En annonçant l'acquisition pour 12,5 milliards de dollars, Google a insisté sur le fait que cela "ne changeait rien pour Android" et a assuré que tous les fabricants de téléphones le souhaitant pourraient continuer à utiliser librement son système d'exploitation.
Pour appuyer ces affirmations, le groupe Internet a transmis des commentaires de ses principaux partenaires, Samsung, HTC, Sony Ericsson et LG Electronics, se félicitant de la protection qu'apporte l'achat du portefeuille de brevets de Motorola à Android. Elle éloigne en effet la menace de procès intentés par Apple ou Microsoft relatifs à la propriété intellectuelle. "Nous nous réjouissons de la nouvelle de l'acquisition d'aujourd'hui, qui démontre que Google est profondément engagé dans la défense d'Android, de ses partenaires et de l'écosystème dans son entier", a ainsi commenté le directeur général d'HTC, Peter Chou.
Mais pour plusieurs analystes, l'information n'a sans doute pas été si bien accueillie dans les conseils d'administration des équipementiers. "Cela impose une forte pression sur (les fabricants de matériels) qui ont construit leurs activités autour d'Android", a ainsi déclaré l'analyste Michael Gartenberg, de Gartner. "Tant qu'ils peuvent avoir accès à Android, c'est bien", a-t-il souligné. "Mais le défi pour Google est très simple : personne n'a jamais réussi à proposer une licence sur un système d'exploitation tout en étant en concurrence sur cette licence".
Même si le géant de l'Internet continue de proposer son logiciel gratuitement, deux situations se profilent : soit Google fait mieux avec Motorola que ceux qui utilisent sa licence, soit il fait moins bien. Dans les deux cas, cela crée de la "frustration", a noté Michael Gartenberg. "Beaucoup de gens vont devoir repenser leur stratégie", a-t-il affirmé.
Selon Ken Auletta, auteur d'un livre sur Google, le groupe "a récemment beaucoup oeuvré pour rassurer les compagnies de téléphones sur le fait que son système d'exploitation Android restera ouvert à tous et ne sera pas réservé à un seul, contrairement à l'iPhone d'Apple". "Même si Google dit que son achat de Motorola ne lui conférera pas un traitement préférentiel, il ne faut pas être surpris si peu de personne y croit", écrit-il sur un blog du magazine The New Yorker.
Pour l'analyste de Forrester John McCarthy, l'accord place Google "dans une position étrange", où le groupe "essaie d'être un fournisseur d'un +environnement+ ouvert tout en étant en concurrence avec ses +clients+".
Microsoft pourrait vouloir offrir son propre système d'exploitation, Windows Mobile, aux équipementiers comme une alternative à Android, estime-t-il dans une note. "Pour Samsung et HTC, changer (de système d'exploitation) ne serait ni bon marché ni facile mais Microsoft a en réserve beaucoup de liquidités pour aider sur la partie financière", renchérit Paul Ausick, sur le site Internet 247WallSt.com.
Selon le cabinet Gartner, Android équipera près de la moitié des téléphones multifonctions d'ici la fin de l'année prochaine, avec une part de marché de 49,2%.
La part de marché d'Apple sur ce secteur devrait rester stable, autour de 18,9% en 2012. Mais Windows, qui devrait détenir 5,6% du marché fin 2011, devrait passer à 10,8% fin 2012, tout cela au détriment du canadien RIM, le fabricant de BlackBerry, et de Symbian de Nokia, prévoit Gartner.
Le groupe finlandais a annoncé en février que le système d'exploitation de Microsoft allait devenir le principal support de ses téléphones multifonctions.
AFP/VNA/CVN