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Un enfant tient une pancarte figurant une sardine lors d'une manifestation antifascite à Rome, le 14 décembre. |
Selon les organisateurs, "l'idée était de remplir la place (...) et l'objectif semble atteint", alors que 100.000 personnes s'étaient inscrites sur Facebook pour y participer. Des sources de la préfecture de police citées par l'agence AGI évoquent le chiffre de 35.000 personnes venues manifester sur une des plus grandes places de Rome, devant la basilique Saint-Jean de Latran.
"Ca me semble une excellente initiative, elle parle de valeurs que je partage: antifascisme, antiracisme, respect de la Constitution et des minorité. Je me sens comme une gamine", raconte à l'AFP-TV une manifestante qui ne l'est plus.
"Je suis là car je veux les écouter, je veux comprendre leur message. Ce qui me plaît c'est qu'ils sont jeunes, le futur appartient aux jeunes. Ils apportent à mon avis de belles nouveautés concernant l'environnement, le partage du territoire avec des personnes venant de l'étranger. C'est un mouvement qui dialogue avec tous, pas seulement avec la gauche", assure pour sa part Lamberto Damiani, 60 ans, venu de Terni (Centre).
Le mouvement des "sardines" est né il y a un mois à Bologne quand une manifestation organisée par quatre inconnus a rassemblé de façon surprenante 15.000 personnes pour dénoncer le discours "de haine et de division" de Matteo Salvini, ex-numéro deux du gouvernement et chef de la Ligue (extrême droite).
Depuis, des dizaines de manifestations, rythmées par le chant des résistants Bella Ciao, ont rassemblé au total 300.000 personnes, à Milan, Florence, Naples ou encore Palerme.
"Ces sardines sont certainement dans le camp de la gauche. Tout le monde n'a pas envie d'insulter, de propager la haine. Je suis venu pour témoigner, autrement j'aurais honte d'être Italien", explique Roberto Piperno, un retraité.
"Ils n'ont pas un discours politique très articulé et c'est bien comme ça, les discours politiques trop articulés divisent les gens", ajoute-t-il.
"Les sardines n'existent pas"
Manifestation antifascite des "sardines", le 14 décembre à Rome. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous courons un risque, croire que les sardines soient la solution à tous les maux. Mais les sardines n'existent pas, ce sont des personnes qui remplissent l'espace public avec leurs idées et voient un ennemi, la pensée unique simplifiée du populisme", a lancé à la foule Mattia Santori, l'un des fondateurs de ce mouvement.
Les sardines ont également présenté leurs exigences au monde politique, notamment que "les ministres communiquent uniquement à travers les moyens institutionnels", une allusion transparente aux fréquentes transmissions en direct de Matteo Salvini sur Facebook.
Le mouvement demande aussi que "la violence verbale soit considérée comme la violence physique" par les législateurs, a ajouté Mattia Santori.
Samedi 14 décembre à Rome, la foule a chanté de nouveau avec un bel entrain aussi bien Bella Ciao, le plus célèbre chant des partisans italiens antifascistes, que l'hymne national, et écouté avec ferveur la lecture de morceaux choisis de la Constitution.
Mattia Santori, l'un des fondateurs du mouvement antifasciste des "sardines", s'exprime lors d'une manifestation à Rome, le 14 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les sardines, jeunes et du troisième âge, venues à pied, en vélo et même en fauteuil roulant, rivalisaient d'imagination pour se distinguer dans la foule : qui portait une gigantesque sardine colorée de papier, qui une "brochette" de sardines, qui une méduse ...
L'idée est de "faire émerger une nouvelle énergie à travers une forme bien plus libre et spontanée" qu'un parti, en se dotant d'une organisation "qui ne sera pas hiérarchique" mais fixera de "grandes orientations", avait souligné la veille Mattia Santori, 32 ans, chercheur en économie et coach sportif bénévole dans des associations.
Le mouvement attire la sympathie de tous les partis, sauf de l'extrême droite naturellement.
"Nous ferons notre possible pour mettre en œuvre vos propositions", a écrit Nicola Zingaretti, le secrétaire du Parti démocrate (centre-gauche) au pouvoir avec le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), dont fait partie Virginia Raggi, la maire de Rome, qui a remercié les sardines "pour l'énergie apportée dans notre ville".
Prochaine destination des sardines : les petites villes et "territoires fragiles", susceptible de céder aux sirènes "des idées simplistes et du populisme".
AFP/VNA/CVN