Le premier mini sous- marin "made in Vietnam". |
Le premier mini sous-marin «made in Vietnam» mesure 3,2 mètres de long, 1 mètre de large, 1,5 mètre de haut et pèse presque une tonne. Un bâtiment qui a comme traits originaux une ossature en composite (au lieu de l’acier), une batterie d’accumulateurs électriques et… une seule place.
«Alimenté par l’accu, mon mini sous-marin peut fonctionner pendant quatre heures et plonger à 70 m de profondeur. C’est un engin maniable qui peut naviguer à reculons», révèle l’ingénieur Phan Bôi Trân. Pour lui, le point le plus important de ce sous-marin est son ossature en composite, grâce à quoi il est «plus léger, plus rapide et moins coûteux» que celui en acier. De plus, le composite permet au sous-marin d’échapper aux radars. «Par ailleurs, la quasi-totalité de ses composants sont de fabrication locale. Son coût de revient n’est que de 15.000 dollars», dit-t-il.
Brillant descendant de Phan Bôi Châu
Issu d’une famille lettrée de la province de Nghê An (Centre), Phan Bôi Trân est fier d’être le descendant de 4e génération de Phan Bôi Châu (1867 – 1940), pionnier du nationalisme vietnamien du XXe siècle.
En 1974, à l’âge de 20 ans, Phan Bôi Trân part faire ses études à l’Université de Marseille, en chimie, composite et plastique technique. Diplômé en 1978, il est embauché par la compagnie française Comex spécialisée dans l’ingénierie et le monde sous-marin. Dix ans plus tard, l’ingénieur Viêt kiêu part en mission en Libye, à l’invitation du gouvernement de ce pays, pour la conception et la fabrication de l’ossature d’un sous-marin.
L’ingénieur Phan Bôi Trân. |
Revenu s’installer au pays en 2006, Phan Bôi Trân a monté une compagnie d’équipements et d’ossatures de bateau, vélos électriques et jouets pour enfants.
«Et pourquoi pas fabriquer un sous-marin ? Cette idée m’a tellement tourmenté que j’ai décidé un jour de la matérialiser. Un projet chimérique, selon certains, néanmoins soutenu par d’autres, dont Lê Kê Lâm, président de l’Union maritime de Hô Chi Minh-Ville», se rappelle l’ingénieur.
Il a décidé de concevoir un mini sous-marin en composite, avec du matériel et des équipements fabriqués dans le pays, excepté le moteur, importé de France.
Son projet a été mis en œuvre fin 2011, transformant son habitation en mini chantier naval. Succès un an plus tard avec la naissance de ce mini sous-marin en composite, le premier du genre au Vietnam.
Le rêve d’une flottille vietnamienne
Le test du bâtiment n’a pas été facile, car il a fallu trouver un bassin assez large pour que l’engin puisse évoluer sans risque. Le problème a été réglé grâce au soutien de l’Union maritime et de l’École technique de la marine (ETM) de Hô Chi Minh-Ville. Dans une grande piscine au sein de l’ETM, le mini sous-marin piloté par Phan Bôi Trân a fonctionné à merveille.
Dans une grande piscine, le mini sous-marin a fonctionné à merveille. |
L’ingénieur Viêt kiêu ne souhaite pas s’arrêter en si bon chemin : «Une fois fabriqué en série, chaque sous-marin ne nécessitera qu’un mois de construction, contre un an pour le prototype». Et de rêver que le pays puisse s’équiper, dans l’avenir, d’une flottille de sous-marins. «Le sous-marin peut servir à l’exploration des fonds sous-marins, à la prospection pétrolière… Il peut aussi être une machine de guerre si on l’équipe de torpilles. La naissance d’une flottille de mini sous-marins contribuera grandement à l’édification et à la défense nationales», argumente Phan Bôi Trân.
Sous-marins de poche à trois places
Selon le vice-professeur et docteur Lê Kê Lâm, président de l’Union maritime, ex-directeur de l’Institut de la marine, un projet d’études scientifiques sur les minis sous-marins, élaboré conjointement par son Union et le Département de la construction navale de l’Université des communications et des transports, a été présenté au Service des sciences et des technologies de Hô Chi Minh-Ville. L’objectif est de faire du sous-marin de Phan Bôi Trân un engin à trois places, polyvalent : excursions touristiques, ravitaillement des populations insulaires, exploration sous-marine…
Nghia Dan/CVN