Le gouvernement cubain "ne souhaite pas" une rupture des liens avec Washington

Le gouvernement cubain se tient "prêt" à une éventuelle rupture des relations diplomatiques par Washington, mais "ne la souhaite pas", assure dans un entretien Carlos Fernandez de Cossio, directeur général du Département États-Unis au ministère cubain des Affaires étrangères.

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Carlos Fernandez de Cossio, directeur général du Département des États-Unis au ministère cubain des Affaires étrangères, le 14 mars 2019 à La Havane.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après des mois de tensions bilatérales, "nous devons être conscients que cela peut s'aggraver encore", prévient-il, car "les personnes chargées de la politique américaine envers le reste du continent ont des attitudes et prises de position très extrêmes et agressives envers notre pays".

"Nous constatons que leur volonté est de rompre tous les liens existants, de fermer les ambassades", rouvertes en 2015 quand La Havane et Washington ont renoué leurs relations diplomatiques, interrompues depuis 1961.

Et "nous sommes préparés, prêts à une telle éventualité, mais nous ne la souhaitons pas", affirme M. Fernandez De Cossio.

Le 17 décembre 2014, quand Barack Obama et Raul Castro ont annoncé un rapprochement historique entre les deux ex-ennemis de la guerre froide, Carlos de Cossio, alors ambassadeur en Afrique du Sud, se trouvait en vacances sur son île natale.

"Cela a été un moment émouvant pour le peuple cubain, et j'ai eu l'opportunité de le vivre ici", raconte-t-il, se rappelant l'"espoir" qui régnait alors dans son pays.

"Érosion progressive"

Cinq ans plus tard, il dresse un "bilan contradictoire" du chemin parcouru.

Il y a eu deux premières années positives, marquées par des facilités de voyage et de commerce entre Cuba et les États-Unis, l'ouverture d'une ligne téléphonique directe, la visite historique d'Obama à La Havane.

Puis la douche froide, avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

"Ces trois dernières années, il y a eu une érosion progressive (de la relation) jusqu'à arriver au moment actuel où le gouvernement des États-Unis déclare clairement son intention agressive contre Cuba", constate M. Fernandez De Cossio.

Ce qui démontre, selon lui, que tant que Washington maintiendra son embargo économique - en vigueur depuis 1962 et que Barack Obama n'a pas réussi à lever sous sa présidence -, "il est très difficile de penser sérieusement à un progrès durable dans la relation bilatérale".

Celle-ci se trouve "à un niveau très bas", souligne-t-il, citant "la volonté de priver Cuba, une nation de 11 millions d'habitants, d'un approvisionnement en carburant, ce qui est une mesure assez drastique", ou encore les critiques de Washington contre l'envoi de médecins cubains à l'étranger, "un extrême auquel aucun gouvernement américain n'était jamais arrivé".

"Totalement hypocrite"

Les États-Unis concentrent leurs reproches envers le gouvernement cubain autour de deux questions : les droits de l'homme et le soutien au gouvernement de Nicolas Maduro au Venezuela.

Concernant les droits de l'homme, Carlos Fernandez de Cossio estime qu'il s'agit d'un "argument prétexte, totalement hypocrite" de la part d'un pays qui soutient "les régimes les plus brutaux de la planète".

Le gouvernement cubain a toujours réfuté l'existence de prisonniers politiques sur son sol, estimés à une centaine par plusieurs ONG.

Par ailleurs, "celui qui dit ou pense que Cuba soutient le gouvernement vénézuélien a parfaitement raison", les deux pays socialistes étant des alliés de longue date, mais "il est faux de dire que Cuba a un contingent militaire (de) 25.000 soldats au Venezuela", affirme le représentant du ministère des Affaires étrangères.

La prochaine élection américaine peut-elle aboutir à un horizon plus serein pour La Havane ? "Personne ne sait ce qui va se passer en 2020 aux États-Unis", répond Carlos Fernandez de Cossio.

Mais "Cuba a montré historiquement (son souhait) et reste disposé à construire une relation respectueuse, civilisée avec les États-Unis".

Dans ce sens, "les candidats démocrates à la présidence semblent tous pencher, du moins publiquement, en faveur d'une reprise de la politique initiée par le gouvernement de Barack Obama, et cela peut être un signe d'espoir", souligne-t-il.

AFP/VNA/CVN

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