Pour le virologue Bruno Lina, directeur du Centre national de référence des virus de la grippe pour le Sud de la France, la mutation du virus n'est pas "une surprise". "C'était attendu, c'était annoncé. Et ça recommencera", a-t-il dit, le 21 novembre. "Ça ne change rien par rapport à la prise en charge thérapeutique et par rapport aux vaccins", a-t-il affirmé.
Aux États-Unis, une responsable des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC), le Dr Anne Schuchat, a assuré que la mutation "n'avait aucune conséquence sur l'efficacité du vaccin ou des antiviraux".
Le directeur général de la Santé, Didier Houssin, a, lui aussi, estimé que les vaccins restaient efficaces. "L'immunogénicité (capacité du vaccin d'induire une réaction immunitaire) n'est pas modifiée par cette mutation, donc les vaccins restent sûrs", a-t-il déclaré sur la radio Europe 1.
"C'est d'ailleurs parce qu'on craignait une telle mutation qu'on a fait en sorte qu'un certain nombre de nos vaccins soient des vaccins avec adjuvant", a-t-il expliqué. Les adjuvants permettent notamment d'élargir le spectre d'efficacité des vaccins pour qu'ils puissent agir contre un virus qui se serait légèrement modifié.
Dans le cas observé en Norvège, le virus "présente une modification dans un endroit très particulier, la zone qui se lie au récepteur" sur les cellules humaines, a expliqué le Pr Lina.
Cette mutation pourrait potentiellement permettre au virus de s'attacher à des cellules présentes au niveau des alvéoles pulmonaires, c'est-à-dire en profondeur du poumon.
"On est pour l'instant à un stade purement descriptif. Il va falloir vérifier si ces virus ont acquis une caractéristique particulière qui fait qu'ils seraient capables potentiellement de donner des formes pulmonaires plus facilement", a-t-il indiqué. Les formes pulmonaires sont généralement associées à un facteur de gravité. "Une mutation, ce n'est pas de la dangerosité supplémentaire systématiquement", a souligné le Pr Lina. Reste aussi à déterminer, si ce virus mutant "va prendre le dessus par rapport aux autres" ou au contraire rester un épiphénomène.
Le PR Houssin a jugé cette mutation "préoccupante", parce qu'elle "peut permettre au virus de s'implanter plus bas dans l'appareil pulmonaire et donner une maladie pulmonaire plus sévère". Mais cette mutation "ne traduit pas la circulation particulière d'un virus qui aurait complètement changé", a-t-il tempéré.
Interrogé par ailleurs sur des cas possibles de transmission interhumaine d'une souche du virus pandémique résistante au Tamiflu au pays de Galles, le Pr. Houssin a estimé que "c'est aussi un élément tout à fait ponctuel et débutant".
"En Grande-Bretagne, on a beaucoup utilisé le Tamiflu", a relevé le Pr. Lina. Les quelques cas de résistance ne mettent pas en péril la prise en charge par Tamiflu, a-t-il estimé. "Ça signifie juste qu'il faut qu'on utilise ces produits comme il faut".
En France, aucun cas de résistance n'a été trouvé. Le virus de la grippe H1N1 a fait environ 6.750 morts dans le monde, selon le dernier décompte de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
AFP/VNA/CVN