Le "Dubaï Shopping Festival" frappé à son tour par la crise

Vêtu avec élégance et arborant le sourire propre aux vendeurs, Ahmad tient un rayon de cosmétique dans un grand centre commercial de Dubaï, mais malgré les énormes rabais proposés, la plupart des gens se contentent de jeter un coup d'oeil rapide sans s'arrêter.

Comme nombre de ses collègues dans cet émirat du Golfe longtemps symbole de consommation à outrance, Ahmad estime que le "Dubai Shopping Festival" (DSF) -de super-soldes annuelles d'un mois marquées par des loteries offrant voitures de luxe, appartements et même de l'or- n'est plus le même cette année en raison de la crise financière mondiale.

"Durant le festival de l'an dernier, les clients achetaient des coffrets contenant parfums, gel-douche, lotions corporelles et autres crèmes. Cette année, on serait content s'ils achetaient juste un parfum", dit Ahmed d'un air désabusé en ajustant sa cravate.

Même à Dubaï, l'un des 7 membres de la fédération des Émirats arabes unis et un centre régional pour les affaires et le tourisme qui a connu un essor phénoménal ces 6 dernières années, la crise financière a réduit l'appétit des consommateurs.

Au fil des ans, le DSF, véritable baromètre de l'économie de Dubaï, a attiré des millions de touristes, mais aussi les résidents étrangers de cette ville-émirat, attirés par l'absence d'impôts et la pléthore de luxueux centres commerciaux.

Le DSF "représente 25% des ventes annuelles de certains magasins, mais cette année (...) les commerçants n'égaleront pas les records des années précédentes", déclare Trevor Lloyd-Jones, directeur de la publication spécialisée "Business Intelligence Middle East".

Interrogés par l'AFP, des commerçants ont fait état d'une baisse à la fois de l'affluence, des dépenses par client et du nombre de touristes, certains faisant état d'une chute de leurs ventes de 20% à 50% par rapport au DSF de l'an dernier. "Les consommateurs dépensent moins, mais intelligemment", affirme la directrice générale du DSF, Laïla Suhail.

Dubaï, où les étrangers représentent plus de 80% d'une population estimée à quelque 2 millions d'habitants, s'est d'abord cru à l'abri de la crise. Mais la ville est maintenant confrontée elle aussi à des licenciements, notamment dans les secteurs financier et de la construction, à une dégringolade de sa Bourse et à la perspective d'un fort ralentissement de sa croissance, qui frôlait les 10% ces dernières années.

Bien que Dubaï n'ait plus guère de pétrole, les hydrocarbures restent la première source de revenus des Émirats, qui sont le cinquième exportateur mondial de brut, et la chute des cours a affecté la confiance dans tout le pays.

Lors d'un récent weekend au "Mall of the Emirates", la plupart des gens ne portaient guère à la main qu'un sac ou 2, poussaient des chariots à moitié vides ou faisaient simplement du lèche-vitrines.

Pas de bousculade non plus devant les cabines d'essayage ou les caisses, malgré des panneaux annonçant des rabais allant jusqu'à 70%.

Selon des commerçants, la chute de leur chiffre affaires s'explique aussi par une baisse du nombre de touristes, dont les dépenses sont une source cruciale de revenus à Dubaï, destination touristique très prisée grâce au soleil présent toute l'année, aux plages et luxueux hôtels.

Pourtant, les hôtels ont réduit leurs prix, parfois de 40% à 50%, pour enrayer la chute de leur taux d'occupation.

AFP/VNA/CVN

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