en voiture, train ou ferry ne choisissent d'autres destinations.
La Suisse a prévenu que ses citoyens qui se rendraient en Italie à partir de mercredi 3 juin seraient soumis à des "mesures sanitaires" à leur retour. Elle ouvrira ses frontières avec l'Allemagne, la France et l'Autriche le 15 juin, mais pas avec l'Italie.
Le 15 juin, l'Autriche lèvera ses restrictions avec l'Allemagne, la Suisse, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie mais, là encore, pas avec l'Italie, que son ministre de la Santé a qualifiée la semaine dernière de "point chaud".
Ces mesures spécifiques à l'Italie ont poussé le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio à mettre en garde les pays contre le fait de traiter son pays "comme un lépreux".
Effet dévastateur
Des touristes font un tour en gondole à Venise le 30 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il a annoncé qu'il se rendrait en fin de semaine en Allemagne, en Slovénie et en Grèce pour les persuader que l'Italie est un pays sûr pour les touristes. Il doit recevoir mercredi 3 juin son homologue français Jean-Yves Le Drian.
Les personnes arrivant en Italie en provenance d'Europe ne seront pas tenues de s'isoler, à moins qu'elles n'aient récemment voyagé depuis un autre continent.
Les mesures de confinement ont eu un effet dévastateur sur le secteur du tourisme italien, qui représente environ 13% du produit intérieur brut (PIB).
Les restaurants, cafés et établissements balnéaires ont lentement rouvert au cours des deux dernières semaines, même si le gouvernement a déclaré qu'il se réservait le droit d'imposer des fermetures localisées en cas de reprise de l'épidémie.
Mais seuls 40 des 1.200 hôtels de Rome ont rouvert, a indiqué lundi 1er juin le Corriere della Sera, et une douzaine seulement à Milan, leurs propriétaires estimant qu'il coûte trop cher de les rouvrir s'ils restent vides.
L'agence nationale du tourisme a déclaré que quelque 40% des Italiens se rendent habituellement à l'étranger pour leurs congés, mais qu'ils pourraient décider cette année de passer leurs vacances sur leurs terres, ce qui aiderait les entreprises locales.
Pas de quoi réconforter les grands musées ou sites touristiques comme la Tour de Pise, Pompéi ou la Galerie des Offices de Florence, qui ont rouvert leurs portes ces derniers jours, mais qui attendent toujours le retour de leurs visiteurs étrangers.