La récession était attendue, mais l'ampleur de la baisse du PIB a pris de court les milieux d'affaires et accru la pression sur le gouvernement du président Jacob Zuma, qui a fait de la lutte contre la pauvreté l'une de ses priorités.
Les chiffres publiés par l'Office national des statistiques à Pretoria "nous désarçonnent complètement compte tenu de l'ampleur de la chute" du PIB, a déclaré le dirigeant de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Afrique du Sud, Neren Rau, cité par l'agence SAPA.
Les médias locaux avaient tablé sur une contraction du PIB de 3,9% au premier trimestre 2009 par rapport au trimestre précédent.
Pendant les 3 derniers mois de 2008, l'Afrique du Sud avait déjà enregistré une croissance négative (- 1,8%), pour la première fois en 10 ans. Avec 2 trimestres consécutifs de croissance négative, la première puissance économique de l'Afrique est donc formellement en récession.
"La situation économique dans le monde s'est détériorée au-delà des attentes (...). Étant donné que nous sommes très dépendants du commerce international, il n'y avait aucune raison que nous puissions échapper" à la crise, a expliqué l'économiste Johan Rossouw.
L'économie sud-africaine repose notamment sur les industries minières et automobiles, qui ont contribué largement ces dernières années à la croissance du pays mais sont touchées aujourd'hui de plein fouet par la crise mondiale.
L'industrie de transformation a enregistré une chute de 3,3% d'un trimestre sur l'autre, et les mines, principal secteur de l'économie du pays, une baisse de 1,7%. Sur un an, l'économie sud-africaine s'est contractée de 1,3%.
"Ce sont des chiffres vraiment horribles", a estimé Dennis Dykes, économiste à la banque sud-africaine Nedbank. "C'est évident qu'il va y avoir encore plus de licenciements", a-t-il prévenu sur la radio 702.FM.
Au cours des derniers mois, les secteurs minier et automobile ont déjà annoncé des dizaines de milliers de suppressions d'emploi.
La récession va compliquer la tâche de M. Zuma, qui a été élu président début mai et a promis de combattre un chômage qui frappe 40% de la population active. Ironie du calendrier, la publication des chiffres du PIB a coïncidé avec le début d'une réunion de 3 jours du gouvernement sud-africain axée sur les réponses à apporter aux promesses faites pendant la campagne.
AFP/VNA/CVN