À l'issue de la rencontre, la commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, a annoncé qu'un "groupe d'experts de haut niveau" allait plancher à partir du 7 octobre, en vue de faire d'ici à fin juin 2010 des propositions sur des mesures de moyen et long termes à prendre en faveur du secteur.
Ce groupe réfléchira, entre autres, à la mise en place de "relations contractuelles" au niveau national entre producteurs laitiers et industriels, afin de limiter les effets de "la volatilité des prix", a proposé Mme Fischer Boel.
De nombreux États, emmenés par la France et l'Allemagne, ont aussi souhaité que le groupe étudie "un cadre régulé" du marché du lait, a précisé Mme Fischer Boel. Mais elle n'a proposé aucune mesure de court terme, autre que celles déjà annoncées comme la possibilité pour les gouvernements de verser jusqu'à 15.000 euros par producteur.
Partisan d'une nouvelle régulation du secteur laitier, le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, s'est félicité du fait que le mandat du groupe d'experts corresponde "mot pour mot" aux propositions faites par la France et l'Allemagne. "Nous avons un signal politique fort en faveur de la régulation européenne du marché du lait", s'est-il réjoui. Même si le terme cache de fortes divergences d'un pays à l'autre.
Avec la mise en place de ce groupe d'experts, "une dynamique se met en marche, mais j'aurais souhaité plus", a commenté pour sa part le ministre autrichien de l'Agriculture, Nikolaus Berlakovich. "Les producteurs laitiers attendent maintenant une aide concrète, et la Commission dit : +ça va aller comme ça+", a-t-il déploré.
De fait, Mme Fischer Boel s'est contentée de souligner pendant la réunion que les mesures prises jusqu'ici commençaient à "avoir de l'effet" au vu de la récente remontée des prix.
Un constat que ne partagent pas les producteurs de lait. Environ 2.400 d'entre eux, à bord de 740 tracteurs, selon la police, et jusqu'à 5.000 selon les organisateurs, ont laissé libre cours à leur colère tout au long de la journée devant le bâtiment où étaient réunis les ministres, en plein quartier européen de Bruxelles.
Les manifestants, faisant face à un important dispositif de policiers en tenue antiémeutes, ont lancé oeufs et bouteilles en direction du lieu de la réunion, des policiers, mais aussi parfois des journalistes.
Les plus déterminés ont tenté de mettre le feu à des bottes de pailles, entraînant l'activation de canons à eau.
Même la Fédération des organisations agricoles européennes, Copa-Cogeca, représentant davantage les intérêts des grandes exploitations et qui n'avaient pas appelé à manifester, s'est dite déçue que la Commission européenne ait "échoué" s'agissant de prendre des mesures pour régler la crise.
Les éleveurs déplorent une baisse des cours du lait, parfois de 50% dans certains pays par rapport à un pic enregistré en 2007-2008, et voient leur existence menacée. Arguant de marges de manoeuvre "très limitées", Mme Fischer Boel a souligné que pour dégager des fonds nouveaux, "il faudrait soit demander aux États membres (de l'UE) de payer plus", ce que les gouvernements auront du mal à accepter, soit réduire les subventions versées à tous les agriculteurs pour aider spécifiquement le secteur laitier. "Je ne vois aucune de ces 2 options fonctionner", a-t-elle martelé.
AFP/VNA/CVN