Le docteur Alexandre Yersin et ses empreintes au Vietnam

Cette année est significative pour évoquer un Français d’origine suisse dont la vie est étroitement liée au Vietnam. Il s’agit d’Alexandre Yersin, le docteur qui a choisi la ville de Nha Trang pour mener une vie remarquable et laisser une empreinte indélébile dans le domaine médical.

>> Le 159e anniversaire du docteur Alexandre Yersin célébré

>> Adjonction du lieu de travail d'Alexandre Yersin au complexe des vestiges historiques nationaux

>> La Serpollet du docteur Alexandre Yersin par Nicolas Leymonerie

Le docteur Alexandre Yersin.
 Photo : Archives/CVN

L’illustre savant Alexandre Émile Jean Yersin est né le 22 septembre 1863. Cette année marque le 160e anniversaire de sa naissance et le 80e de sa mort (1er mars 1943). Il mena une vie aux multiples facettes, à la fois médecin, scientifique, explorateur, éleveur, botaniste, physicien…

Alexandre Yersin est surtout connu pour avoir découvert le bacille de la peste (Yersinia pestis), qui fut une avancée considérable dans l’élaboration d’un vaccin, et annihilé cette effroyable épidémie. Sa curiosité et son imagination sont à la hauteur de son talent immense. Alexandre Yersin a vécu plus de la moitié de sa vie au Vietnam, son pays de cœur et d’adoption”, a cité un article publié sur le site Horizon Vietnam Travel.

Un jeune français épris de Nha Trang

Issu de Lavaux, canton de Vaud, en Suisse, Alexandre Yersin poursuit de 1885 à 1886 ses études à Paris où il fait la rencontre décisive du bactériologiste français Émile Roux qui le fait entrer dans le laboratoire de Louis Pasteur. En 1888, à 25 ans, Alexandre Yersin devient médecin à Paris avec sa thèse de doctorat “Études sur le développement du tubercule expérimental”, dont le bacille responsable portera le nom de type Yersin. Sa thèse lui vaut la médaille de bronze de la Faculté de médecine de Paris.

L'institut Pasteur à Nha Trang, province de Khanh Hoa (Centre). 
Photo : CTV/CVN

En 1889, il prend la nationalité française. À Paris, un avenir radieux s’ouvre pour ce jeune homme. Mais, en plus d’une passion pour les découvertes médicales, Yersin a également le désir d’explorer la nature. En 1890, lassé des laboratoires, il s’inscrit aux Messageries maritimes pour explorer l’Indochine. Pour rappel, Les Messageries maritimes, fortes d’une flotte de navires à vapeur, sont une compagnie française spécialisée dans ce service postal, tout en effectuant un transport commercial de passagers et de marchandises non seulement en Méditerranée, mais aussi dans l’Atlantique Sud, l’océan Indien oriental et en Extrême-Orient.

Ainsi, le Français de 27 ans fait un long voyage de plusieurs mois et est affecté à la ligne Saigon (aujourd’hui Hô Chi Minh-Ville) - Manille comme médecin de bord sur le bateau Volga. Il est ensuite muté sur la nouvelle ligne de Hai Phòng à bord du Saigon, un modeste cargo assurant la ligne Saigon - Hai Phòng qui passe régulièrement devant Nha Trang, province de Khanh Hoa (Centre). Et à force de passer devant ce site, Yersin obtient de descendre à terre et il est envoûté par la végétation de l’arrière-pays. C’est son coup de cœur pour cette station balnéaire où il décide de poser ses valises.

Dans le musée Alexandre Yersin à Nha Trang, province de Khanh Hoa (Centre). 
Photo : CTV/CVN

En 1892, il quitte donc Saigon pour s’installer à Nha Trang où il ouvre un modeste cabinet et devient le premier docteur occidental de la région. Il donne des consultations payantes pour ceux qui le peuvent et soigne gratuitement les pauvres. Les habitants locaux l’appellent affectueusement Ông Nam (Monsieur Nam).

