>> Un cuisinier italien choisit le Vietnam comme sa 2e patrie
>> Les étrangers sont "vietnamisés"
Chad Kubanoff lors du Festival du "pho" de Nam Dinh en 2022. |
Photo : NVCC/CVN |
Le chef américain décrit son voyage au Vietnam en 2008 comme une arrivée dans un tout autre monde. Tout était complètement différent de ce qu'il avait vécu auparavant, que ce soit en termes de transport, de mode de vie, de gastronomie ou de culture. "J'aime l'expérience de m'asseoir sur une petite chaise en plastique et de déguster des plats abordables à quelques milliers ou dizaines de milliers de dôngs dans les ruelles de Hô Chi Minh-Ville", se souvient Chad Kubanoff, âgé de 36 ans.
Le premier plat vietnamien qui a impressionné cet Américain était le bun bo (vermicelles au bœuf). Il a été séduit par sa saveur distinctive créée à partir d'ingrédients simples. La combinaison de vermicelle, d'un bouillon délicieux et de légumes aromatiques l'a totalement conquis.
En tant que cuisinier, Chad Kubanoff a essayé de connaitre les ingrédients de ce plat. Malheureusement, avec son vietnamien très limité, il n'a pas pu communiquer avec le propriétaire du restaurant pour obtenir la recette. Il a donc entrepris des recherches sur YouTube, scrutant différentes sources pour trouver les recettes de spécialités telles que le pho, le hu tiêu Nam Vang (soupe de nouilles à la façon de Nam Vang), et le banh xèo (crêpe vietnamienne). Plutôt que de faire un court séjour au Vietnam, il a choisi d’y rester plus longtemps.
Chad Kubanoff est ensuite devenu cuisinier dans un restaurant vietnamien qui servait principalement des clients étrangers. Il a mis en pratique tout ce qu'il avait observé et goûté pour créer ses propres recettes. Le banh xèo a été le premier plat vietnamien qu'il a préparé. Pour obtenir une crêpe fine et croustillante, il a visionné plusieurs fois des vidéos sur YouTube. Sa petite amie vietnamienne, Mme Thuy (aujourd'hui sa femme), l'a aidé à choisir les ingrédients.
Chad Kubanoff fait des achats au marché à Hô Chi Minh-Ville. |
Photo : NVCC/CVN |
Il a rencontré des échecs, notamment lorsqu'il a essayé de préparer le banh cuôn (raviolis en rouleau farcis à la viande hachée et aux champignons noirs cuits à la vapeur). Il avait du mal à bien enrouler la crêpe. Après des heures passées en cuisine, il a finalement réussi. Préparer une sauce de nuoc mam authentique a également été un défi. Il a expérimenté différentes quantités de sucre et de vinaigre pour obtenir la saveur parfaite.
Chad Kubanoff a considéré le bun bo Huê (vermicelles au bœuf à la manière de Huê) comme le plat le plus difficile à préparer. Bien qu'il ait consulté plusieurs chaînes YouTube consacrées à la gastronomie, il n'a pas réussi à reproduire le goût des restaurants. Après beaucoup d'efforts, il a finalement découvert quelques astuces. Par exemple, s'il devait ajouter de l'eau au bouillon, il devait absolument utiliser de l'eau chaude.
"Il peut sembler que la préparation des plats vietnamiens soit simple, mais elle nécessite des étapes minutieuses et l'utilisation précise des ingrédients à des moments spécifiques. C'est un véritable art", explique Chad Kubanoff.
Après avoir maîtrisé les recettes de certains plats difficiles, Chad a décidé de quitter son poste de cuisinier. Il a ensuite entrepris un voyage à travers tout le pays avec sa petite amie dans le but de déguster les spécialités culinaires du Vietnam. Il a consigné chaque saveur qu'il a goûtée, notant ses impressions dans un cahier ou sur son téléphone portable.
Lors d'une nuit de tempête, le couple a découvert un restaurant ouvert à Quang Ngai. Initialement, ils cherchaient simplement à apaiser leur faim, mais le mi Quang (nouilles Quang) servi dans ce restaurant les a surpris par sa grande qualité. De cette expérience, Chad a conclu que de bons restaurants sont présents partout au Vietnam, que ce soit sur les trottoirs ou dans des régions éloignées.
Après ce voyage, Chad a lancé une agence spécialisée dans l'organisation de tours gastronomiques en moto, permettant aux touristes de découvrir les meilleurs plats de rue dans tous les coins de Hô Chi Minh-Ville.
"Le Vietnam a changé à jamais mon style gastronomique"
Chad est en train de faire un plat vietnamien chez lui à Hô Chi Minh-Ville. Photo : NVCC/CVN |
En 2013, Chad et sa femme sont retournés aux États-Unis et ont ouvert un restaurant vietnamien. Cependant, les ingrédients nécessaires n'étaient pas toujours disponibles. Chad devait souvent faire de longs trajets pour se procurer des ingrédients typiquement vietnamiens, tels que le nuoc mam (sauce de poisson), le mam tôm (sauce de crevettes) et les herbes aromatiques. En cas de pénurie d'ingrédients, il retirait simplement le plat du menu. Il s'efforçait de préserver les saveurs authentiques du Vietnam.
Après dix ans passés aux États-Unis, Chad gardait toujours un profond attachement au Vietnam. En 2022, dès que la pandémie de COVID-19 a commencé à perdre en intensité, il a pris la décision de retourner dans ce pays. "Après deux ans de crise sanitaire, j'ai réalisé que la vie est constamment changeante et éphémère. C'était le moment propice pour revenir au Vietnam et mener la vie que j'aime", partage-t-il.
Actuellement, Chad travaille en tant que créateur de contenu gastronomique. Il se spécialise dans la critique des restaurants de rue et prépare lui-même des centaines de plats vietnamiens pour les présenter aux étrangers. Jusqu'à présent, il en a réussi 700. Il n'hésite pas à relever des défis complexes tels que la préparation du chao long (potage aux viscères de porc) et du tiêt canh (mélange de sang de porc congelé avec des viscères de porc hachées et des herbes aromatiques). Il s'est fixé comme objectif de découvrir les recettes du nuoc mam, du mam tôm, du tôm chua (crevettes fermentées de Huê) et du banh chung (gâteaux de riz gluant en forme carrée).
La cuisine vietnamienne a tellement fasciné Chad qu'il cherche à intégrer les saveurs vietnamiennes dans des plats étrangers. Par exemple, il a utilisé le nuoc mam dans une recette italienne. "Le Vietnam a irrémédiablement influencé mon style culinaire", souligne-t-il.
Grâce à son nouveau métier de créateur de contenu gastronomique, Chad a gagné le cœur des internautes, tant vietnamiens qu'étrangers, y compris les Viêt kiêu (Vietnamiens d'outre-mer). De nombreux spectateurs ont partagé que les vidéos de Chad suscitent en eux une nostalgie profonde. À travers ces vidéos, les jeunes Viêt kiêu, nés aux États-Unis, peuvent se reconnecter à la culture vietnamienne.
Actuellement, Chad s'efforce d'apprendre le vietnamien afin de mieux comprendre la vie quotidienne et les recettes locales. Il partage l'ambition de créer des vidéos en vietnamien dès qu'il maîtrisera cette langue.
Hai Hiên - Vân Anh/CVN