L’étendue de riz la moins rentable pourait être remplacée par du maïs ou du soja. |
Pourriez-vous nous expliquer la problématique de la restructuration de la riziculture ?
La réduction de la superficie de riziculture au profit du développement de la culture d’autres espèces végétales aux cycles plus courts, et l’alliance de la riziculture et de l’aquaculture est la politique actuelle de l’État définie sur la base de la situation concrète du pays. La raison tient à ce que de nombreux challenges se posent aujourd’hui en ce qui concerne les exportations de riz, alors que le pays conserve 7,7 millions d’hectares de riziculture.
Il s’agit en fait d’optimiser le ratio superficie-revenu dans ce secteur et, dans cette optique, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR) a décidé de supprimer les champs rizicoles les moins rentables. Ainsi, ce sont 200.000 hectares qui seront employés à d’autres cultures vivrières d’ici 2015 et, pour l’année prochaine, 140.000 hectares.
Les agriculteurs sont, bien entendu, libres de choisir leurs nouvelles cultures, sans directives du MADR qui les encourage à choisir les espèces végétales ayant le plus de potentiels en termes de débouchés. Il s’agit, entre autres, du maïs ou du soja, deux plantes particulièrement demandées sur le marché domestique puisque l’année dernière, le pays a dû en importer 1,6 million de tonnes du premier, et 2,4 millions de tonnes d’huile du second.
Mon département, pour sa part, élabore actuellement un projet de restructuration de la riziculture et des politiques d’aides aux agriculteurs.
Est-ce que cette restructuration menace la sécurité alimentaire nationale ?
Non, car il ne s’agit que de supprimer les superficies les moins rentables, le riz demeure bien évidemment la plante vivrière de base du Vietnam, d’autant que son exportation est l’un des points forts de l’économie vietnamienne. La riziculture a un rôle important dans l’agriculture et selon le plan, le pays disposera de 7,5 millions d’hectares de riziculture en 2015, puis 7 millions en 2020.
La mise en œuvre de cette mesure a commencé depuis quelques années déjà dans les provinces septentrionales, mais très peu dans celles du delta du Mékong et du littoral méridional du Centre. Le delta du Mékong bénéficie de bonnes conditions pour développer le sésame, le maïs et le soja qui sont des cultures de haut rendement, parallèlement à la fruiticulture qui n’a rien à envier à celle de ses voisins sur le plan de la qualité.
Si la superficie rizicole diminue, quelles sont les mesures à prendre pour la pérennité de nos exportations de riz ?
Il nous faut améliorer nos variétés de riz d’un double point de vue, celui du rendement comme de la qualité. La recherche doit donc faire l’objet de nouvelles priorités, et ainsi améliorer significativement l’ensemble de la chaîne rizicole. J’entends par là les méthodes de récolte, de conservation et de transformation, mais aussi d’une réorganisation de tous les acteurs de ce secteur. Il s’agit d’abord des producteurs eux-mêmes, avec la création ou la réorganisation des coopératives et autres groupes de producteurs. Il faut également faire en sorte de développer des relations plus étroites entre ces derniers et les entreprises commerçantes de riz, les exportateurs ou non. Ce sont de telles mesures qui nous permettront de bénéficier d’une meilleure production et de pérenniser ce secteur en améliorant l’image de marque du riz vietnamien à l’étranger (voir également pp.12 - 13).
Quê Anh/CVN