>>Postes de santé, le contraste entre l’échelon central et local
Parlant des difficultés du système de santé de base en général et des postes de santé en particulier, le docteur Pham Hông Thái, directeur du Centre de santé du district de Quỳnh Phu, province de Thái Bình (Nord), informe : «Depuis plus d’une dizaine d’années, il n’y a aucun grand projet d’investissement dans le système de santé au niveau local, à la différence du réseau hospitalier central. Actuellement, les établissements locaux rencontrent beaucoup de difficultés en termes d’installations, d’équipements et de personnel. Et les besoins des habitants sont de plus en plus importants, il est donc normal qu’ils se ruent vers les hôpitaux centraux».
Malgré un établissement imposant, l’hôpital du district de Na Hang, province de Tuyên Quang (Nord), manque toujours de patients en raison d’une grave pénurie de médecins |
Un point de vue partagé par Trinh Thi Lý, directrice adjointe du Service de la santé de Hai Phong (Nord). «Ces derniers temps, les hôpitaux ont été dotés d’équipements modernes, mais l’investissement dans les postes de santé locaux est resté limité, créant un écart non négligeable. Il faudra donc des politiques appropriées pour le réduire», indique-t-elle.
Toujours selon Trinh Thi Lý, à l’heure actuelle, il n’y a pas encore de planification générale du système de santé de base. De grands établissements locaux ont été construits, mais leur personnel est à la fois peu compétent et en nombre insuffisant. Un vrai gaspillage. «Bien que Hai Phong soit l’une des grandes villes du pays, 90% de son personnel médical à l’échelon communal ne bénéficie d’aucune formation professionnelle complémentaire entre la sortie de l’école et la retraite», avoue-t-elle.
Concernant les problèmes qui existent du système de santé de base, un représentant du Département du plan et des finances, du ministère de la Santé, reconnaît : «Ces derniers temps, faute de priorités, les établissements sanitaires locaux n’ont pas reçu de ressources adéquates. De nombreuses localités n’ont pas été assez actives dans la mobilisation de ressources pour leur système de santé de base, se contentant des fonds venant de l’État».
Fort investissement à l’échelon communal
Face à cette situation, le ministère de la Santé élabore actuellement le projet de plan de renforcement du système de santé de base dans la nouvelle situation, afin de le soumettre bientôt au politburo du Parti communiste vietnamien pour approbation.
Selon ce projet, la priorité sera donnée aux établissements hospitaliers de l’échelon communal. Les investissements porteront sur la construction, la remise en état, l’équipement des postes de santé locaux. Il s’agira également des formations continues en faveur des agents médicaux des communes, des sages-femmes des hameaux et villages dans les régions reculées, en difficulté...
De plus, d’après le Pr-Dr Pham Lê Tuân, vice-ministre de la Santé, ce ministère complétera, améliorera et renforcera les politiques préférentielles pour les agents médicaux travaillant dans les régions montagneuses, reculées, défavorisées, et dans celles où vivent les minorités ethniques. Il s’agit de leur accorder des privilèges en termes d’indemnité de logement, d’assistance à l’éducation des enfants et autres politiques de soutien. «L’objectif est d’assurer la stabilité et de promouvoir l’efficacité des ressources humaines, ainsi que d’encourager le personnel médical à travailler longtemps dans ces zones», échange Pham Lê Tuân.
Les cliniques communales des régions reculées sont toujours très fréquentées. |
«De nombreuses localités possédant des postes de santé spacieux et bien équipés manquent néanmoins toujours de patients. En cause le manque de confiance de ces derniers en les capacités du personnel. Pour retenir les patients dans les établissements sanitaires locaux, il faut se concentrer sur la formation des ressources humaines», affirme Nguyên Van Tiên, vice-président de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.
Amélioration de la qualité des médecins
Selon lui, à l’heure actuelle, dans certaines localités, en particulier dans les régions reculées, le revenu de l’agent médical travaillant dans les centres de santé est de l’ordre de 7 à 10 millions de dôngs par mois, ce qui n’est pas suffisant. Si les services compétents adoptent des politiques de formation appropriées à chaque région, à chaque localité, il ne sera pas trop difficile de retenir le personnel dans les postes de santé locaux.
«Il faut renforcer la qualité de la formation. Le ministère de la Santé et celui de l’Éducation et de la Formation doivent s’engager dans la promulgation de normes et l’inspection de la formation des agents de santé», insiste Nguyên Van Tiên.
Parallèlement au renforcement des installations du système de santé de base et à l’amélioration des compétences professionnelles du personnel, de nombreux experts estiment que le secteur de la santé doit également disposer d’un mécanisme propre pour retenir les agents médicaux. Par exemple, la Loi sur l’assurance maladie - qui sera modifiée prochainement - devra stipuler une réglementation permettant aux postes de santé de fournir davantage de services. Une fois que ces établissements sanitaires locaux bénéficieront de plus de mécanismes, ils bénéficieront de davantage d’équipements. Et lorsqu’ils accueilleront plus de patients, leur personnel aura l’occasion d’améliorer ses compétences et d’augmenter ses revenus.
Actuellement, en plus d’un personnel insuffisant et insuffisamment formé, le système de santé de base doit faire face également à la dégradation des infrastructures, notamment des dispensaires de santé locaux. Selon les statistiques, dans les quelque 11.000 communes du pays, environ 3.200 postes de santé mériteraient d’être reconstruits et près de 3.600 autres d’être rénovés. Les centres de santé ne fournissent que 52,2% des 108 services techniques permis, principalement en raison du manque de personnel ou du personnel non qualifié (52,7%), du manque d’équipements ou des équipements vétustes (45,8%).
Phuong Liên/CVN