Le coronavirus a emporté 46.000 vies dont un nouveau-né

Le nouveau coronavirus poursuit jeudi 2 avril sa course cruelle à une vitesse "quasi exponentielle", ayant déjà fauché plus de 46.000 vies aux quatre coins du monde, dont celle d'un bébé de six semaines aux États-Unis.

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Un camion réfrigéré sert de morgue temporaire près d'un hôpital de Brooklyn, à New York, le 1er avril.

Plus de 900.000 cas de COVID-19 ont été recensés, dont 215.000 aux États-Unis où la maladie progresse le plus vite. Faute de capacité suffisante de dépistage, ces bilans sont très probablement bien en-dessous de la réalité.

Malgré des mesures de confinement qui concernent près d'un habitant de la planète sur deux, les bilans sont de plus en plus lourds : plus de 13.000 morts en Italie, 9.000 en Espagne, plus de 5.000 aux États-Unis, de 4.000 en France...

La mort d'un nouveau-né dans l'État du Connecticut, après le décès d'un bébé de neuf mois à Chicago et d'un adolescent de 13 ans au Royaume-Uni, a particulièrement frappé les esprits, les enfants étant jusqu'ici relativement épargnés. "C'est déchirant", a commenté Ned Lamont, gouverneur de cet État du Nord-Est.

"Profondément préoccupé", le secrétaire général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, n'a pu que constater la "croissance quasi exponentielle" du nombre de cas.

Le président américain Donald Trump a quant à lui appelé le pays à se "mettre en mouvement". La Maison Blanche a présenté ses projections : le COVID-19 devrait faire entre 100.000 et 240.000 morts aux États-Unis, appelés à devenir, après l'Europe, le nouvel épicentre de la pandémie.

En Europe, c'est l'Espagne qui a déploré les pertes les plus lourdes avec 864 nouveaux morts en 24 heures. Et le pays redoute de voir submergées les unités de soins intensifs qui travaillent déjà à la limite de leurs capacités.

Choisir entre l'économie et la santé

"Il n'y a pas suffisamment d'équipements de protection" et "le nombre de lits reste insuffisant", déplorait Guillén del Barrio, infirmier à Madrid, tout en notant un ralentissement des arrivées aux urgences de son hôpital.

Une tendance confirmée par les autorités. "Il semble que nous soyons déjà" au pic de la contagion, "que nous sommes en train de descendre", a estimé le directeur du Centre d'urgences sanitaires, le Dr Fernando Simon.

Le pays a enregistré en mars plus de 300.000 nouveaux demandeurs d'emploi, en raison de "l'impact extraordinaire" de la crise sanitaire, a annoncé le ministère espagnol du Travail.

En Italie aussi, où les hôpitaux craquent de toutes parts, le nombre des nouvelles infections continue de ralentir. Mais les médecins s'inquiètent des convalescents, qui quittent l'hôpital dès que leur vie n'est plus menacée, même s'ils sont encore contagieux.

"Dans une guerre comme celle-ci, on ne peut se permettre de s'exposer à l'apparition de nouveaux foyers de contagion qui risquent de transformer ces centres de convalescence en +bombes virales+ qui diffusent le virus", a mis en garde Raffaele Antonelli Incalzi, président de la Société de gériatrie italienne.

Le gouvernement italien est aussi sous pression pour lever les mesures de confinement, prolongé au moins jusqu'à la mi-avril, et relancer une économie au ralenti, alors que la pauvreté progresse et que le chômage de masse menace.

"C'est horrible d'avoir à choisir entre mettre l'économie en stand-by ou mettre en danger la vie de nombreuses personnes", observe l'expert américain Paul Romer, cité par le quotidien Il Fatto Quotidiano.

"Ni eau, ni toilettes"

Le gouvernement a besoin d'un "plan crédible pour mettre fin au confinement très rapidement, tout en garantissant la sécurité des salariés même si le virus est encore présent", ajoute le co-lauréat du Prix Nobel 2018 d'économie.

Faute de vaccin ou de traitement, pour freiner la propagation de la pandémie, le confinement reste le moyen de lutte le plus efficace et l'État américain de Floride, l'Érythrée ou la Sierra Leone s'y sont à leur tour ralliés mercredi 1er avril, tandis que l'Allemagne, l'Italie ou le Portugal en prolongeaient la durée.

Une femme est allée chercher de l'eau dans l'immense township sud-africain de Khayelitsha, près du Cap, le 31 mars.

Plus de 3,75 milliards de personnes (48% de la population mondiale) sont ainsi appelées à rester chez elles ou contraintes de le faire.

Ce n'est pas sans difficultés dans les zones les plus pauvres, comme dans l'immense township sud-africain de Khayelitsha, en lisière du Cap, où des centaines de milliers de personnes vivent dans un entrelacs de cabanes de bric et de broc.

"On n'a pas de toilettes. Alors on sort. On n'a pas d'eau. Alors on sort. On essaie de rester dans notre cahute mais ce n'est pas facile", témoigne Ndithini Tyhido.

Comportements irresponsables

Mais même dans les pays les plus développés, le confinement laisse certaines catégories de population en première ligne, comme les employés des supermarchés, coincés derrière leur caisse pendant plusieurs heures ou procédant au réassort des rayons au milieu des clients.

"Nous avons peur de ramener quelque chose chez nous", confie sous couvert d'anonymat Piera, la trentaine, caissière à temps partiel qui travaille depuis une dizaine d'années dans un supermarché de Novare, une ville à l'ouest de Milan où un vigile est mort du virus à 33 ans la semaine dernière.

Ce qui la choque le plus, c'est le comportement irresponsable de certains clients qui viennent en famille, se rapprochent trop des employés... sans compter ceux qui humectent leurs doigt pour compter leurs billets.

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guerres a noté que la Terre vivait sa "pire crise mondiale depuis que l'ONU a été fondée" il y a 75 ans, évoquant "la combinaison d'une maladie menaçante pour tout le monde et d'un impact économique conduisant à une récession sans précédent dans un passé récent".


AFP/VNA/CVN

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