Avion russe abattu
L'armée turque assure n'avoir pas connu la nationalité de l'appareil

Après les accusations de "provocations planifiées" lancées par Moscou, l'armée turque a assuré le 25 novembre qu'elle ne savait pas que l'avion qu'elle a abattu la veille près de la frontière syrienne était russe, et s'est dit prête à "toute forme de coopération".

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Malgré cet incident, le plus grave entre Moscou et Ankara depuis le début de l'intervention militaire russe en Syrie il y a deux mois, les dirigeants des deux pays assurent vouloir éviter une escalade militaire dans la région.
Ils campent toutefois sur leurs versions-diamètralement opposées-des circonstances dans lesquelles les chasseurs turcs F-16 ont abattu le Su-24 russe.
Des œufs envoyés sur les symboles de la Turquie, à l'ambassade turque à Moscou, le 25 novembre, après une manifestation de Russes réagissant après que l'armée turque a abattu un chasseur russe. Photo : AFP/VNA/CVN

"La nationalité de l'avion n'était pas connue (...) et les règles d'engagement ont été appliquées de manière automatique", ont affirmé les forces armées turques dans un communiqué.
Elles ont également assuré avoir fait des efforts significatifs pour essayer de retrouver les deux pilotes du Su-24, et avoir informé les autorités militaires russes de leur disponibilité à "toute forme de coopération".
Cet incident a coûté la vie à deux militaires russes, l'un des deux pilotes et un militaire participant à une opération de sauvetage qui a été tué après que l'hélicoptère de son commando a été lui aussi abattu.
Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait fait part de "sérieux doutes sur le fait qu'il s'agisse d'un acte spontané". "Cela ressemble beaucoup à une provocation", a-t-il accusé lors d'une conférence de presse.
Pour autant, la Russie "ne fera pas la guerre à la Turquie, (ses) relations avec le peuple turc n'ont pas changé", a affirmé M. Lavrov.
À Ankara, le président turc Recep Tayyip Erdogan a également assuré n'avoir "absolument aucune intention de provoquer une escalade après cette affaire" et son Premier ministre Ahmet Davutoglu a souligné qu'Ankara était "ami et voisin" de la Russie.
Le président français François Hollande, qui s'est également entretenu avec M. Erdogan et qui rencontre le 26 novembre son homologue russe Vladimir Poutine, a lui aussi appelé à la "désescalade", tout comme les États-Unis et l'Otan dont fait partie la Turquie.
Et M. Lavrov et son homologue turc Mevlut Cavusoglu "se sont mis d'accord pour se rencontrer dans les jours qui viennent", selon le ministère turc des Affaires étrangères.
Versions divergentes
Lors d'un entretien téléphonique, le chef de la diplomatie turque a "tenté de justifier les décisions de l'armée de l'air" turque, en affirmant que l'avion russe avait "volé au total 17 secondes dans l'espace aérien turc", a révélé M. Lavrov. Mais "cette attaque est totalement inacceptable", a-t-il martelé, ajoutant que Moscou allait "sérieusement réévaluer" les relations entre les deux pays.
Un bombardier russe Sukhoi Su-24 décolle de la base aérienne de Hmeimim, dans la province de Lattaquié, en Syrie, le 3 octobre. Photo : AFP/VNA/CVN

Les versions de l'incident divergent totalement entre Ankara et Moscou.
La Turquie a publié le 25 novembre des enregistrements censés prouver que l'avion russe avait été abattu dans son espace aérien.
"Ici l'armée de l'air turque. Vous approchez de l'espace aérien turc. Dirigez-vous vers le sud immédiatement", peut-on entendre sur l'un de ces enregistrements, en anglais.
Moscou affirme de son côté que le Su-24 a été abattu dans le ciel syrien : plusieurs chaînes de télévision russes diffusaient ainsi le témoignage d'un homme présenté comme le pilote survivant, qui assurait n'avoir reçu "aucune sommation" de l'armée turque.
Parallèlement aux déclarations visant à désamorcer la tension, l'armée de l'air turque a renforcé ses patrouilles avec 18 F-16 à la frontière syrienne depuis l'incident, selon la presse turque, qui cite des sources militaires.
La Russie a de son côté intensifié ses raids aériens sur la zone où a été abattu l'avion, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Et les dirigeants russes ne cachent pas leur colère.
Le président Vladimir Poutine, après avoir dénoncé mardi un "coup de poignard dans le dos", a appelé ses concitoyens à boycotter les plages turques face au "danger terroriste". Son Premier ministre Dmitri Medvedev a reproché à Ankara ses "actions absurdes et criminelles", l'accusant de "protéger les militants de l'EI", l'organisation État islamique.
AFP/VNA/CVN

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