>>L'ONU vise toujours juillet pour reprendre les tractations
Le chancelier de l'Echiquier britannique Philip Hammond (gauche) en discussions avec le vice-Premier ministre chinois Ma Kai durant leur rencontre à Pékin le 22 juillet 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Face aux répercussions de la décision du Royaume-Uni de sortir de l'Union européenne, il ne faudra pas se reposer uniquement sur les efforts de relance de Pékin, a souligné le Premier ministre chinois Li Keqiang, plaidant pour "davantage de coordination" des politiques des grandes économies du globe. Et ce même si la deuxième puissance économique mondiale demeure, en dépit d'un vif ralentissement, un moteur essentiel de la croissance planétaire.
"Il est impossible de porter le fardeau du monde entier sur nos épaules", a martelé Li à l'issue d'une réunion à Pékin, avant une rencontre les 23 et 24 juillet à Chengdu (Sud-Ouest de la Chine) des ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des puissances du G20.
Absent de l'agenda officiel, le Brexit sera dans tous les esprits ; fraîchement nommé, le chancelier de l'Echiquier Philip Hammond, responsable de l'économie britannique, sera présent.
En l'absence de prise de position formelle, les responsables réunis à Chengdu s'efforceront d'envoyer "un signal de stabilité et de fiabilité" pour rassurer marchés et investisseurs, selon une source ministérielle allemande.
Pour autant, "ce n'est pas un "G20 Brexit", ce n'est pas l'unique sujet", s'est agacé le ministre français des Finances Michel Sapin. Les conséquences sont encore "impossibles" à évaluer et "grossir de manière inopportune et irrationnelle le Brexit serait une erreur", a-t-il affirmé à l'AFP. "L'incertitude est dommageable économiquement", a-t-il néanmoins reconnu, appelant Londres à notifier son retrait de l'UE "le plus rapidement possible".
Durs lendemains post-Brexit
Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit de difficiles lendemains dans l'après-Brexit, ce qui l'a poussé à abaisser le 19 juillet ses prévisions de croissance pour l'économie mondiale, à 3,1% en 2016 et 3,4% en 2017, une inquiétante stagnation.
"Un échec à clarifier les futures relations entre la Grande-Bretagne et l'UE intensifierait les incertitudes, pesant sur la confiance" générale, avertissait le FMI dans un mémo vendredi 22 juillet. De façon plus générale, les grands argentiers du G20, dans la moiteur estivale de la capitale du Sichuan, se pencheront sur une reprise économique mondiale toujours inégale et cahotante.
Les grandes banques centrales se démènent pour soutenir l'activité, à coup de montagnes de liquidités et d'abaissements des taux d'intérêt, mais "la politique monétaire ne peut pas tout", observe Michel Sapin. Il faut que "les pays qui ont des marges budgétaires les utilisent, notamment pour soutenir l'investissement (...) C'est ce que nous réaffirmerons même si ça pose problème à certains pays", ajoute-t-il, visant l'orthodoxie allemande.
Berlin, en effet, devrait camper sur son credo des uniques "réformes structurelles", après avoir dénoncé des relances budgétaires "inefficaces" et politiques monétaires "contreproductives".
Douloureuse transition chinoise
Le FMI s'est également alarmé d'une conjoncture chinoise précaire : "Si elle n'est pas gérée correctement", la transition douloureuse de la Chine vers un modèle de croissance plus durable "accroîtra la volatilité" mondiale. Pékin vise un rééquilibrage vers la consommation intérieure, l'innovation et les services, au détriment d'industries lourdes obsolètes, endettées et plombées par de colossales surcapacités.
Mais "l'utilisation continue du crédit pour soutenir l'activité (via des dépenses d'infrastructures et prêts aux entreprises publiques, NDLR) augmente le risque d'un ajustement désordonné", selon le Fonds. La dette nationale chinoise dépasse désormais 250% du PIB. Un précédent G20-Finances, en février à Shanghai, avait déjà été dominé par les inquiétudes sur le ralentissement économique chinois et par la dépréciation accélérée du yuan, perçue comme une stratégie pour doper les exportations du pays.
Depuis, la Chine a voulu rassurer, musclant ses mesures de relance, avec pour effet une stabilisation de sa croissance au deuxième trimestre, tout en modérant ses interventions sur le marché des changes. "Vu les fluctuations résultant du Brexit, la Chine va intensifier les réformes de son système de changes" pour le mettre en phase "avec le marché", a affirmé Li Keqiang le 22 juillet. "Nous n'engagerons aucune guerre commerciale ou guerre de devises", a-t-il ajouté.
Pas certain que cela suffise à convaincre à l'heure où Pékin est impliqué dans de vifs différends commerciaux avec l'UE, qui l'accuse notamment de dumping et de taxes excessives destinées à restreindre ses exportations de matières premières.
AFP/VNA/CVN