À Nha Trang, il parcourt à pied des centaines de kilomètres dans les collines et séjourne dans les villages alentours. Explorateur reconnu officiellement et soutenu par le gouverneur général de l’Indochine, il étudie sur son passage le tracé de nouvelles voies pour le commerce, signale des lieux propices à l’élevage… Durant ces explorations, il découvre le plateau du Lang Bian où s’élèvera plus tard la fameuse ville de Dà Lat, province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre).

Après bien des aventures, en juin 1894, un télégramme du gouvernement français et de l’institut Pasteur lui demande de se rendre au plus vite à Hong Kong (Chine), placé à l’époque sous l’autorité britannique, pour y étudier la peste. Yersin referme son carnet d’explorateur et retrouve la jubilation des éprouvettes et reconnaît le premier le microbe de la peste. À 31 ans, il est le premier homme à observer le bacille de la peste comme Pasteur l’avait été pour celui du choléra.

Un timbre émis par la Poste vietnamienne à l'occasion du 150e anniversaire de la naissance d'Alexandre Yersin, en 2013.  
Photo : CTV/CVN

De retour à Nha Trang, il entreprend l’installation d’un petit centre d’étude des épizooties (devenu Institut Pasteur de Nha Trang en 1905). Malgré plusieurs missions à suivre à Madagascar, en Chine et en Inde, Nha Trang reste toujours une terre qu’il ne veut plus quitter. Son centre d’étude des épizooties bénéficie du soutien du gouverneur général de l’Indochine, Paul Doumer, pour s’agrandir. Son laboratoire prend une ampleur considérable avec des centaines d’animaux, buffles, chevaux, vaches, moutons, chèvres...

Création de l’École de médecine de l’Indochine

Entre 1902 et 1904, Alexandre Yersin reçoit une requête de Paul Doumer de monter l’École de médecine de l’Indochine à Hanoï et devient le premier recteur de l’une des premières universités d’éducation occidentale au Vietnam (ultérieurement l’Université de médecine de Hanoï). En 1904, le docteur français est nommé mandataire en Indochine de l’Institut Pasteur de Paris et directeur des Instituts Pasteur à Nha Trang et Saigon.

En 1915, Alexandre Yersin introduit l’hévéa brésilien au Vietnam, le multiplie dans la ferme agricole de Suôi Dâu, et transfère aux habitants locaux les techniques de culture, d’exploitation et de transformation, contribuant au développement prospère des plantations dans les localités du Centre comme Binh Thuân et Ninh Thuân.

La maison d’Alexandre Yersin à Hòn Bà, province de Khanh Hoa (Centre).
Photo : CTV/CVN

Alexandre Yersin ouvre aussi une nouvelle station agricole à Hòn Bà, situé non loin de Nha Trang, et effectue des premiers essais d’acclimatation des cinchonas pour produire la quinine au service du traitement du paludisme. Après la dernière rentrée en France en 1940, Alexandre Yersin retourne à Nha Trang et poursuit sa vie heureuse. Il s’y éteint le 1er mars 1943 à l’âge de 80 ans. Conformément à son souhait, on l’a placé dans sa tombe allongée sur le ventre, la tête face à la mer pour qu’il embrasse à jamais sa terre bien-aimée Nha Trang.

Alexandre Yersin fut un brillant exemple de passion pour la science, la recherche et la découverte de nouvelles terres. Les Vietnamiens l’admirent encore et ont donné des noms de rues à Nha Trang et à Hanoï. En 2013, pour son immense contribution dans de nombreux domaines, le gouvernement vietnamien lui a même décerné le titre de “Citoyen d’honneur du Vietnam”.

Le 22 mars 2023, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a décidé d’ajouter la maison d’Alexandre Yersin à Hòn Bà, commune de Suôi Cát, district de Cam Lâm, province de Khánh Hoà, à l’ensemble de sites historiques nationaux liés à ce docteur français.

Synthèse par Linh Thao/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top