Celle qui, en 2009, avait promis à ses juges le "septième cercle de l'enfer" et dont la défense avait indiqué en juillet ne plus pouvoir prendre d'ordre auprès d'elle ne pourra donc finir ses jours chez elle.
La chambre suprême du tribunal parrainé par l'ONU a décidé que Ieng Thirith, 79 ans, qui souffre de pertes de mémoire, de démence et probablement de la maladie d'Alzheimer, serait transférée dans un hôpital pour, le cas échéant, tenter "d'améliorer son état de santé mentale".
Les magistrats ont conclu que "l'argument initial justifiant la volonté de conserver l'accusée en détention provisoire, à savoir assurer sa présence pendant le procès, restait valide et pertinent".
Un nouvel examen médical doit être conduit d'ici six mois. Mais sauf spectaculaire - et hautement improbable - amélioration, l'ancienne ministre ne répondra jamais des chefs de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour lesquels sont actuellement poursuivies les trois plus hautes personnalités de l'ancien régime encore en vie.
Le porte-parole de la cour n'a pas précisé quand l'accusée serait évacuée de la prison attenante au tribunal où elle est maintenue depuis son arrestation en 2007. "Mais c'est évidemment une affaire urgente", a relevé Lars Olsen.
Le mois dernier, les magistrats avaient considéré en première instance qu'il ne servait à rien de juger la belle-soeur de Pol Pot, souvent qualifiée de "première dame" du régime du Khmers rouges, tant sa cohérence mentale était devenue aléatoire. Mais les procureurs avaient fait appel de sa remise en liberté, réclamant qu'elle "reste en détention et suive un traitement médical (...), sujet à révision dans six mois".
Ils ont donc été entendus, ce qui épargne une nouvelle et cruelle déconvenue aux parties civiles du procès. "En tant que victime, je suis content. La cour a pris la bonne décision", a estimé Chum Mey, 80 ans, l'un des rares survivants de la prison de Tuol Sleng où 15.000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées.
Dirigé par Pol Pot, décédé en 1998 sans avoir été jugé, le "Kampuchéa démocratique" a tenté d'imposer une nouvelle société agraire, sans monnaie, ni médecine, ni éducation. Deux millions de personnes sont mortes d'épuisement, de maladie, sous la torture ou au gré des exécutions.
AFP/VNA/CVN