Garde des enfants, un souci pour les familles ouvrières

Face aux cas de maltraitance d’enfants dans plusieurs crèches privées, Hô Chi Minh-Ville a décidé d’inspecter et de fermer les établissements en infraction. Cette décision, saluée par l’opinion publique, place néanmoins nombre de familles ouvrières dans l’embarras.

>>Resserrer la gestion des crèches privées

La participation du secteur privé dans l’éducation entraîne la création de nombreuses crèches privées.


La directive du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville, en vigueur depuis le 30 décembre, vise à remettre de l’ordre et à améliorer la qualité des services de garde d’enfants dans les crèches et écoles maternelles. Elle exige, selon les termes du texte, de «fermer résolument les établissements ne répondant pas aux conditions requises». Huynh Công Hùng, responsable du Comité des affaires culturelles et sociales du Conseil populaire de Hô Chi Minh-Ville, confirme : «Les établissements qui ne satisfont pas aux exigences seront contraints de fermer leurs portes».

L’arrondissement Thu Duc est l’un des premiers à appliquer la directive de la ville en prônant la «tolérance zéro». Nguyên Tho Truyên, vice-président du Comité populaire de l’arrondissement, explique : «Thu Duc abrite beaucoup de zones industrielles qui accueillent un grand nombre de travailleurs venus d’autres provinces et de la campagne. Avec leurs revenus limités, les ouvriers ont tendance à confier leurs enfants aux crèches privées peu coûteuses, dont la plupart exerce leur activité sans permis».

Environ 4.000 crèches sans licence d’activité
D’après les statistiques du Service municipal de l’éducation et de la formation, la ville recense actuellement environ 4.000 crèches privées et de garderies familiales sans permis d’activité. Un chiffre qui pourrait en réalité être plus élevé. La majorité de ces établissements siège en banlieue, dans les arrondissements et districts suburbains où sont implantées les zones industrielles. L’explication réside dans le fait que ces dernières emploient un grand nombre de travailleurs venus de la campagne.

Avec des grilles tarifaires de garde d’enfants peu élevées (1,2 à 1,5 million de dôngs par mois pour un enfant de moins de 12 ans) et une flexibilité au niveau des horaires (accueil d’enfants tôt le matin et renvoi tard l’après-midi), ces établissements constituent le choix idéal pour les parents ouvriers qui doivent composer avec un budget serré.
Quelle(s) solution(s) ?
Cette nouvelle décision des autorités de Hô Chi Minh-Ville va entraîner la disparition d’au moins 4.000 crèches privées et garderies familiales sans permis. Si cette décision, judicieuse, est saluée par l’opinion publique, elle place dans l’immédiat les parents ouvriers dans l’embarras : où envoyer leurs enfants, notamment ceux en bas âge (entre 6 et 18 mois) après la fin du congé de maternité ?

La fermeture des crèches privées place les parents ouvriers dans l’embarras : où envoyer leurs enfants?


Le problème est épineux. Par exemple, dans les arrondissements 3, 10, 12, Tân Binh, Tân Phu, Thu Duc et Go Vâp, aucune crèche n’accueille de bébés de 6 à 12 mois. Et rares sont celles qui accueillent ceux ayant 12, 18 mois ou plus. Raison invoquée : l’accueil de ces petits exige des soins nutritifs et hygiéniques compliqués avec des risques élevés. Seuls les établissements disposant de nurses expérimentées peuvent se lancer dans ce domaine. Problème, ces derniers se comptent sur les doigts de la main...
Deux autres possibilités : recourir aux crèches privées «de luxe» ou aux baby-sitters à domicile. Problème, ces établissements demandent en moyenne 4 à 5 millions de dôngs par mois pour la garde d’enfants de moins de 12 mois. Et il faut débourser environ 3 millions de dôngs pour s’attacher les services d’une baby-sitter à domicile... Ce qui est bien entendu inenvisageable au regard des ressources financières dont disposent les foyers ouvriers.
Bon nombre de couples ouvriers pensent à faire venir leurs parents à la rescousse comme solution provisoire et d’urgence. Le cas échéant, d’autres optent pour une option plus radicale : le père ou la mère arrête le travail pour garder les bambins, avec les conséquences que cela implique sur le porte-monnaie. «Je ne sais pas si la crèche de mon fils sera fermée. Si c’est le cas, nous ne savons pas où l’envoyer. Peut-être faudra-t-il que ma femme ou moi reste à la maison pour s’en occuper», dit, soucieux, Trân Van Thuong, un ouvrier vivant dans l’arrondissement de Thu Duc.
Face aux inquiétudes grandissantes des foyers ouvriers, l’arrondissement Thu Duc a décidé de leur prêter assistance. Selon Nguyên Tho Truyên, vice-président du Comité populaire de l’arrondissement, les autorités vont fournir la liste de nouvelles crèches les plus sûres aux parents dont les enfants se trouvent dans les établissements menacés de fermeture.
Selon plusieurs experts, il faudra, sur le long terme, que les responsables des arrondissements et districts suburbains prennent des politiques en vue d’attirer des capitaux dans la construction de davantage de garderies de qualité dans les zones industrielles. Mais il faudrait songer à agir maintenant, sous peine de voir le pouvoir d’achat d’un certain nombre d’ouvriers, déjà peu élevé, devenir critique.

Linh Thao/CVN



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