Des enfants Viêt kiêu au cours de vietnamien organisé à la Maison culturelle Vinaphunu. |
Située dans le centre-ville de Berlin, la Maison culturelle Vinaphunu (littéralement «Femmes vietnamiennes») est une adresse très fréquentée par les Viêt kiêu. Plus d’une fois, cette organisation vietnamienne a reçu du gouvernement allemand des honneurs et récompenses pour ses réussites dans l’intégration des Viêt kiêu à la communauté locale.
Créée en 1991 dans le but initial d’aider les femmes vietnamiennes vivant à Berlin, Vinaphunu a d’emblée bénéficié d’un soutien matériel et moral du ministère de l’Économie, du Travail et des Femmes (METF) du Land de Berlin. Elle s’est développée au fil des années, pour devenir un centre de conseil et de formation, ce à travers un large éventail d’activités : conseils concernant la vie quotidienne (mariage, famille, éducation des enfants, emploi, chômage…), cours d’allemand pour les femmes et de vietnamien pour les enfants, et même cours de cuisine vietnamienne. L’occasion pour les Viêt kiêu - femmes et hommes, âgés et jeunes - de (re)faire connaissance avec la gastronomie traditionnelle !
«Toutes ces activités sont pour nous des rendez-vous amicaux, qui nous permettent de nous rappeler ensemble du pays natal et aussi d’échanger des expériences sur notre vie en Allemagne», confie Hoai Thu, co-fondatrice de Vinaphunu. Avec fierté, elle présente sa bibliothèque de plus de 4.000 livres et 2.000 compacts/CD-Roms, dans divers domaines : culture et art, sciences, histoire, géographie, lois … tant en vietnamien qu’en allemand. Sans compter des piles de journaux vietnamiens. C'est le fruit de collectes auprès des Viêt kiêu et aussi de cadeaux de compatriotes chaque fois que Hoai Thu retourne au Vietnam. «Je cherche toujours à enrichir notre bibliothèque. La lecture, c’est un réel besoin pour tous les membres de notre communauté. À chaque retour au pays, je ramène des dizaines de nouveaux titres», révèle-t-elle.
Depuis des décennies, cette Viêt kiêu originaire de Hanoi se donne corps et âme au développement de Vinaphunu. En 1999, elle s’est vu décerner, par le METF de Berlin, le Prix de «Femme de l’année». Deux ans plus tard, le président allemand J. Rau lui a attribué l’Ordre de l’Exploit de l’Allemagne.
Une scientifique Viêt kiêu prometteuse
Novembre 2012, à Berlin. Nguyên Kim Mai Thi, une étudiante d’origine vietnamienne qui fait ses études post-universitaires à l’Université des technologies d’Aachen, spécialisation nano-médecine, a surpassé une centaine de jeunes scientifiques venus de 38 pays pour décrocher le 3e prix de la finale du concours Palling Walles Lab.
Ce concours international a permis aux candidats - étudiants, jeunes scientifiques et entrepreneurs - de présenter des initiatives susceptibles d’être appliquées dans la vie. Lors de la finale, les meilleurs candidats ont exposé devant le jury, en trois minutes, leur projet. Confiante, Mai Thi a expliqué son idée portant sur la création d’un dispositif pour introduire un médicament anti-cancéreux dans les tissus malades, sans détruire les tissus sains.
Choisie par le jury, cette jeune femme d’origine vietnamienne a avoué que c’est un «ouvrage d’études simple en théorie, mais compliqué en pratique». Selon elle, la nano-médecine ouvre de nouvelles perspectives au traitement du cancer. «Ce travail nécessitera la participation de nombreux scientifiques spécialisés en divers domaines», insiste-t-elle. Mai Thi a confié son espoir de voir son ouvrage d’études devenir, dans une décennie, une méthode de traitement efficace.
Une chaîne de restaurants vietnamiens à Hambourg
Née en Allemagne dans une famille Viêt kiêu dont le père est ingénieur en chimie et la mère infirmière, Mai Thi a toujours été l’une des meilleures élèves de sa classe. Elle a fait ses études universitaires à l'Université Johannes Gutenberg (à Mainz, Allemagne) puis à l'Institut des technologies de Massachusetts (Etats-Unis) où, en 2012, elle a défendu avec brio son mémoire de maîtrise en chimie. En dehors des heures de laboratoire, cette jeune scientifique aime jouer du piano et danser le hip-hop. Elle a empoché le premier prix du concours de musique Jugend Musiziert, et est animatrice d’un club de hip-hop à l'Université d’Aachen.
La bibliothèque de la Maison culturelle Vinaphunu. |
À Hambourg, ville portuaire, les restaurants vietnamiens sont très fréquentés par les habitants locaux, Vietnamiens d’origine ou Allemands «de souche». L’un des plus connus est Cooko, tenu par Lê Quôc Khanh, un Hanoïen installé à Hambourg depuis 1990. Niché dans le centre-ville, ce restaurant se distingue pas sa décoration raffinée, son ambiance amicale. Il propose divers plats vietnamiens dont pho gà (soupe aux nouilles de riz et viande de poulet), bun cha (vermicelles au porc grillé), miên hai san (vermicelles aux fruits de mer), mi sào (nouille sautée), banh cuôn (ravioli en rouleau), dâu phu sôt cà chua (paté de soja à la sauce de tomate)… Le succès est tel qu’à certaines heures de la journée, les clients font la queue en attendant qu’une table se libère !
La chaîne de restos BOX, du Viêt kiêu Trân Duc Binh, se trouve un peu partout à Hambourg. Il a ouvert son premier restaurant vietnamien en 2004, et en compte aujourd’hui une dizaine, qui emploient 70 personnes, dont des étudiants vietnamiens. «Ceux-ci peuvent travailler à mi-temps, découvrir le monde professionnel, peaufiner leur pratique de l’allemand et bien sûr payer leurs études», explique Trân Duc Binh. Chaque fois qu’il retourne au Vietnam, Binh n’oublie jamais de participer à des activités philanthropiques, «un devoir moral» selon lui.
Nghia Dàn/CVN