M. Kan, 63 ans, qui est également vice-Premier ministre, devrait donc logiquement être élu ce matin président du Parti démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche), étape obligée avant d'être nommé dans l'après-midi chef du gouvernement lors d'un vote au parlement, contrôlé par le PDJ.
Le seul autre candidat déclaré jusqu'ici est un député peu connu, Shinji Tarutoko, qui dirige le comité du PDJ chargé de l'environnement à la Chambre basse.
Les 2 rivaux sérieux de M. Kan pour la charge suprême, le ministre des Affaires étrangères Katsuya Okada et le ministre des Transports, Seiji Maehara, ont tous 2 annoncé le 3 juin qu'ils ne seraient pas candidats.
À l'issue d'une rencontre avec M. Kan, M. Okada, 56 ans, a déclaré que le nouveau Premier ministre devrait régler les problèmes de financement politique du PDJ et diriger le parti avec autorité. "Si ces 2 conditions sont réunies, je soutiens M. Kan", a-t-il dit devant les journalistes, ajoutant que pour sa part, il souhaitait rester à son poste de chef de la diplomatie dans le prochain gouvernement.
M. Hatoyama a expliqué qu'il démissionnait pour 2 raisons : sa mauvaise gestion du déménagement de la base américaine de Futenma sur l'île d'Okinawa (Sud), émaillée de multiples volte-face, et les scandales politico-financiers qui ont éclaboussé son entourage.
Le ministre des Transports, Seiji Maehara, politicien télégénique et ambitieux de 48 ans, a lui aussi apporté son soutien au candidat favori. "Je soutiendrai M. Kan", a-t-il simplement dit, selon l'agence de presse Jiji.
Naoto Kan présente l'avantage de ne pas avoir été directement mêlé au fiasco de la base de Futenma, ni d'avoir été inquiété par la justice pour des affaires d'argent sale. Ancien militant de gauche, il a participé à la fondation du PDJ et s'est fait remarquer dans les années 90 comme ministre de la Santé, lorsqu'il a poussé son administration à révéler un scandale de transfusion sanguine infectée au VIH.
Chargé des Finances depuis janvier, il a adopté des positions réalistes face à la situation économique, en se prononçant publiquement en faveur d'une hausse de la taxe sur la consommation et d'un plafonnement de l'endettement public. "M. Kan est un candidat accepté par un certain nombre de parlementaires du PDJ car son arrivée ne va pas provoquer de bouleversements au sein du parti", a commenté Hidekazu Kawai, professeur de sciences politiques à l'université Gakushuin de Tokyo. "Les membres du PDJ ne veulent pas prendre de risques inconsidérés pour le moment. Comme M. Kan est vice-Premier ministre, la transition devrait se faire en douceur", a-t-il estimé. "Des tâches très difficiles attendent le prochain Premier ministre. C'est pourquoi d'autres candidats potentiels ont hésité à se lancer."
Le premier défi sera les élections sénatoriales du 11 juillet, où le PDJ ne devrait pas faire un bon score, ce qui le forcera à passer des alliances avec des petits partis pour contrôler le Sénat.
AFP/VNA/CVN