Flottille pour Gaza interceptée : le raid israélien suscite un tollé international

Le raid israélien contre une flottille d'aide pro-palestinienne en route vers Gaza a suscité le 31 mai un tollé international, de nombreux pays l'ayant jugé "disproportionné" et ayant convoqué les ambassadeurs de l'État hébreu.

Le président américain Barack Obama a demandé à connaître "le plus vite possible" les circonstances exactes de l'abordage qui a fait au moins 9 morts, lors d'une conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Celui-ci a annulé une visite aux États-Unis et déclaré "regretter" les pertes en vies humaines, tout en affirmant que les soldats israéliens "étaient forcés de se défendre".

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni d'urgence à partir de 17h30 GMT pour débattre de l'intervention israélienne dont les pays arabes attendent une ferme condamnation.

Le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu a affirmé devant le Conseil qu'Israël avait "perdu toute légitimité internationale" après le raid meurtrier.

L'ambassadeur adjoint d'Israël à l'ONU, Daniel Carmon, a estimé pour sa part que "cette flottille n'avait rien d'une mission humanitaire".

À la demande d'Ankara, les ambassadeurs des pays de l'OTAN devaient se réunir le 1er juin alors que les relations israélo-turques se sont nettement tendues, l'opération ayant visé notamment un bateau humanitaire turc.

Depuis le Chili, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que la Turquie "ne restera pas inerte et silencieuse au sujet de cet acte de terrorisme d'État inhumain". Autrefois un des rares alliés de l'État hébreu au Proche-Orient, la Turquie a déjà rappelé son ambassadeur et annulé les préparatifs pour 3 manoeuvres militaires conjointes avec Israël.

Des milliers de personnes se sont rassemblées le 31 mai dans divers pays pour dénoncer l'assaut de l'armée israélienne.

Près de 10.000 personnes ont manifesté à Istanbul aux cris de "Mort à Israël !". Plus de 2.000 se sont rassemblées à Amman, plusieurs milliers de Palestiniens ont manifesté à travers la bande de Gaza, et quelques centaines de personnes à Bagdad. Elles étaient 6.000 à Stockholm, 1.200 à Paris, 1.300 à Lille et Strasbourg, plusieurs centaines à Bruxelles, Copenhague, Oslo, Genève, et 2.000 à Rabat.

À l'instar d'Amnesty International qui a réclamé une "enquête crédible et indépendante", de nombreuses voix ont demandé que toute la lumière soit faite sur l'assaut dans les eaux internationales.

L'ONU veut une enquête sur le raid israélien

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "choqué" par l'opération contre la flottille qui transportait des parlementaires, des militants pro-palestiniens, journalistes et intellectuels de tous pays, et voulait briser le blocus auquel est soumis la bande de Gaza depuis 2007.

"Il est vital qu'une enquête complète soit menée", a estimé M. Ban. Et le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a condamné "un usage disproportionné de la force".

Condamnation également de l'Union européenne, dont les ambassadeurs des 27 pays membres ont demandé une enquête "impartiale". La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, et le représentant du Quartette pour le Proche-Orient Tony Blair ont également réclamé une enquête.

Alors que le Vatican exprimait sa "douleur et sa préoccupation", de nombreux États ont convoqué les ambassadeurs israéliens pour demander des explications, comme la France, Chypre, l'Égypte, la Jordanie, l'Autriche, la Grèce, l'Irlande, la Suède, la Norvège, le Danemark, la Belgique, l'Autriche et l'Espagne. Certains étaient inquiets pour leurs ressortissants ayant pris part à l'expédition.

Moscou a jugé que "l'utilisation d'armes contre des civils et l'arrestation en pleine mer de navires sans raisons légales constituent une violation grossière des normes du droit international".

Le Premier ministre britannique David Cameron a jugé "inacceptable" l'opération et demandé à Israël de "répondre de manière constructive" au tollé international.

La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré avoir téléphoné à MM. Netanyahu et Erdogan pour faire part de sa "profonde" inquiétude.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a dénoncé un "acte inhumain du régime sioniste", y voyant non "pas un signe de la force mais de la faiblesse de ce régime", dont la fin "est plus proche que jamais".

La Chine s'est dite "choquée" par le raid et a demandé "une réponse rapide"de l'ONU.

L'Union Africaine a demandé une enquête sur ce raid jugé "brutal et inhumain" par le Pakistan. Alger, Tunis et Rabat ont également vivement condamné l'opération israélienne.

AFP/VNA/CVN

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