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Le chef de la coalition de gauche sri lankaise Anura Kumara Dissanayaka, le 21 septembre à Colombo. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cet ancien marxiste de 55 ans mène pour l'heure, avec plus de 58% des suffrages selon les 250.000 votes comptabilisés sur un peu plus de 700.000 bulletins de vote par correspondance.
Les fonctionnaires impliqués dans la conduite des élections sont autorisés à poster leurs bulletins de vote et leur vote est considéré comme un échantillon très représentatif de l'ensemble de l'électorat. Par le passé, les candidats ayant réuni plus de 50% des suffrages postaux ont toujours remporté les élections.
Le président sortant, Ranil Wickremesinghe, 75 ans, n'a pas réagi dans l'immédiat, mais l'un de ses principaux alliés, le ministre des Affaires étrangères Ali Sabry, a reconnu la victoire de M. Dissanayaka.
"Après une campagne longue et ardue, les résultats de l'élection sont maintenant clairs. Bien que j'aie fortement milité pour le président Ranil Wickremasinghe, le peuple sri lankais a pris sa décision et je respecte pleinement le mandat qu'il a confié à Anura Kumara Dissanayaka", a affirmé Ali Sabry sur le réseau social X.
Les autorités électorales ont déclaré que M. Dissanayaka était en tête dans le reste du pays, ce qui rend sa victoire presque certaine et un candidat rival majeur, Amal Rajapaksa, a également reconnu sa victoire.
"Anura Kumara Dissanayaka a remporté l'élection", a déclaré Milinda Rajapaksha, conseiller de campagne de M. Rajapaksa, sur Facebook.
Couvre-feu
Le président sortant Ranil Wickremesinghe (centre) montre son doigt teinté d'encre après avoir voté à l'élection présidentielle, le 21 septembre à Colombo. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À la tête du Front de libération du peuple (JVP), Anura Kumara Dissanayaka a fait campagne contre les élites "corrompues" responsables du chaos de 2022.
À l'origine de deux insurrections meurtrières au début des 1970 et à la fin des 1980, qui ont fait plus de 80.000 morts, le JVP a renoncé à la lutte armée et s'est largement converti à l'économie de marché. Il avait obtenu moins de 4% des voix lors des dernières législatives en août 2020.
"Après la victoire, il ne devrait pas y avoir d'affrontements, ni de violence", a déclaré samedi M. Dissanayaka, confiant dans son élection. "Notre pays a besoin d'une nouvelle culture politique", a-t-il affirmé.
Si un candidat dépasse la barre des 50%, il est élu président. Dans le cas contraire, la commission électorale procède à un nouveau comptage et recense les deuxième ou troisième préférence des votants pour départager les prétendants.
Le scrutin a été marqué par la très forte participation (environ 76%) des électeurs, fatigués de la cure brutale d'austérité imposée au pays après la crise financière sans précédent de 2022.
L'élection s'est transformée en un référendum sur le plan de sauvetage imposé par le Fonds monétaire international (FMI).
Le vote s'est déroulé dans le calme mais, à titre de précaution, la présidence a décrété un couvre-feu jusqu'à 06h00 locales dimanche 22 septembre (00h30 GMT) "pour protéger la population", a annoncé la police.
Le gouvernement a décrété lundi jour férié. Il a interdit la vente d'alcool pendant le week-end et a déclaré qu'aucun rassemblement ou célébration de la victoire ne serait autorisé avant une semaine après les résultats définitifs.
Marche forcée
À la tête du pays depuis deux ans, Ranil Wickremesinghe visait un nouveau mandat avec pour seul programme la poursuite du redressement à marche forcée de l'île.
Des agents électoraux scellent une urne à la fin du scrutin présidentiel au Sri Lanka, dans un bureau de vote à Colombo, le 21 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"J'ai déjà beaucoup fait, j'ai sorti ce pays de la banqueroute", avait-il répété samedi 21 septembre en votant dans la capitale Colombo. "Maintenant, je vais faire du Sri Lanka un pays avec une économie, un système social et un système politique développés".
M. Wickremesinghe a succédé en juillet 2022 au président Gotabaya Rajapaksa, chassé de son palais par des manifestants en colère contre l'inflation et les pénuries.
En échange d'une aide de 2,9 milliards d'USD (2,6 milliards d'euros) du Fonds monétaire international (FMI), il a serré la ceinture des 22 millions de Sri Lankais, multipliant hausses d'impôts et réductions des dépenses publiques.
Deux ans plus tard, l'ordre est revenu dans la rue et l'économie a repris des couleurs, même si elles restent encore très pâles, a averti le FMI.
Pauvreté
Le début de redressement du Sri Lanka s'est opéré au prix d'une progression de la pauvreté, qui touche désormais plus du quart de ses 22 millions d'habitants, selon la Banque mondiale.
Une grande majorité des Sri Lankais sont las, ce qui a profité à l'opposition.
Une autre figure de l'opposition, Sajith Premadasa, 57 ans, a aussi rallié une partie des suffrages des mécontents.
"Des progrès ont été accomplis, mais le pays est encore loin d'être sorti de l'ornière", a toutefois averti la semaine dernière la cheffe de la communication du FMI, Julie Kozack.
AFP/VNA/CVN