La fête, une belle tradition à préserver

Les Vietnamiens sont de plus en plus nombreux à assister aux fêtes traditionnelles. Une belle tradition spirituelle, qui renforce les liens entre tous les membres de la communauté, malheureusement ternie par certaines dérives regrettables.

La fête est un événement culturel organisé par la communauté. La fête ou «lê hôi» en vietnamien comprend deux parties: «lê» signifiant «cérémonie» et «hôi», «festivité».

Pour chaque Vietnamien, la fête est une activité culturelle indispensable. Il s’agit d’un espace culturel lié à un terroir et aussi d’une tradition. «Dans le trésor culturel du peuple vietnamien, les fêtes sont des activités populaires présentes dans presque toutes les régions du pays. Beaucoup d’entre elles sont nées il y a des milliers d’années et se sont maintenues jusqu’à aujourd’hui», informe l’anthropologue Nhât Minh.

 

Un rite de procession lors de la fête printanière en 2014 de Yên Tu, dans la province de Quang Ninh (Nord-Est).  

Près de 8.000 fêtes chaque année

Le pays recense environ 8.000 fêtes, dont près de 90% sont des fêtes folkloriques, alors que les fêtes historiques ne représentent que 4% et les fêtes religieuses, 6%. Les localités en ayant le plus sont Hanoi, Bac Ninh, Thái Bình, Hai Duong et Phú Tho, toutes dans le Nord.

Ces chiffres montrent que les festivités sont riches et diversifiées, avec des fêtes traditionnelles d’envergure les quatre saisons de l’année. Elles ont chacune leurs propres caractéristiques, mais ont toutes comme point commun un personnage sacré (légendaire ou historique) faisant l’objet d’un culte. Il peut s’agir d’un héros ayant bouté l’envahisseur étranger en dehors du pays, de l’ancêtre d’un métier traditionnel, d’un génie... Il cristallise les meilleures qualités de l’être humain, aidant quiconque à se reconnecter vers «la source», à se tourner vers le bon en vue d’une vie heureuse. «La fête est l’occasion de rendre vivants des légendes, des exploits, qui servent de lien entre le passé et le présent, permettant à la population, surtout à la jeune génération, de mieux comprendre les mérites des ancêtres, afin qu’ils éprouvent davantage de fierté pour les traditions de leur pays, leurs origines», indique Nhât Minh.

Ces dernières années ont vu l’émergence de nouvelles fêtes, la restauration de certaines qui avaient disparu pendant parfois une très longue période. Tout a été réuni pour que des fêtes traditionnelles soient organisées à plus grande échelle, avec l’introduction de nouveautés telles que jeux populaires, compétitions sportives, représentations artistiques... Ces facteurs ont rendu les festivités plus attrayantes aux yeux du public.

Comportements déplacés

 

 Un certain nombre de participants aux fêtes ont des comportements déplacés comme
rejet des ordures n’importe où, abus d’alcool ou disputes..

Le revers de la médaille est que l’essor des festivités s’est accompagné d’un certain nombre de problèmes tels que jeux d’argent dissimulés, vols, incivisme, forte hausse des prix, embouteillages, déchets... La beauté des festivités en a quelque peu pâti.

«Actuellement, un certain nombre de participants aux fêtes ont des comportements déplacés. Par exemple, le fait de jeter des ordures n’importe où. Ou, dans le cas de jeunes ayant un peu trop forcé sur l’alcool, de se quereller voire de se battre», déplore Pham Quôc Nhât, spécialiste du Département de la famille, relevant du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.

En effet, de plus en plus de jeunes font preuve d’incivilités. Thu Giang, de Hanoi, dénonce le fait que les adolescents s’embrassent en public et se prennent en photo au sein des sanctuaires, des lieux sacrés, des actes qu’elle juge «inadaptés» voire «déplacés».

Superficialité

D’après le professeur Ngô Duc Thinh, peu de gens sont munis de connaissances profondes sur la culture, la religion, mais manifestent néanmoins un zèle étonnant pour les activités cultuelles. Nombreux sont ainsi ceux qui brûlent des bâtonnets d’encens sans savoir à qui ce lieu est dédié. Selon le professeur, beaucoup de jeunes considèrent la pagode comme un lieu de rencontre, de balade entre amis, de détente. Interrogés, la plupart confient certes qu’un lieu sacré leur procure un sentiment particulier, mais questionnés sur l’aspect historique, culturel de celui-ci, beaucoup donnent... leur langue au chat.

Par exemple, Thu Trang, 23 ans, de Hanoi : «J’accompagne souvent ma mère aux pagodes. Au début de cette année, j’ai également été à Yên Tu dans la province de Quang Ninh (Nord-Est). Les paysages sont très beaux, l’atmosphère est sereine, à mille lieux de l’agitation de la capitale». Toutefois, interrogée sur quel roi était entré au nirvana à Yên Tu, Trang, surprise, a répondu «Je ne sais pas».

Belles actions

Si le constat est alarmant, le tableau n’est pas si noir. Il n’est guère difficile en effet de voir les belles actions de jeunes volontaires en chemise bleue guider les voyageurs dans les édifices religieux, offrir des vêtements chauds aux enfants abandonnés pris en charge dans des pagodes..., ou tout simplement ramasser les déchets. Ces gestes montrent que de nombreux jeunes sont désireux de conserver les traditions nationales, léguées par nos ancêtres.

 

Minh Quang/CVN

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