Postes de santé, le contraste entre l’échelon central et local

Le système de santé au Vietnam est confronté à la surcharge des hôpitaux publics à l’échelon central. Ce problème ne sera résolu que lorsque les patients retrouveront confiance en les établissements d’échelon local.

>>Niveler par le haut les établissements de santé
Malgré un établissement récemment rénové, le Poste de santé de la commune de Duc Tú, district de Dông Anh, à Hanoi, n’accueille que deux ou trois patients par jour, avec de rares pics à une dizaine. Et il est aussi des jours où il n’y a personne...

Les postes de santé locaux n’affichent complet que lors des campagnes de vaccination.


«Rien de surprenant, car notre établissement n’est équipé que de stéthoscopes et sphygmomanomètres, et ne peut donc traiter que des pathologies basiques. Les habitants attachent de plus en plus d’importance à leur santé, et préfèrent les établissements réputés, dotés d’équipements modernes, et ce même pour de simples maux de ventre ou une légère fièvre...», partage le docteur Lê Bac, chef du Poste de santé de la commune de Duc Tú... Et d’ajouter qu’il y a des cas où des patients sont venus ici pour demander une hospitalisation dans un autre établissement à l’échelon central «sans vouloir être examinés par nos médecins».
Toujours selon le docteur Lê Bac, aucun médecin ou infirmière ne souhaite travailler dans des dispensaires de santé locaux, mais préfère les hôpitaux d’échelon central.
Des patients aux abonnés absents
Cette situation n’est pas exceptionnelle dans la commune de Duc Tú, mais assez fréquente dans les cliniques des districts urbains de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville, dont la plupart sont désuets et très peu fréquentés par les patients. Certains dotés d’un vaste espace et d’un bel emplacement ont même choisi de donner à louer leur établissement comme clinique privée..., du fait de l’absence de patients. «Ça fait trois ans que le Poste de santé du 3e quartier n’a pas de médecin. Puisque situé dans une ruelle et près de l’hôpital de l’arrondissement, il n’a presque aucun patient. Ainsi, la majorité du personnel travaillent dans la prévention et la lutte contre les épidémies. Notre établissement n’est bondé que lors des campagnes de vaccination», informe l’infirmière Lý Thi Hông Yên, du Poste de santé du 3e quartier de l’arrondissement de Bình Thanh, à Hô Chi Minh-Ville.
Un agent médical du Poste de santé du 10e quartier, 3e arrondissement, toujours dans la mégapole du Sud, partage : «En moyenne, nous effectuons chaque jour seulement trois ou quatre examens, essentiellement des interventions de base comme prise de la tension artérielle, bandage de plaies... Bien que désuet, notre établissement n’est toujours pas rénové ou équipé davantage».
Toujours selon lui, les jeunes médecins ont peur d’être affectés dans des centres médicaux locaux, où les salaires sont bas, les possibilités d’améliorer leurs compétences professionnelles limitées... du fait de l’absence de patients et du matériel médical sommaire. «Ces postes de santé sont principalement actifs dans les programmes de vaccination élargie, de prévention et de lutte contre les épidémies, le VIH, la tuberculose...», reconnaît-il.
Afflux de patients dans les régions éloignées
Alors que les dispensaires de santé des grands centres urbains sont désertés, ceux des régions reculées sont au contraire toujours très fréquentés. Une étude menée dans cinq provinces montagneuses du Nord et des hauts plateaux du Centre, de l’Institut des stratégies et politiques du ministère de la Santé, a montré que la plupart des malades se rendent dans les postes de santé d’échelon communal. Dans les 15 localités étudiées, ces établissements offrent des services médicaux aux pauvres, qui représentent 82% de leurs patients. Ces centres médicaux locaux ont encore une place très importante dans la vie de la population. Cependant, la qualité des services reste limitée en raison du manque de personnel, d’équipements...
De nombreux experts estiment que le secteur de la santé devrait mener bientôt des études spécifiques du réseau des dispensaires médicaux, en particulier à l’échelle nationale. Car ce n’est que lorsque le tableau général du système de santé de base sera esquissé que l’on pourra établir des politiques et stratégies d’investissement vraiment efficaces et appropriées.


Une étude de l’Institut des stratégies et politiques de la santé montre qu’en moyenne, 75% des patients vont directement aux hôpitaux d’échelon central sans passer par les postes de santé ou les cliniques du district et de la province comme le veut la règlementation. On estime même que 90% des enfants examinés à l’Hôpital central de pédiatrie auraient pu être traités au niveau local. Les cas d’accouchement normal représentent 33% du total à l’Hôpital obstétrique central à Hanoi et jusqu’à 46% à celui de Tu Du à Hô Chi Minh-Ville, les deux plus grands établissements spécialisés dans ce domaine du pays.


Liên Phuong/CVN


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