>>Les coups de filet continuent dans l'armée
>>Le président turc Erdogan promet d'éliminer "le virus" dans l'État
>>Djibouti condamne la tentative de coup d'état avortée en Turquie
Des militaires supposés avoir participé au putsch manqué, à la sortie du tribunal dans la quartier Bakirkoy, le 16 juillet à Istanbul |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un total de 7.543 militaires et magistrats placés en garde à vue, près de 9.000 policiers, gendarmes et fonctionnaires démis : l'ampleur du coup de balai est impressionnant. Le président turc avait donné le ton en promettant d'éliminer le "virus" factieux.
Le Premier ministre turc Binali Yildirim a dénombré 6.038 militaires, 755 magistrats et 100 policiers parmi les suspects en garde à vue. La liste inclut 103 généraux et amiraux, dont deux meneurs présumés du putsch.
Parmi les militaires arrêtés se trouvent, selon un responsable turc, deux pilotes qui avaient participé au mois de novembre à une opération pour abattre un bombardier russe à la frontière syrienne. Cet épisode avait provoqué une crise aigüe entre la Turquie et la Russie.
À l'issue d'un conseil des ministres à Ankara, M. Yildirim n'a laissé planer aucune ambiguïté. Les putschistes devront "rendre des comptes pour chaque goutte de sang versée", a-t-il lancé, révisant à la hausse le bilan humain de la tentative de coup d'État, qui a fait au moins 308 morts dont 100 mutins. Mais la purge se fera "dans le cadre du droit", a-t-il soutenu, en réponse à l'Union européenne et aux États-Unis, qui ont uni leurs voix lundi 18 juillet à Bruxelles pour sommer le régime turc de ne pas tomber dans l'arbitraire.
"Nous appelons fermement le gouvernement de Turquie à maintenir le calme et la stabilité dans le pays" et de "respecter les institutions démocratiques de la nation et l'État de droit", a déclaré le secrétaire d'État américain John Kerry, à l'issue d'une réunion avec ses homologues de l'UE. Des experts du Conseil de l'Europe ont condamné les arrestations en masse de juges dans le pays. "Arrestations et renvois en masse de juges ne sont pas un moyen acceptable pour restaurer la démocratie", a déclaré le président de ce groupe d'experts.
L'ONU a affirmé que le respect de "droits fondamentaux" comme "la liberté d'expression" et la tenue de "procès en bonne et due forme" est crucial pour préserver la démocratie en Turquie. L'ambassadeur de Turquie auprès des Nations Unies a réclamé le soutien de la communauté internationale. "La Turquie espère, souhaite recevoir du soutien, pas des conseils ou des critiques", a déclaré Yasar Halit Cevik à la presse.
L'UE, par la voix de sa représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a signifié à la Turquie qu'un rétablissement de la peine de mort - abolie en 2004 dans le cadre des négociations d'adhésion - lui fermerait la porte du bloc européen. Or Recep Tayyip Erdogan avait évoqué cette éventualité en s'adressant dimanche à une foule de partisans réclamant la tête des factieux. Et il a réitéré qu'il s'agissait d'une possibilité dans un entretien diffusé sur la chaîne américaine CNN lundi 18 juillet.