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Nguyên Thi Thu à côté des fleurs fabriquées à partir de papayes vertes. |
Née en 1973, Nguyên Thi Thu a grandi dans le Vieux quartier de Hanoï. Depuis plus de 30 ans, elle est amoureuse de l’art de fabrication de fleurs à partir de papayes. Au départ, c’était simplement un passe-temps, mais au fil du temps, sa passion s’est intensifiée. Il ne se passe pas un seul jour de l’année sans qu’elle ne consacre du temps à sculpter avec son petit couteau à lame longue les papayes vertes afin de créer des fleurs.
La Hanoïenne a appris cet art durant sa jeunesse. Elle a déjà essayé de créer des fleurs avec de la citrouille, du radis blanc, de la pastèque. Mais, ce qu’elle préfère comme matière, c’est la papaye verte.
"J’ai choisi ce fruit car il possède des caractéristiques qui rappellent la femme vietnamienne : résistance et ténacité. De plus, elle a une texture qui convient parfaitement. Lorsque j’étudiais à l’école +Nữ công tinh hoa+ (une école privée spécialisée dans l’apprentissage des métiers ménagers pour les femmes) située rue Bà Triêu, j’ai appris les techniques de base telles que la séparation et le pliage des pétales de fleurs. Passionnée, j’ai exploré différentes méthodes pour créer des fleurs avec une variété de couleurs. J’ai également appris par moi-même d’autres techniques afin de donner vie à mes fleurs, comme la création des veines sur les pétales en utilisant des cure-dents", confie-t-elle.
Une passion
Nguyên Thi Thu au travail. |
Pour créer une fleur à partir de papaye verte, Mme Thu suit plusieurs étapes : épluchage, incision des pétales, découpage, pliage et coloration. Avant de procéder à l’incision, elle coupe la papaye en deux et la trempe dans de l’eau froide pendant une heure pour enlever la sève. Ensuite, elle utilise des outils simples tels qu’un petit couteau à lame longue pour réaliser les incisions des pétales, des ciseaux pour donner forme aux pétales, des brochettes pour les plier et des cure-dents pour créer les veines.
L’étape la plus importante est celle du pliage des pétales, car c’est à ce moment crucial que les fleurs prennent toute leur beauté. À chaque étape, sous ses mains habiles, la papaye verte se métamorphose progressivement en une fleur très réaliste.
Cette femme quinquagénaire a créé de nombreuses variétés de fleurs telles que chrysanthèmes, lotus, roses, gerberas, pivoines, dahlias, ylang-ylang ou encore champaca. Cependant, ses préférences vont aux chrysanthèmes et aux lotus, car elle apprécie particulièrement leur beauté et leur portée symbolique.
"Pour créer de belles œuvres, j’ai d’abord besoin d’une papaye épaisse et allongée. En fonction du type de fleur que je souhaite réaliser, je choisis la taille du fruit. Pour les fleurs simples comme les roses, la fabrication me prend environ 20 minutes. Pour les orchidées, je n’ai besoin que de 5 à 10 minutes. En revanche, pour des fleurs plus complexes comme les chrysanthèmes, cela peut me prendre jusqu’à une heure, partage-t-elle. Pour conserver les fleurs, il est important d’éviter les courants d’air et l’exposition directe au soleil. De plus, je veille à les humidifier légèrement de temps en temps. Le soir, je les enveloppe dans un sac en cellophane et les place au réfrigérateur".
Des fleurs fabriquées à partir de papayes vertes. |
Destination au calme
Beaucoup de personnes sont captivées par la beauté des fleurs de Mme Thu, ce qui a suscité une demande croissante pour l’ouverture de cours de sculpture sur papaye. Au début, seules quelques personnes ont participé. Cependant, au fil du temps, la classe a attiré des centaines de personnes, principalement des femmes, âgées de 15 à 80 ans, avec une moyenne d’âge entre 30 et 40 ans. Bien qu’elle soit ravie de voir l’intérêt croissant pour cette profession, la Hanoïenne se retrouve dans l’obligation de refuser poliment certaines demandes, car elle ne peut pas accepter un trop grand nombre d’élèves dans sa classe, qui porte le nom de "Bình an" (Destination au calme).
"Il y a une dizaine d’années, j’ai rejoint un club de sculpture sur fruits et légumes. Je sortais souvent avec les membres pour aller dans des cafés afin de partager nos expériences. Je rêvais d’avoir un lieu dédié à l’apprentissage afin de ne pas avoir à me déplacer chaque semaine. J’ai donc décidé d’ouvrir des cours à mon domicile. Mon objectif est de créer un espace et un moment propices au calme, où les gens peuvent apprendre à fabriquer des fleurs. J’ai ainsi donné à ma classe le nom de +Bình an+", continue Mme Thu.
"J’ai une préférence particulière pour les lotus, mais malheureusement, ils ne fleurissent qu’en été. J’ai lu un article sur Mme Thu, la créatrice de fleur à partir de papaye avec un réalisme incroyable dans les moindres détails. Son travail m’a captivée. C’est pourquoi je l’ai contactée et rejoint sa classe depuis six mois. En apprenant à fabriquer des lotus comme elle, je pourrais admirer ces fleurs en toute saison, sans attendre l’été", raconte Pham Thi Thanh Huyên, apprenante de la classe "Bình an".
Nguyên Thi Thu (3e à droite) donne un cours de sculpture sur papaye. |
Elle souligne : "On pourrait penser que cet art est simple, il suffit d’apprendre à tailler les pétales. Mais ce n’est pas aussi simple que ça. Lorsque vous commencez à tailler les pétales avec la pointe du couteau, il est important de trouver la quiétude intérieure. Si vous n’êtes pas calme, vous ne pourrez pas tailler correctement. Il faut rester concentré car le moindre faux pas peut ruiner la forme de la fleur".
Chaque cours est composé de cinq sessions et chacune est allouée à l’apprentissage de la sculpture d’un type spécifique de fleur. À la fin de chaque session, les participants sont en mesure de maîtriser bien les techniques.
Parfois, lors de jours fériés et d’occasions spéciales comme la Fête de la mi-automne et Noël, Mme Thu organise des cours bénévoles afin de collecter des fonds pour soutenir des programmes destinés aux jeunes patients de l’Hôpital national de pédiatrie à Hanoï.mi-automne et Noël, Mme Thu organise des cours bénévoles afin de collecter des fonds pour soutenir des programmes destinés aux jeunes patients de l’Hôpital national de pédiatrie à Hanoï.
Avec ingéniosité et sophistication, Nguyên Thi Thu préserve et diffuse jour après jour cette forme d’art traditionnel aux femmes de Hanoï. Elle souhaite organiser une petite exposition avec ses élèves pour faire découvrir cet art au public de la capitale.
Texte et photos : Quê Anh/CVN