Le président afghan Hamid Karzaï réitère son appel à la réconciliation envers les talibans

Le président afghan Hamid Karzaï a renouvelé le 31 janvier son appel à la réconciliation envers les talibans qui renonceraient à la violence, une proposition rejetée à plusieurs reprises par les rebelles.

"Nous, en tant qu'Afghans, faisons de notre mieux pour apporter paix et sécurité à l'Afghanistan", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Kaboul.

Il a également annoncé la tenue "prochaine" d'une jirga (assemblée tribale traditionnelle afghane, NDRD) consacrée à la mise en oeuvre de son plan de "réconciliation".

M. Karzaï a rallié jeudi à Londres les participants à une conférence sur l'avenir de son pays à sa stratégie de la "main tendue" aux insurgés repentis et assuré que les forces afghanes reprendraient le contrôle de plusieurs provinces d'ici à la fin 2010.

Cependant, le Conseil du commandement des talibans afghans a immédiatement répondu à cette ouverture par une fin de non-recevoir.

"Nous devons tendre la main à tous nos compatriotes, en particulier nos frères désabusés qui ne sont pas membres d'Al-Qaïda ou d'une autre organisation terroriste", a lancé M. Karzaï en présentant son plan de "réconciliation" avec les talibans, qui propose argent et travail aux insurgés repentis. "Les participants à la conférence ont accueilli favorablement les projets du gouvernement afghan d'offrir une place honorable dans la société à ceux qui veulent renoncer à la violence", ont répondu les délégués de près de 70 pays, selon le communiqué final de la rencontre. Mais les talibans concernés devront "couper leurs liens avec Al-Qaïda et les autres organisations terroristes", avertit le texte.

La réunion de Londres, une des plus importantes jamais organisées sur l'Afghanistan, a mis en place un fonds international pour soutenir la réintégration. Selon des sources diplomatiques allemandes, il réunirait 500 millions de dollars. Plus de 140 millions de dollars ont été promis, a annoncé le secrétaire au Foreign Office, David Miliband. Une "jirga de la paix" sera de plus réunie en Afghanistan "pour mettre en œuvre cette réconciliation", a souligné M. Karzaï. Les talibans y seront invités, a indiqué un de ses porte-parole.

La rencontre a également accéléré le processus du transfert aux Afghans de la responsabilité en matière de sécurité : "d'ici à 3 ans" dans les zones instables et "d'ici à 5 ans" sur l'ensemble du pays. À plus court terme, les forces afghanes assumeront le "commandement d'un certain nombre de provinces, si les conditions le permettent, d'ici à la fin 2010, ou au début de 2011", selon le communiqué final.

Pour accompagner la transition, les forces de sécurité afghanes seront portées à 300.000 d'ici à octobre 2011, "beaucoup plus que les forces alliées", a souligné Gordon Brown dans un discours.

En l'absence de calendrier de retrait des alliés, M. Karzaï a averti que son pays pourrait avoir encore besoin d'une aide internationale "pendant 10 à 15 ans". "Il doit être clair (...) que ce n'est pas une stratégie de sortie", a de son côté mis en garde la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton. "Il s'agit de réunir les conditions qui permettront aux forces afghanes de prendre la direction en toute sécurité dans une zone donnée... Et nous continuerons à soutenir nos partenaires afghans pendant la transition", a-t-elle souligné.

La conférence a par ailleurs confirmé l'annulation de 1,6 milliard de dollars de dette extérieure afghane, déjà annoncé par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.

La réunion de Londres serait suivie par une autre rencontre internationale sur l'Afghanistan, qui devrait avoir lieu à Kaboul en mars ou avril.

AFP/VNA/CVN

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