Lors d'un discours solennel de 13 minutes depuis la Maison Blanche, le président des États-Unis a en outre ordonné le rapatriement dès cette année de 10.000 des quelque 99.000 soldats américains actuellement sur place.
"Nous sommes au début -mais pas à la fin- de nos efforts pour terminer cette guerre" , a déclaré M. Obama, près de deux mois après l'élimination au Pakistan d'Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda qui s'était servi de l'Afghanistan pour préparer les attentats du 11-Septembre.
Les documents récupérés dans la villa où a été abattu Ben Laden montrent qu'Al-Qaïda "souffre énormément" et est "incapable de remplacer efficacement" les hauts dirigeants du réseau éliminés, a affirmé M. Obama, selon qui "plus de la moitié" de ces chefs ont été tués.
Le président a donc opté pour un début de retrait plus rapide que celui préconisé par ses commandants militaires, mais qui laissera encore plus de 65.000 soldats américains en Afghanistan à l'approche de l'élection présidentielle de novembre 2012, à laquelle il est candidat.
Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, partisan d'un retrait modeste, est rentré dans le rang le 22 juin en affirmant que M. Obama donnait "assez de moyens, de temps" et de souplesse pour réussir et ne pas mettre en péril les progrès réalisés depuis un an et demi.
Les effectifs qui auront quitté l'Afghanistan à l'été 2012 correspondent à ceux que M. Obama avait envoyés dans le pays en décembre 2009. Ces renforts auront rempli leur mission de briser l'élan des talibans et d'empêcher Al-Qaïda de s'implanter à nouveau, a estimé le président. Le Premier ministre britannique, David Cameron, s'est déclaré "entièrement d'accord" avec le président américain Barack Obama, notamment pour maintenir une "pression continue" sur les insurgés afghans pendant la réduction des troupes, a annoncé le 23 juin Downing Street.
La présidence française a annoncé que "la France partage l'analyse et les objectifs américains" et "se félicite de la décision du président Obama" . La France engagera "un retrait progressif" de ses forces en Afghanistan, "de manière proportionnelle" et "dans un calendrier comparable au retrait des renforts américains" , a annoncé le 23 juin au matin l'Élysée dans un communiqué.
Le sommet de l'OTAN à Lisbonne fin 2010 a entériné le principe d'un transfert des responsabilités en matière de sécurité aux forces afghanes en 2014. Mais leur capacité à prendre le relais des forces internationales reste problématique et le gouvernement afghan est critiqué pour sa faiblesse et sa corruption.
Restant plutôt vague à ce sujet, M. Obama a déclaré qu'il y avait des "raisons de penser que des progrès peuvent être faits" dans les discussions avec les talibans en vue d'une solution politique au conflit.
Mais il a aussi prévenu que les États-Unis ne cherchaient pas à faire de l'Afghanistan "un endroit parfait" , même s'il a promis aux Afghans un "partenariat durable" .
M. Obama a également exhorté le Pakistan, avec lequel les relations sont au plus bas depuis la mort de Ben Laden, de "tenir ses engagements" dans la lutte contre le terrorisme.
Un sondage publié le 21 juin affirmait que 56% des Américains étaient en faveur d'un retrait d'Afghanistan "aussitôt que possible" . En outre, en période de fort déficit budgétaire, de plus en plus de voix s'élèvent au Congrès pour demander la fin des opérations dans le pays, dont le coût est évalué à environ 10 milliards de dollars par mois. M. Obama a pris acte de ces opinions en remarquant qu' "il est temps de nous concentrer sur les investissements dans notre propre pays" .
Cet argumentaire a séduit la plupart des démocrates du Congrès, le chef de la majorité au Sénat, Harry Reid, saluant "un grand pas dans la bonne direction" , même si certains élus auraient souhaité un retrait encore plus rapide.
Mais le sénateur républicain John McCain a mis en garde contre le "risque superflu" que ce retrait fait peser sur "les progrès durement gagnés" sur le terrain.
"Nous voulons tous faire revenir nos soldats aussi vite que possible, mais il faut faire en sorte que les progrès que nous avons réalisés ne soient pas menacés" , a renchéri le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner. M. Obama est attendu le 23 juin à Fort Drum, une base militaire de l'État de New York (Est) où il rencontrera des soldats tout juste revenus de déploiement en Afghanistan.
AFP/VNA/CVN