«Nous voyons des corps sur le terrain, des voitures calcinées, des arbres éventrés et des branchages par terre" , a déclaré un responsable militaire mauritanien selon lequel il s'agit de corps du "camp de l'ennemi" .
Ce militaire joint depuis Nouakchott a répété que l'armée mauritanienne avait, de son côté, enregistré quatre blessés, dont deux graves, lors de cet assaut lancé le 24 juin dans la zone de la forêt du Wagadou, proche de la frontière mauritanienne. Le Mali n'a pas participé à l'opération, d'après des militaires des deux pays. "Nos troupes tiennent en main la situation et s'avancent prudemment dans une opération de ratissage de la forêt. C'est compliqué et dangereux, les terroristes peuvent avoir miné les lieux. Ils sont dangereux" , affirmé le responsable militaire mauritanien.
Auparavant, un élu local et une source indépendante dans l'Ouest malien joints depuis Bamako avaient annoncé la découverte sur les lieux de combats de corps, sans toutefois pouvoir préciser pour quel camp ils ont combattu. "Des morts et des véhicules calcinés ont été retrouvés sur les lieux où il y a eu des combats entre l'armée mauritanienne et Aqmi. Je n'ai pas de chiffres précis" , a affirmé l'élu de la ville de Nara, à environ 50 km de la frontière, proche de la forêt du Wagadou. "Il y a de nombreux véhicules calcinés et des morts sur place. C'est un bilan lourd, d'après ce que nous apprenons" , a indiqué la source indépendante.
En juillet 2010, l'armée mauritanienne avait conduit, avec l'appui de la France, un raid meurtrier contre une unité d'Aqmi dans le Sahara malien (Nord). En septembre 2010, elle a encore mené, seule cette fois, une nouvelle offensive anti-Aqmi en territoire malien, dans la région de Tombouctou (Nord), dans une zone à proximité de la frontière.
L'offensive du 24 juin a été lancée alors que des centaines de militaires des deux pays sont engagés depuis le 21 juin -et "pour quelques semaines" -dans des opérations communes le long de leur frontière, incluant la région du Wagadou. Aqmi, qui tente d'y installer une base, a posé récemment des mines dans la zone, selon les deux armées. D'après des responsables militaires des deux pays, les combats de le 24 juin ont été violents.
L'armée mauritanienne, qui a recouru à des moyens terrestres et aériens, a détruit les tentes du campement d'Aqmi, de même que "trois véhicules (...) au sol avec leurs occupants" , d'un nombre indéterminé. "De fortes déflagrations ont été entendues sur un rayon de 20 km, probablement celles de munitions de haut calibre stockées dans le campement" , a expliqué le responsable militaire mauritanien.
Les quatre militaires qui ont été blessés ont été atteints "dans leur véhicule par un tir ennemi alors qu'ils s'avançaient imprudemment vers le campement au moment des accrochages" , a-t-il expliqué.
Le Mali et la Mauritanie sont parmi les pays les plus concernés par les activités d'Aqmi, avec le Niger et l'Algérie, où cette organisation est née. Aqmi se livre dans le Sahel à des attentats, des enlèvements -notamment d'Occidentaux- et divers trafics.
Aqmi retient en otages depuis la mi-septembre 2010 quatre Français enlevés dans le Nord du Niger, ainsi qu'une Italienne enlevée le 2 février dans le Sud de l'Algérie.
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz avait estimé le 6 juin qu'en dépit d'une "prise de conscience" , les actions anti-Aqmi demeuraient insuffisantes.
Selon lui, le retrait de son armée du Mali il y a environ deux mois a été suivi, "concomitamment" , de l'implantation de nouvelles unités d'Aqmi près de la frontière, en particulier la forêt du Wagadou.
AFP/VNA/CVN