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Faire la queue pour demander un travail à Washington. |
Le nombre de nouveaux chômeurs enregistrés la semaine dernière devrait encore une fois se compter en millions. Ce sont ainsi entre 2,8 et 5 millions de nouveaux demandeurs d'allocations chômage, selon les estimations, qui devraient être annoncés jeudi 2 avril.
La semaine passée, 3,3 millions de nouveaux demandeurs d'allocations chômage avaient grossi les rangs, du jamais vu.
L'optimisme n'est plus de mise alors que le secteur privé a cessé en mars de créer des emplois. Cela n'était arrivé qu'une fois en près de dix ans, depuis que l'économie américaine avait réussi à reprendre son souffle après la grande crise de 2008.
Et ces chiffres, publiés mercredi 1er janvier, s'arrêtent au 12 mars, soit avant les mesures massives de confinement. En avril, "la masse salariale devrait baisser de 10 millions et plus", prévient Ian Shepherdson, chef économiste chez Pantheon Macroeconomics.
Le mois passé, les chiffres compilés par ADP révèlent que seules les petites entreprises, les premières touchées par les répercussions de la pandémie, ont déjà commencé à supprimer des emplois. Et notamment celles de moins de 20 salariés, qui cumulent plus des deux tiers des emplois détruits.
Un homme devant une agence du département du Travail fermée en raison de l'épidémie de coronavirus, le 25 mars à New York. |
Les entreprises de plus de 50 salariés ont, quant à elles, continué à créer des emplois. "L'arrêt brutal de l'activité économique à cause de la crise du coronavirus a conduit à une vague de licenciements sans précédent de la part des employeurs américains", notent les analystes d'Oxford Economics.
L'année 2020 avait pourtant commencé très fort, avec 291.000 emplois créés en janvier, un niveau plus vu depuis près de cinq ans.
Mais la pandémie de coronavirus a mis un coup d'arrêt brutal à l'économie. Les mesures de confinement décrétées, à des degrés divers, par les États américains ont obligé de très nombreuses entreprises à fermer leurs portes ou à drastiquement ralentir leur activité.
Le secteur du commerce et du transport a perdu le plus d'emplois (-37.000). Autre secteur très pénalisé, celui des loisirs et de l'hébergement, qui a perdu 11.000 emplois.
La construction a également souffert, avec 16.000 emplois supprimés. Inquiète, la Bourse de New York a terminé en forte baisse mercredi 1er avril, le Dow Jones a perdu 4,44%.
Avant-goût
Ces chiffres historiquement hauts pourraient n'être qu'un avant-goût de ce qui attend les États-Unis à partir du mois d'avril, alertent les économistes. En effet, la plupart des données disponibles concernent encore des périodes antérieures à la propagation du virus sur l'ensemble du territoire américain.
Ainsi, le taux de chômage du mois de mars, qui sera connu vendredi 3 avril, est attendu par les analystes à 4%, alors qu'il était tombé en février à son niveau le plus bas depuis 50 ans, 3,5%.
Mais "les 3,3 millions de demandes de chômage initiales annoncées jeudi dernier suggèrent que le taux de chômage a peut-être déjà atteint un pic de 5,5%", a relevé l'ancienne présidente de la Fed Janet Yellen lundi 30 mars, lors d'une conférence organisée par la Brookings Institution.
Le rapport attendu vendredi 3 avril ne fera pas état d'une telle hausse "car il est réalisé sur des données antérieures, mais le chômage augmentera sûrement beaucoup", avait-elle ajouté.
Le président américain, Donald Trump, a dressé un sombre portrait des jours à venir, affirmant mardi soir 31 mars que les deux prochaines semaines seraient "très, très douloureuses".
Le gouverneur de l'État de New York a annoncé que le pic des nouveaux cas dans l'État, épicentre de la pandémie aux États-Unis, pourrait ne pas intervenir avant fin avril.
La courbe du chômage devrait continuer son ascension exponentielle. Pour avril, les experts d'Oxford Economics anticipent un chômage "aux alentours de 12%", avec des "pertes d'emplois (qui) pourraient dépasser les 20 millions".
Ils prévoient que la pénurie d'emplois se poursuivra jusqu'en 2021.
Le COVID-19 a fait 4.476 morts aux États-Unis, un chiffre multiplié par deux en trois jours, et touché 203.608 personnes, selon l'Université américaine Johns Hopkins, dont les bilans font autorité.