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Un policier passe devant le dôme de Kigali illuminé aux couleurs du pays, le Rwanda, le 28 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'immeuble aux vitres bleutées est un des nombreux bâtiments ayant récemment transfiguré le paysage de la capitale, et qui incarnent l'ambition rwandaise d'une économie de service portée par une classe moyenne prospère et qualifiée, se substituant à une nation encore majoritairement peuplée d'agriculteurs pauvres.
Sauf que cette vision est encore très lointaine, avec une classe moyenne embryonnaire et 39% de la population qui vit avec moins de deux dollars par jour. Et les observateurs mettent en garde : le marché rwandais est relativement petit et le pari du développement agressif d'infrastructures coûteuses - essentiellement grâce à l'argent public - est risqué.
"La ville se développe, c'est bien, mais nous, on a du mal, le prix du loyer nous anéantit", explique un vendeur de cosmétiques du centre commercial, inauguré il y a deux ans par le président Paul Kagame. Le jeune homme de 24 ans assure que deux de ses collègues ont fermé boutique faute de clients tandis que nombres d'emplacements restent vides.
À quelques encablures, perché sur une colline et visible des quatre coins de la capitale, le Kigali Convention Center (KCC), un centre de conférence de 2.600 places inauguré en 2016, est le symbole de ce Rwanda qui ambitionne de devenir un centre névralgique régional du tourisme d'affaires.
Parallèlement, le gouvernement a massivement investi dans la compagnie Rwandair, qui s'est dotée en huit ans de 12 avions et dessert désormais 22 destinations, dont Londres, alors qu'au Sud de la capitale, un nouvel aéroport international financé via un partenariat public-privé devrait voir le jour fin 2018.
Ces dernières années, plus de 4.500 kilomètres de câbles en fibre optique ont été déployés dans le pays.
''Trop ambitieux''
Afin de devenir comme il le souhaite un pays à hauts revenus d'ici 2050, le Rwanda doit notamment atteindre un rythme de croissance de 10% par an. Selon un diplomate occidental interrogé par l'AFP, le projet rwandais est "trop ambitieux".
Un quartier de Kigali, le 28 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après avoir avoisiné les 7% de croissance en moyenne sur les 20 dernières années, l'économie rwandaise a ralenti cette année, la faute à une stabilisation du boom de la construction, de mauvaises récoltes et une diminution des réserves de devises due à une hausse des dépenses publiques.
"Le centre de conférence est le bâtiment le plus cher d'Afrique", assure le diplomate, selon lequel le coût total pourrait dépasser les 800 millions de dollars. "Beaucoup de conférences sont organisées par le gouvernement (...), ils ne gagnent donc pas vraiment d'argent".
Quant à Rwandair, ce diplomate le qualifie de "jouet coûteux" dans un secteur rarement rentable.
La volonté du Rwanda, dont le budget dépend pour environ 30% de l'aide étrangère, de "devenir un hub (...) ressemble à un pari très courageux", ajoute-t-il. "Nous ne voyons pas très bien (...) d'où vont venir les affaires".