Le «chair dance» ou l’émancipation au féminin

Après une journée de travail bien remplie, de plus en plus de femmes n’aspirent qu’à une chose : s’aérer le corps, l’esprit et devenir plus belle encore. Un nouveau loisir, venu de l’Occident, répond idéalement à ce cahier des charges : le «chair dance» (danse avec une chaise).

Voici le centre ISIS World Dance dans la rue Bà Triêu, Hanoi, qui résonne en ce début de soirée aux sons d’une musique très rythmée que suivent des apprenties danseuses en short et petit débardeur. Jusque là, tout à l’air normal. Sauf qu’à y regarder de plus près, leur cavalier - pas très causant au passage - n’est autre qu’une chaise. Et visiblement, à en voir leurs minois réjouis, cela ne les perturbe pas le moins du monde ! Après tout, c’est un partenaire comme un autre et surtout l’essence même du chair dance. Les 12 «danseuses» ici présentes ont toutes choisies de s’inscrire à ce cours pour une raison bien précise : pendant que l’une fait cela pour être encore plus belle aux yeux de son mari, l’autre est simplement curieuse de savoir pourquoi ce sport fait tant fureur auprès des jeunes femmes...

La féminité exacerbée

Les cours ont lieu tous les mardis et jeudis. Sous la direction de la danseuse Pham Huyên Trang - qui a introduit ce sport au Vietnam issu du cabaret il y a un an environ -, les filles apprennent des mouvements de déhanchés et à faire virevolter leurs jambes avec une grâce sans pareil. «Si j’ai décidé d’introduire le chair dance, c’est pour présenter un nouvel art expressif qui met en valeur la subtilité et le pouvoir de séduction des femmes. Et puis à ma connaissance, aucune danse avec accessoire n’existait auparavant au Vietnam», dit-elle.

Le chair dance est à la portée de tous.

Le chair dance est à la portée de tous. Tout se joue sur les expressions corporelles, du visage, la gestuelle et les mouvements qui vont avec. La pratique régulière affine la silhouette et donne au corps une grande souplesse. «Ici, la chaise sert tantôt de point d’appui, tantôt de simple objet de décoration», précise Pham Huyên Trang. Après seulement une ou deux séances, une apprentie peut déjà présenter un numéro simple à ses amis.

En quelques mois, le phénomène «chair dance» s’est répandu comme une traînée de poudre, notamment auprès des employées de bureau et des étudiantes. Thu Huyên, étudiante à l’École supérieure de commerce de Hanoi nous dit, tout sourire : «Ce qui me plaît le plus, c’est de voir à quel point les jambes et les abdominaux sont mobilisés. Les gestes réalisés en association avec la chaise sont certes simples, mais, pour être parfaitement exécutés, ils nécessitent une grande souplesse et de la persévérance».

Les premières séances, de découverte, servent à apprendre à bien se tenir droit, à se déplacer de manière sensuelle et à ce que chaque geste soit expressif. «Prêtez une oreille attentive à ce qui vous entoure, réfléchissez à ce que vous voulez transmettre au public et faîtes en sorte de transcrire vos pensées avec votre visage et votre corps», conseille l’enseignante.

Contrairement aux autres styles de danse, tous les styles de musique peuvent se prêter à la pratique du chair dance. Duong Lan Huong, chargée des relations publiques d’une compagnie immobilière partage : «Lorsque je me mets à danser sur du jazz, une sensation de liberté s’empare de moi. C’est comme si je retournais à l’état sauvage ! En plus d’être bon pour le corps et l’esprit, j’y vois une occasion de montrer une facette inédite de ma personnalité lors des activités artistiques que nous organisons parfois au bureau. Et je ne vous cache pas que j’aime surprendre !».

Aguicheur, sensuel, mais en aucun cas vulgaire

«N’importe quelle femme veut avoir un corps désirable». Une évidence pour Dô Phuong Liên, directrice du centre ISIS. «Et ce sport, qui plus est facilement accessible, permet de satisfaire ce désir ancré dans l’inconscient féminin, pourvu d’être assidue», souligne-t-elle.

Huyên Trang y voit d’autres avantages : «Au Vietnam, la danse se concentre trop sur la technique. Le chair dance se distingue en accordant beaucoup plus d’importance au côté émotionnel, traduit avec le corps et les expressions du visage, qu’à la difficulté technique».

Nguyên Manh Hùng, de l’arrondissement de Câu Giây, Hanoi est lui aussi enthousiasmé : «J’encourage toujours ma femme à suivre des cours de chair dance, faciles à suivre et divertissants. Cela l’aide à démarrer la semaine du bon pied. Et à raison de 800.000 dôngs pour dix séances, on aurait tort de s’en priver !».

«Ce loisir, tout droit venu de l’Occident, a subi quelques retouches pour être conforme à la culture de notre pays», confie Huyên Trang. Les jeunes peuvent donc pratiquer les «yeux fermés», sans crainte de dérives trop osées et du «qu’en dira-t-on». Sans compter que chacun peut rapidement trouver sa voie et créer son propre style, sans restrictions contraignantes. C’est là certainement la clé de son succès.

Thu Trang/CVN

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