Les quatre femelles viennent du parc polonais de Bialowieza (Est) qui abrite la plus grande population de ce cousin germain du bison d'Amérique. Porto, lui, arrive de Kampinos, un autre parc national près de Varsovie. "Le bison d'Europe avait depuis toujours vécu en Bohême, jusqu'à son extermination au XIXe siècle. Il faut donc qu'il y retourne. En plus, c'est l'un des plus beaux animaux qui existent", explique Jiri Janota, à l'origine de ce projet de réintroduction du plus gros mammifère terrestre du vieux continent.
Jusqu'à présent, seuls les noms de quelque villages comme Zubri et Zubrnice, mais aussi la popularité de la bière de marque Zubr et de la vodka Zubrovka ont fait penser au bison d'Europe ("zubr" en tchèque), jadis abondant dans ce pays mais disparu suite à la surchasse et la déforestation.
Cinq géants à la toison brune épaisse, et avec eux deux nouveaux-nés, savourent paisiblement leur nourriture végétale dans un enclos de six hectares, avec des bois de pin, d'épicéa et de bouleau, un petit ruisseau et une prairie.
Derrière une clôture haute de trois mètres, ils attendent d'être relâchés pour profiter d'une liberté contrôlée au sein d'une vaste réserve de Zidlov, s'étendant sur quelque 3.800 hectares à une soixantaine de kilomètres au Nord-Est de Prague. "Le projet prévoit l'élargissement du troupeau à 25-30 animaux", précise M. Janota, directeur de la société d'État "Forêts et biens militaires" (VLS). "Parmi les tâches qui nous incombent figure aussi celle d'inventer 20 noms de femelles qui commenceront par +Ka+ et de mâles qui commenceront par +Po+", sourit-il, en allusion aux directives du livre généalogique de l'espèce.
Gérée par la société VLS, la réserve de Zidlov fait partie de l'ancienne zone militaire de Ralsko, couvrant quelque 250 km², dont 220 km² non habités. "Pour les bisons d'Europe, le cadre naturel est idéal ici", explique le jeune technicien cynégétique Jan Kocourek, au volant de sa Land Rover. La coexistence des bisons d'Europe avec les cerfs, mouflons, chevreuils et daims, vieux habitués de la réserve de Zidlov, sera "sûrement sans problème", assure-t-il.
Le seul souci, c'est une rencontre potentielle du colosse haut de deux mètres et long de trois et demi, muni de deux cornes aiguës et imprévisible, surtout en période de rut, avec le prédateur le plus dangereux de tous... l'homme. "J'ai consulté sur cette question des spécialistes de Pologne et d'autres pays. Le bison d'Europe n'attaquera jamais l'homme si celui-ci se comporte, dirais-je, en humilité à l'égard de la nature et respecte une distance de sécurité", assure M. Janota.
AFP/VNA/CVN