>> Nguyên Thi Vân, une femme inspirante
>> Tô Đình Khánh : “Je veux devenir le Nick Vujicic vietnamien”
>> Hô Kêt, un handicapé courageux
Nguyên Minh Phú en train d’enfiler les anguilles avec ses pieds lors d’une émission télévisée. |
Photo : VTV/CVN |
Invité à une récente émission télévisée sur la chaîne VTV1 de la Télévision nationale, Nguyên Minh Phú a surpris les téléspectateurs en gagnant facilement ce pari : enfiler des aiguilles en quelques minutes avec ses pieds. Une technique qu’il a apprise dès l’âge de 5 ans pour aider sa mère dans la confection de vêtements.
À cette occasion, Phú a offert à sa mère une écharpe avec ces mots “Je t’aime maman !” brodés par lui-même, et remis à son père une chemise dont il avait recousu les boutons. Avec ces petits gestes, Phu a touché au cœur ses parents et les a rendus immensément fiers de leur fils.
Fils d’un soldat exposé à la dioxine
Nguyên Minh Phú, né en 1990, est le 3e enfant d’une famille paysanne de la commune de Tho Thành, district de Yên Thành, province de Nghê An (Centre). Il est né sans bras en raison des séquelles de l’agent orange/dioxine à laquelle son père Nguyên Quynh Lôc, un blessé de guerre, a été exposé.
D’après ce que raconte l’ancien combattant de 69 ans, pendant la guerre contre les Américains, il rejoint l’armée pour combattre sur le champ de bataille du Sud de 1972 à 1975, période où il est contaminé par les épandages massifs de défoliant de l’armée américaine. Après la réunification nationale en 1975, le jeune soldat s’inscrit dans la troupe des militaires volontaires vietnamiens pour partir en mission internationale au Cambodge.
Minh Phu (gauche) et ses parents lors d'une récente émission télévisée sur la chaîne VTV1 de la Télévision nationale. |
Photo : VTV/CVN |
Démobilisé de l’armée, Quynh Lôc retourne dans son village natal avec une invalidité de catégorie 4, la plus légère sur une échelle de quatre (perte de 40% de ses capacités de travail).
En 1987, le vétéran se marie avec Nguyên Thi Binh avec laquelle il a quatre enfants, tous plus ou moins touchés par les effets délétères de la dioxine. En particulier, leur fille aînée souffre de troubles mentaux, leur fils cadet de rachitisme, et Minh Phú, leur troisième fils, est né sans deux bras. Surmontant la douleur, le couple s’efforce de se débrouiller par tous les moyens possibles pour élever sa progéniture.
Aspiration ardente à aller à l’école
Bien conscient de la situation de sa famille, Minh Phú grandit avec la forte volonté de surmonter son handicap. À l’âge de 4-5 ans, Phu fréquente l’école maternelle près de chez lui pour regarder les amis de son âge chanter et danser. À l’âge de 6 ans, Minh Phú révèle son aspiration d’aller à l’école comme les autres enfants.
Minh Phu prouve que les personnes handicapées peuvent être complètement autonomes. |
Photo : VTC/CVN |
Comprenant le désir de son fils, M. Lôc décide de lui apprendre à écrire avec les pieds. Des cours à domicile avec le plancher comme tableau et des pièces de brique et de charbon de bois comme craies se tiennent chaque jour lorsque le père revient des champs. “Il y a des jours, en voyant Phú se débrouiller tout seul avec les orteils écorchés, j’ai failli pleurer, mon cœur était serré”, se souvient le père. Après trois ans de pratique acharnée, Phú a pu écrire et plus encore, son écriture est incroyablement belle.
À l’âge de 9 ans, Phú est admis en première année (cours préparatoire) de l’école primaire et commence son parcours scolaire. Pendant 12 années consécutives (du primaire au lycée), il a toujours été un élève studieux avec d’excellents résultats, et a décroché de nombreux prix. Il participait souvent aux concours d’excellents lycéens en anglais, au niveau du district et de la province.
En 2005, Phú est l’un des dix jeunes exemplaires élus par le Comité central de l’Union de la jeunesse communiste Hô Chi Minh. En 2006, il est élu au Présidium du Congrès de l’Association des victimes de l’agent orange/dioxine de la province de Nghê An. Pour l’année universitaire 2010-2011, Minh Phú est directement admis à deux universités sans devoir passer les examens d’entrée : la filière Technologies de l’information de l’Université des technologies de l’information (relevant de l’Université nationale de Hô Chi Minh-Ville) et la filière Management des affaires de l’Université internationale Hông Bàng.
Très habile avec ses pieds, Minh Phú s’est débrouillé tout seul durant ses années d’études à l’université. |
Photo : VTC/CVN |
Le fort soutien des parents
Durant les années d’études à l’université, son père décide de l’accompagner jusqu’à Hô Chi Minh-Ville. Alors que son fils est logé à l’internat de l’Université nationale, M. Lôc trouve un emploi comme agent de service dans cet internat, ce qui permet de le nourrir. Quant à sa femme, elle reste à Nghê An, mène les travaux champêtres et s’occupe des trois enfants restants, en surmontant maintes difficultés.
“Mon père et moi, en vivant loin de ma mère et mes frères et sœur, nous nous sentions très tristes. Je voyais mon père passer des nuits blanches avec la nostalgie de son village natal. Il se souciait de la santé de ma mère et se demandait souvent si quelqu’un viendrait l’aider pour la récolte du riz. L’amour et les sacrifices de mes parents sont incommensurables”. C’est le grand soutien des parents qui a donné une grande motivation à Minh Phú durant ses années d’études. “Ma phrase préférée est : +Ma réussite doit être plus rapide que le vieillissement de mes parents+”, confie-t-il.
Après avoir obtenu ses deux diplômes universitaires, Minh Phú occupe de nombreux emplois, connaissant des défis et des échecs. Encouragé et inspiré par sa mère à propos des habitudes alimentaires saines, Minh Phú trouve sa passion en devenant consultant nutritionnel.
“L’homme sans bras” a prouvé que les personnes handicapées peuvent être complètement autonomes. “Si la vie enlève la santé aux victimes de l’agent orange/dioxine, elle leur donne une force extraordinaire pour surmonter toutes les difficultés et devenir des exemples dans la vie quotidienne”, conclut-il.
Linh Thao/CVN