Débat houleux au Congrès sur l'acte d'accusation de Trump

Dans un long débat acrimonieux, une commission parlementaire américaine mettait jeudi soir 12 décembre une touche finale à l'acte d'accusation de Donald Trump, avant un vote historique, attendu mercredi 18 décembre, devant le renvoyer à son procès en destitution au Sénat.

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Donald Trump, le 12 décembre à Washington.
Donald Trump, le 12 décembre à Washington.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les élus de la commission judiciaire de la Chambre des représentants se sont violemment affrontés verbalement autour des deux chefs d'inculpation retenus par les démocrates contre le président : "Abus de pouvoir" et "entrave à la bonne marche du Congrès".

Lors d'un débat qui semblait parti pour se prolonger jusque tard dans la soirée, les républicains ont dénoncé une "farce", une "mascarade" ou encore un "coup monté". "C'est prémédité, vous essayez de mettre le président en accusation depuis son élection !", a lancé l'élue Debbie Lesko.

Face à ce feu nourri, le chef démocrate de la commission, Jerry Nadler, a imploré ses collègues républicains de "ne pas justifier un comportement" présidentiel dont ils savent "au fond de leur cœur qu'il est mauvais".

Comme chaque camp reste soudé, Donald Trump est quasi assuré d'être mis en accusation à la chambre basse, où les démocrates disposent d'une majorité confortable, puis acquitté au Sénat, contrôlé par les républicains.

Le vote à la Chambre devrait avoir lieu mercredi 11 décembre, ont indiqué plusieurs médias américains tout en soulignant que ce calendrier pouvait changer.

Même s'il a de grandes chances d'échapper à une destitution, sans doute dès janvier, sa mise en accusation au Congrès entachera le bilan de Donald Trump et ternira sa campagne de réélection.

Avant lui, seuls deux présidents américains, Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998, ont vécu une telle épreuve. Mis en cause dans le scandale d'espionnage politique du "Watergate", le républicain Richard Nixon avait démissionné en 1974 pour éviter cet "impeachment".

"Dictateur"

Donald Trump est dans la tourmente pour avoir demandé à l'Ukraine d'enquêter sur le démocrate Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020, et sur les affaires de son fils Hunter dans ce pays.

Or, une aide militaire cruciale pour Kiev, en conflit armé avec la Russie, avait été bloquée quelques jours avant cet appel, sans explication.

De ces faits incontestés, démocrates et républicains tirent des conclusions aux antipodes.

Pour les premiers, Donald Trump a commis un "abus de pouvoir" à des fins personnelles, mettant en jeu l'intégrité des élections et la sécurité des États-Unis.

Les démocrates lui reprochent aussi d'avoir "entravé" le travail du Congrès en refusant de participer à leur enquête.

Jugeant la procédure "inconstitutionnelle", la Maison Blanche a en effet interdit à des conseillers du président de témoigner ou de fournir des documents réclamés par la Chambre.

"Personne n'est au-dessus des lois", a martelé jeudi 12 décembre la chef des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi. "Aucun président n'est censé être un dictateur aux États-Unis", a renchéri Jerry Nadler.

"Infamie"

Donald Trump et ses partisans jurent de leur côté qu'il n'y a eu "aucune pression" exercée sur l'Ukraine et que les demandes d'enquête étaient légitimes pour lutter contre des soupçons de "corruption".

Selon eux, Hunter Biden a été employé par le groupe gazier ukrainien Burisma uniquement parce que son père était à l'époque vice-président des États-Unis.

Fidèle à cette ligne de défense, l'élu républicain Matt Gaetz a proposé jeudi 12 décembre d'amender l'acte d'accusation pour introduire une référence à "l'embauche corrompue d'Hunter Biden" par Burisma, avant de disserter sur les problèmes d'addiction de ce dernier.

Son texte, comme d'autres amendements républicains, a été rejeté.

Ces manœuvres procédurales se sont accompagnées de déclarations grandiloquentes. Ce jour restera marqué du sceau de "l'infamie", a ainsi tonné le républicain Louie Gohmert, le démocrate Hank Johnson en appelant à "la conscience" de ses rivaux.

Ces échanges n'ont pas échappé à Donald Trump, qui a tweeté ou retweeté des dizaines de messages sur la procédure de destitution.

Une fois le texte finalisé, la commission judiciaire passera au vote. L'acte d'accusation sera ensuite transmis en vue de son adoption en séance plénière à la Chambre.

L'impact de cette procédure sur l'opinion est incertain : selon la moyenne des sondages établie par le site FiveThirtyEight, 47,3% des Américains soutiennent une destitution de Donald Trump et 45,9% sont contre.

AFP/VNA/CVN

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