Les masques omniprésents en Asie, mais leur efficacité fait débat

Le recours aux masques face au coronavirus a été spontané et massif dans certaines régions d'Asie, tandis que les pays occidentaux, d'abord réticents, commencent à recommander leur usage généralisé. Cependant l'efficacité de cette stratégie fait toujours débat.

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Deux femmes portent un masque de protection pendant l'épidémie de coronavirus, le 18 mars à Tokyo.

Les experts s'accordent à dire qu'il y a peu d'éléments, voire aucun, attestant que les masques chirurgicaux ordinaires, couramment utilisés en Asie durant la saison de la grippe en hiver et du rhume des foins au printemps, protègent efficacement contre le COVID-19.

Les partisans des masques mettent cependant en avant que les personnes contaminées doivent en porter pour éviter de transmettre le virus, et qu'il a été démontré qu'une personne atteinte peut déjà être contagieuse avant de ressentir des symptômes.

Le nombre de cas de COVID-19 relativement faible jusqu'à présent au Japon et à Hong Kong (Chine) par exemple a encore renforcé les convictions des pro-masques.

Dans ces territoires le port du masque a été l'une des réponses immédiates à la crise sanitaire. Le gouvernement japonais vient d'ailleurs d'annoncer mercredi 1er avril que chaque foyer recevrait prochainement deux masques réutilisables.

À Hong Kong (Chine) aussi, les habitants perçoivent le port du masque comme "un moyen pour l'individu de protéger le reste de la société autant que lui-même", explique Keiji Fukuda, directeur et professeur à l'Université de santé publique de Hong Kong.

"Mais là où j'ai grandi, aux États-Unis, certains voient le port du masque comme une atteinte à leur personne - une obligation imposée, non désirée", ajoute-t-il.

"Faux sentiment de sécurité"

Pour Ben Cowling, un autre professeur de la même université à Hong Kong, le mérite revient plutôt aux mesures de santé publique prises par certains gouvernements en Asie.

Cela comprend "l'identification des cas et leur isolement, la mise en quarantaine de leurs proches, et l'application d'un principe de distanciation sociale", dit-il.

M. Fukuda met aussi en garde ceux qui croient à une force protectrice quasi "magique" des masques. "Certains territoires comme Singapour se sont globalement très bien débrouillés sans insister fortement sur les masques", relève-t-il.

Lui aussi attribue la faible propagation de la pandémie dans ces territoires à des mesures comme l'identification systématique des proches d'une personne infectée, une bonne coordination des autorités et le respect d'une distance sociale - parfois ancrée dans la culture locale, comme au Japon.

Par ailleurs les populations de ces régions, qui ont notamment encore en mémoire l'épidémie de SRAS (2002-2004), "ont aussi été soucieuses dès le début et désireuses de coopérer avec les autorités sanitaires", observe encore M. Fukuda. "C'est la combinaison de tous ces facteurs qui est importante".

L'Organisation mondiale de santé (OMS) continue de déconseiller le port du masque pour le grand public, attirant l'attention sur la pénurie mondiale de ces produits et la nécessité cruciale de les distribuer en priorité au personnel médical en première ligne.

Par ailleurs, certains experts soulignent qu'un port généralisé de masques peut avoir des effets pervers, même si les stocks sont abondants.

"Les masques peuvent donner aux gens un faux sentiment de sécurité", prévient Simon Clarke, un professeur associé de l'Université de Reading (Royaume-Uni), spécialiste en microbiologie cellulaire.

Mieux que rien

Porter un masque risque ainsi d'inciter certains à ne pas respecter les recommandations de distance sociale par exemple, souligne M. Clarke.

"Nous connaissons tous des gens auxquels il importe peu de venir au travail avec leur rhume et de le transmettre à tout le monde - il en sera de même avec le coronavirus".

Malgré ces risques, les pays occidentaux, cherchant par tous les moyens à freiner la pandémie, commencent à recommander les masques pour tous.

Le port du masque obligatoire a commencé à faire école en Europe centrale, la France a commandé plus de 1,5 milliard de masques tandis que les États-Unis envisagent désormais de recommander à tous les Américains d'en porter, une fois que suffisamment de stocks seront disponibles.

Le professeur Cowling à Hong Kong (Chine) estime toutefois que davantage de recherche est nécessaire avant de décréter l'utilité de tel ou tel type de masque contre la pandémie.

Cependant "même si le port du masque pouvait seulement réduire un tout petit peu la transmission (du virus, NDLR), ce serait tout de même une bonne mesure à prendre", conclut-il.


AFP/VNA/CVN

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