Des chercheurs de cet institut de recher-che en sciences et technologies pour l'environnement ont abouti à ces conclusions après avoir observé en continu le développement saisonnier d'un écosystème de quatre étages de végétations comprenant des pins d'Alep, et trois espèces de chênes.
Pour tester les effets de la sécheresse, des zones de 900 m² d'arbres ont été créées dont certaines ont été privées de 30% des précipitations grâce à un système de gouttières, d'autres bénéficiaient de 30% d'eau supplémentaire par irrigation. Et d'autres parcelles ont servi de zone témoins.
Les chercheurs ont ainsi découvert que la raréfaction des pluies et l'augmentation des températures font que "l'arbre produit beaucoup moins de branches, est donc affaibli et plus vulnérable aux maladies et parasites", selon Michel Vennetier, l'un des auteurs de l'étude. "Chez les chênes, l'avortement des fructifications compromet leur reproduction", a-t-il ajouté.
De même, la modification de "l'architecture de l'arbre", autrement dit sa forme typique, a des conséquences sur la qualité des sols des forêts méditerranéennes. "Les houppiers (cîmes) des pins étant plus clairsemés, le microclimat au niveau des sols est plus chaud et plus sec", a précisé M. Vennetier.
L'étude, qui s'inscrit dans un projet plus large intitulé "Drought" (sécheresse en anglais) mené avec le CNRS (Institut national de la recherche scientifique), l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et l'Université d'Aix-Marseille, a également mis en évidence pour la première fois le phénomène de la croissance prolongée des pins d'Alep pendant l'hiver, plus doux depuis quelques années.
Cela a pour conséquence que l'arbre a des pousses inachevées qui sont ensuite abîmées par le gel, des blessures constatées en nombre toujours plus grand depuis une dizaine d'années.
Au final, souligne le Cimagref, la mortalité des pins d'Alep augmentent et la composition des forêts est modifiée. Les pins sylvestres, par exemple, ont complètement disparu après la canicule de 2003 sur les versants de basse altitude des régions méditerranéennes. "Si le réchauffement a pu être bénéfique pour la productivité des forêts jusqu'en 1998, cette étude montre que l'on passe aujourd'hui un seuil critique en terme de résistance des arbres", a souligné Michel Vennetier.
AFP/VNA/CVN