>>Débat houleux au Congrès sur l'acte d'accusation de Trump
>>Irréconciliables, républicains et démocrates débattent de la destitution de Trump
Le président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, Jerry Nadler, parle à la presse après un vote préliminaire sur les articles de mise en accusation de Donald Trump le 13 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Deux mois et demi après l'explosion du "scandale ukrainien", la commission judiciaire de la Chambre des représentants a adopté, en suivant des lignes strictement partisanes, les chefs d'"abus de pouvoir" et d'"entrave à la bonne marche du Congrès" contre le président.
Décrivant "un jour solennel et triste", le chef démocrate de la commission Jerry Nadler a promis que la Chambre allait désormais agir "au plus vite". Selon les médias américains, elle devrait se prononcer sur le texte en séance plénière mercredi 11 décembre.
Compte tenu de la majorité démocrate dans cette enceinte, Donald Trump devrait devenir le troisième président de l'Histoire des États-Unis mis en accusation au Congrès ("impeachment") après Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998.
Comme eux, il devrait toutefois échapper à une destitution, le Sénat, chargé de le juger, étant contrôlé par les républicains qui font bloc autour de leur président.
Ce vote est "une honte pour notre pays", mais "on dirait que c'est une bonne chose pour moi", a réagi Donald Trump, en assurant que sa cote de popularité "crevait le plafond".
Le président américain Donald Trump à la Maison Blanche le 12 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Si cet "impeachment" menace de laisser une marque indélébile sur le bilan du 45e président des États-Unis, Donald Trump jouit toujours d'un large soutien dans les rangs républicains, et l'impact de cette procédure sur sa campagne de réélection est incertain.
Quelque 47,3% des Américains soutiennent sa destitution et 45,9% sont contre, selon la moyenne des sondages établie par le site FiveThirtyEight.
Comme pour montrer qu'il restait concentré sur les affaires du pays, Donald Trump a tweeté - au moment même du vote en commission - sur le "fantastique accord" commercial tout juste conclu entre les États-Unis et la Chine.
Pression
Les démocrates reprochent au président républicain d'avoir demandé à l'Ukraine d'enquêter sur son rival politique Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020, et dont le fils travaillait pour une entreprise ukrainienne alors qu'il était vice-président.
Selon eux, il a abusé de sa fonction pour faire pression sur Kiev, notamment en gelant une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit armé avec la Russie.
L'opposition démocrate lui reproche aussi d'avoir refusé de collaborer à l'enquête du Congrès, en interdisant notamment à plusieurs de ses conseillers de témoigner devant les élus.
"Le président a risqué notre sécurité nationale, mis en danger l'équité et l'honnêteté de notre prochaine élection et a essayé de dissimuler la vérité au Congrès", a estimé Jerry Nadler.
Donald Trump et ses partisans dénoncent une "mascarade", une "farce" ou encore "un coup monté".
Ils jurent qu'il n'y a eu "aucune pression" exercée sur l'Ukraine et que les demandes d'enquête étaient légitimes pour lutter contre des soupçons de "corruption" liés aux affaires du fils de Joe Biden, Hunter, dans ce pays.
Pour eux, la procédure de destitution est motivée par l'aversion des démocrates pour un président au style peu conventionnel, et par leur peur de perdre de nouveau contre lui en 2020.
"Nous, le peuple"
Ces divergences se sont exprimées bruyamment depuis septembre dans les médias et ont trouvé un nouvel écho lors des débats au sein de la commission judiciaire.
L'examen de l'acte d'accusation de Donald Trump, qui a duré une quinzaine d'heures mercredi 11 et jeudi 12 décembre, a fourni aux élus l'occasion de s'affronter sans retenue.
Mais vendredi 13 décembre, il n'a fallu qu'une dizaine de minutes pour que la commission se prononce.
L'élue démocrate Pramila Jayapal a brandi une copie de la Constitution en exprimant son choix. "C'est un vote pour la Constitution et pour +nous, le peuple+", a-t-elle expliqué ensuite, en référence aux premiers mots de la loi fondamentale.
Les démocrates "abusent de leurs pouvoirs" et "essaient de mettre la démocratie à genou", a rétorqué son confrère républicain Kevin McCarthy. "C'est une parodie et ça divise l'Amérique", a renchéri sa consœur Debbie Lesko.
Le ton a peu de chances de s'apaiser avant le procès au Sénat, dont le déroulé n'est pas encore connu. Les leaders républicains semblent favorables à aller au plus vite mais Donald Trump pourrait être tenté de se servir de ce procès comme d'une tribune politique.
"Je peux faire court ou long", a déclaré Donald Trump vendredi 13 décembre, avant d'ajouter qu'il ne "serait pas contre une procédure longue" qui lui permettrait de convoquer des témoins.