Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, a fait part de ses regrets après le sommet européen des 8 et 9 décembre au cours duquel les britanniques, qui ne font pas partie de la zone euro, ont refusé une réforme des traités européens destinée à sauver l'euro. "Je pensai avec optimisme que nous obtiendrions un changement des traités européens. Cela n'a malheureusement pas réussi. Cela aurait été une meilleure solution. Maintenant la mise en oeuvre et la communication sont plus compliquées", a-t-il dit, cité au style direct dans un article qui fait son portrait dans le journal dominical Frankfurter Allgemeine Zeitung dévoilé le 17 décembre. "J'aurais salué le fait d'avoir un message clair et simple en direction des marchés", a-t-il ajouté, alors que les leaders européens vont de sommet en sommet depuis des mois pour tenter de résoudre la crise sans guère y parvenir.
D'autant que les divergences au sein même de la zone euro, notamment sur le rôle de la Banque centrale européenne (BCE), n'ont pas disparu.
Le chef économiste de la Banque, démissionnaire début 2012, l'allemand Jürgen Stark, tenant de l'orthodoxie sur le rôle de la BCE, a réitéré sa position d'hostilité à des rachats massifs d'obligations publiques par la banque. "N'en demandez pas trop", a-t-il dit à l'hebdomadaire allemand Wirtschaftswoche.
Tous ces tiraillements alimentent la défiance des marchés, a estimé le chef économiste de l'agence de notation Standard and Poor's, Jean-Michel Six, sur la radio française BFM Business. "Nous avons (...) énormément de commentaires (...) des investisseurs non Européens, qui sont la principale source de financement, Asiatiques, Américains qui nous disent : +on a longtemps fait des hypothèses sur le fonctionnement de la zone euro comme étant un club qui se chamaille tout le temps mais qui finalement arrive à s'entendre, et un club dans lequel il n'y aura jamais de défaut", a-t-il dit, ajoutant qu'aujourd'hui ces hypothèses étaient caduques.
M. Six a déclaré que son agence avait "parfaitement conscience des responsabilités énormes" qu'elle a actuellement, alors qu'elle doit décider sous peu d'une éventuelle dégradation de 15 des 17 pays de la zone euro, dont la France et l'Allemagne, qui pourraient perdre leur précieux triple A, meilleure note possible.
Une annonce qui ne tombera toutefois pas le 17 décembre, puisque S&P annonce sur son site qu'en raison d'une "maintenance de routine, il n'y aura pas de mise à jour des notations de le 16 décembre 17h00 (22h00 GMT) à le 18 décembre midi (17h00 GMT)". Les grandes agences de notation sont depuis le 16 décembre au soir unanimes pour estimer que la situation est suffisamment grave pour faire planer au dessus de plusieurs pays importants de la zone euro la menace d'un abaissement très rapide de note.
Fitch a placé sous surveillance l'Espagne, l'Italie, la Belgique, la Slovénie, Chypre et l'Irlande. Cela signifie qu'elle pourrait baisser la note de ces États d'ici la fin janvier.
Quelques heures plus tard, Moody's a également accablé la Belgique, en décidant d'abaisser sa note de deux crans, à "Aa3", ce qui maintient tout de même le royaume dans la catégorie des émetteurs de dette de bonne qualité.
Le ministre des Finances belge Steven Vanackeren a reconnu le 17 décembre que le pays allait devoir consentir des "efforts importants" pour impérativement réduire son déficit et éviter d'être à nouveau dégradé.
Moody's prévoit par ailleurs de revoir les notes des pays de la zone euro et de l'UE au premier trimestre 2012.
AFP/VNA/CVN