"Révolte paysanne, 1 Franc par litre", "Marre de subventionner l'industrie laitière" : les slogans affichés sur la cinquantaine de tracteurs qui ont défilé jeudi dernier sous une pluie battante devant les usines de Cremo à Lucens (canton de Vaud, Ouest), l'un des 4 principaux transformateurs de lait en Suisse, traduisaient bien le ras-le-bol des paysans.
À l'instar de leurs voisins européens, les éleveurs dénoncent le faible niveau des prix du lait. Mais la Suisse, contrairement à l'Union européenne (UE), a déjà mis fin à son système de quotas fixés par l'État.
Or, 6 mois après l'abandon de ce contingentement laitier, les paysans suisses sont en proie à de graves difficultés financières. Certains reconnaissent d'ailleurs avoir dû arrêter les grèves de lait, lancées ces dernières semaines, afin de sauver leur exploitation.
L'effondrement du prix du lait, qui est passé de près de 75 centimes de francs suisses (49 centimes d'euros) le litre à 55 centimes en un an à cause des excédents de production pèse sur les revenus du secteur, provoquant la colère des paysans. "Nous n'arrêterons pas les manifestations tant que les transformateurs ne nous diront pas quels sont leurs besoins de production pour le marché national", avertit le secrétaire du syndicat agricole Uniterre, Nicolas Bezençon. "Après une excellente année 2008, nos producteurs de lait traversent aujourd'hui une passe difficile", a reconnu jeudi le président suisse, Hans-Rudolf Merz, lors de l'inauguration d'une des principales foires agricoles du pays.
AFP/VNA/CVN