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Des gaz lacrymogènes sont tirés par la police anti-émeute libanaise pour disperser des manifestants, à Beyrouth le 14 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Déjà dans l'après-midi, la police anti-émeute avait tiré des gaz lacrymogènes dans le centre de la capitale pour disperser des dizaines de jeunes, cette fois hostiles au mouvement de contestation, qui ont lancé des pierres et des pétards sur les forces de sécurité, d'après un photographe de l'AFP.
Ces dernières semaines, les accrochages se sont multipliés lors des manifestations de la contestation, qui accuse la classe politique de corruption et d'incompétence depuis le 17 octobre.
Samedi soir 14 décembre, les heurts ont éclaté à l'entrée d'une avenue menant au Parlement et bloquée par les forces de sécurité.
Les manifestants, qui réclament un gouvernement de technocrates et d'indépendants, ont scandé des slogans dénonçant les politiciens, notamment le chef du Parlement Nabih Berri ou le chef du gouvernement démissionnaire Saad Hariri, deux jours avant les consultations parlementaires devant permettre de nommer un nouveau Premier ministre.
Les protestataires ont tenté de forcer le barrage à l'entrée de l'avenue, mais la police a chargé pour les éloigner, avant de tirer des gaz lacrymogènes et de frapper à coups de matraque certains d'entre eux, selon des images retransmises en direct par la chaîne de télévision locale LBC.
Les accrochages se sont poursuivis sur la place des Martyrs, épicentre de la contestation, puis sur un pont du centre-ville, selon un photographe de l'AFP, qui a rapporté des tirs de balles en caoutchouc des forces de sécurité et des jets de pierre des manifestants.
Des contestataires ont été blessés par des coups de matraque et d'autres se sont évanouis à cause de l'intensité du gaz, selon cette source. Des membres des forces de sécurité ont également été blessés.
"Colère incontrôlable"
La Croix-Rouge libanaise a annoncé sur Twitter avoir transporté dix blessés vers des hôpitaux et soigné 33 personnes sur place.
Il y a des cas d'évanouissement, des blessés souffrant de difficultés respiratoires et d'autres touchés par des jets de pierres, a précisé la Croix-Rouge dans un message. Les blessés sont des civils mais aussi des membres des forces de sécurité, selon la même source.
La défense civile libanaise a aussi transporté dix blessés vers des hôpitaux, mais n'a pas précisé s'il s'agissait de civils ou de membres des forces de sécurité.
Cette semaine, l'armée et la police ont déjà eu recours à la force à plusieurs reprises pour disperser des contestataires.
Plus tôt samedi 14 décembre, des jeunes hostiles à la contestation, venus d'un quartier central de Beyrouth considéré comme un bastion des partis chiites Hezbollah et Amal, ont tenté d'investir des tentes de manifestants aux abords de la place des Martyrs.
C'est sous ces tentes, relativement vides lorsqu'ils sont arrivés, que sont habituellement organisés des débats.
La police anti-émeute est intervenue pour repousser les jeunes, qui ont lancé des pierres et de gros pétards sur les forces de l'ordre. La police a répliqué en tirant des gaz lacrymogènes, selon un photographe de l'AFP.
Des incidents similaires ont eu lieu ces dernières semaines, incitant vendredi le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah à lancer un appel au calme à ses partisans.
"Oui, dans certains cas la colère et l'emportement étaient incontrôlables", a-t-il reconnu dans une allocution télévisée, soulignant que ces débordements ont été rapidement circonscrits.
"Nous sommes tous d'accord qu'il faut préserver le calme. On ne doit pas se laisser entraîner vers des tensions", a-t-il ajouté. "Ce n'est ni dans l'intérêt du pays, ni dans notre intérêt".
Sous la pression de la rue, le Premier ministre Saad Hariri a démissionné le 29 octobre. Les principaux partis du pays n'ont pas réussi à s'entendre sur un successeur et la formation du nouveau cabinet pourrait s'éterniser, dans un pays au bord de l'effondrement économique.
AFP/VNA/CVN