L'aide de l’Union européenne aux plus démunis sauvée pour deux ans

Le Programme européen d'aide aux démunis (PEAD) dont bénéficient des centaines d'organisations caritatives en Europe a obtenu le 14 novembre un sursis de deux ans, à la suite d'une compromis franco-allemand qui risque toutefois de sceller sa disparition à terme.

Le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, s'est réjoui de ce que "la raison l'a emporté" en annonçant le "déblocage des plans 2012 et 2013 de distribution alimentaire aux plus démunis", à l'issue d'une réunion des ministres européens du secteur à Bruxelles.

Il a promis de faire en sorte que "tout soit prêt afin d'assurer la continuité du programme cet hiver".

"18 millions d'Européens attendaient cette décision", s'est réjoui le ministre polonais de l'Agriculture, Marek Sawicki, évoquant les actuels bénéficiaires de ces quelque 500 millions d'euros annuels, tirés des fonds agricoles européens, qui financent des banques alimentaires et des soupes populaires.

Faute d'accord, les fonds auraient été réduits de 80% dès l'an prochain à la suite d'un arrêt de la Cour européenne de justice, à l'initiative de l'Allemagne.

La Cour a en effet considéré que le PEAD, fondé en 1987 sous l'impulsion de l'humoriste français Coluche et du président de la Commission, Jacques Delors, avait dévié de son objectif initial de redistribution des excédents agricoles.

Les excédents étant en voie de disparition, ils ont été très largement remplacés par des achats de nourriture, qui relèveraient plutôt de la politique sociale, selon la Cour.

L'Allemagne, soutenue par la Suède, le Royaume-Uni, le Danemark, la République tchèque et les Pays-Bas réclamait en conséquence la disparition du programme.

Les Six formaient une minorité de blocage qui a volé en éclats le 14 novembre quand la ministre allemande de l'Agriculture, Ilse Aigner, a annoncé en marge de la réunion être prête à une solution transitoire, "par égard pour les organisations caritatives" qui comptent sur ces fonds.

"Mais il faut que ce soit très clair : à partir du premier janvier 2014, il n'y aura pas de politique sociale à l'échelle européenne", a-t-elle posé comme condition.

L'accord de dernière minute a pu être trouvé à l'issue d'une négociation in extremis entre Mme Aigner et son homologue français Bruno Le Maire.

La négociation a été "difficile", a reconnu M. Le Maire.

Il a admis avoir "accepté de reconnaître avec l'Allemagne que les conditions n'étaient pas réunies pour une poursuite de l'aide alimentaire après 2014 pour les prochaines perspectives financières", c'est-à-dire le prochain budget pluriannuel de l'Union européenne qui s'étalera de 2014 à 2020.

Selon un diplomate européen, les deux pays s'engagent ainsi à "militer" auprès de la Commission européenne "pour qu'à partir de 2014 l'aide aux démunis ne soit plus financée par l'UE".

Afin de se conformer à l'arrêt de la Cour de justice, la Commission européenne avait proposé de continuer à financer le PEAD sur le budget européen après 2014, en puisant dans d'autres fonds que le budget agricole : les fonds dits de "cohésion", au nom desquels l'Europe aide certaines régions plus défavorisées que d'autres.

Bruxelles avait ainsi prévu dans ses perspectives financières 2,8 milliards d'euros pour l'aide aux démunis entre 2014 et 2020.

Mais M. Le Maire a estimé que le compromis trouvé était le seul possible : "Nous n'avons laissé aucune possibilité de côté" pour sauver ce programme, a-t-il affirmé.

Les principales associations caritatives françaises, comme les Restos du Coeur, ont exprimé le 14 novembre leur "soulagement" devant ce répit de deux ans, tout en soulignant la nécessité d'inventer un nouveau programme au-delà de 2014.

La Croix-Rouge française a ainsi plaidé pour la création d' "une vraie politique sociale de solidarité européenne".

AFP/VNA/CVN

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