La France frappe à nouveau en Irak et renforce ses mesures antiterroristes

La France a mené de nouvelles frappes aériennes jeudi 25 septembre en Irak au lendemain de l'annonce de la décapitation en Algérie par ses ravisseurs jihadistes de l'otage français Hervé Gourdel, tout en renforçant ses mesures antiterroristes "dans les lieux publics et les transports".

Les avions français ont visé une ancienne caserne militaire, à une quinzaine de kilomètres à l'Est de Falloujah, dans une zone "proche de la ligne de combat" entre jihadistes et armée irakienne, a-t-on appris de source militaire. Les Rafale conduisent depuis une semaine des missions de reconnaissance au-dessus de l'Irak, mais n'avaient jusqu'ici officiellement frappé que vendredi 26 septembre, détruisant un dépôt logistique des jihadistes.

Le président français François Hollande lors d'une réunion du conseil de sécurité de l'ONU, le 24 septembre

François Hollande a présidé jeudi un conseil de défense à l'issue duquel il a été décidé d'intensifier le soutien français "aux forces de l'opposition syrienne qui combattent aujourd'hui les groupes jihadistes". En outre, Paris "poursuivra son action en soutien des autorités irakiennes" afin "d'affaiblir" le groupe État islamique (EI) et "permettre le retour à la stabilité et à la sécurité" en Irak.

En revanche, la question d'éventuelles frappes françaises en Syrie, écartée par le chef de l'État mais évoquée par le ministre de la Défense, n'est pas abordée dans le communiqué publié après ce conseil de défense.

Des députés UMP ont mis en garde contre d'éventuelles frappes en Syrie sans aval de l'ONU, mais, dans le même camp, l'ex-Premier ministre François Fillon a estimé que pour "détruire l'État islamique", la coalition ne pourrait pas "s'arrêter à la frontière" syrienne.

"La France toute entière est en deuil après l'exécution barbare de notre compatriote", a estimé l'Élysée. "Dans ces circonstances tragiques, l'unité nationale est un impératif", a-t-on rappelé à la présidence, peu après l'annonce par le chef de l'État que les drapeaux seraient en berne les 26,27 et 28 septembre.

Rassemblements et hommages

L'ancien président Nicolas Sarkozy a acquiescé lors d'un meeting pour la campagne interne de l'UMP : "la France doit être unie" quand "la sécurité nationale est en jeu", a-t-il lancé, promettant d'aider le gouvernement "chaque fois que nous serons confrontés à des événements si graves et si dramatiques".

Le secrétaire d'État au ministère des Affaires étrangères Christian Masset (gauche) et le directeur général de la DGSE Bernard Bajolet, quittent l'Élysée, le 25 septembre
Photo : AFP/VNA/CVN

À Nice, où vivait Hervé Gourdel, guide de haute montagne de 55 ans, les drapeaux ont été abaissés, comme dans d'autres villes. Dans le village de Saint-Martin-Vésubie (Alpes-maritimes), où il avait créé un bureau des guides, plus de 800 personnes ont défilé, silencieux, en hommage à cet "humaniste" curieux du monde.

Parmi les nombreux appels à des rassemblements, une marche est prévue à Nice samedi 27 septembre. Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Dalil Boubakeur a de son côté appelé "les musulmans et leurs amis" à un rassemblement inédit, vendredi 26 septembre devant la Mosquée de Paris en hommage à l'otage assassiné.

La famille d'Hervé Gourdel a souhaité que ces rassemblements se déroulent "dans la dignité et la retenue". Ses proches insistent sur les passions de cet homme "ouvert" pour l'escalade, la montagne et le Maghreb, qui l'ont conduit dans le parc national du Djurdjura en Kabylie (Est de l'Algérie), devenu sanctuaire de groupes islamistes.

Dans une vidéo mise en ligne mercredi 24 septembre, Jund al-Khilafa, groupe qui a fait allégeance à l'EI, a annoncé et montré la décapitation d'Hervé Gourdel, enlevé dimanche 28 septembre en Kabylie.

Hervé Gourdel a été "lâchement, cruellement, honteusement" exécuté, a dénoncé François Hollande. Le chef de l'État, qui avait rejeté l'ultimatum des ravisseurs exigeant la fin des frappes françaises visant l'EI en Irak, a souligné que cet assassinat renforçait sa "détermination" et que Paris ne cédait "jamais devant le chantage".

AFP/VNA/CVN

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