>>Perfectionner les politiques pour les ethnies minoritaires
>>Bientôt la Journée nationale de la culture de l’ethnie H’mông
Une fête traditionnelle de l'ethnie Công dans la province de Lai Châu. |
Photo : Anh Tuân/ VNA/CVN |
Les ethnies minoritaires possèdent un trésor culturel inestimable qui contribue à enrichir et diversifier la culture nationale. La préservation et la valorisation de ce trésor est depuis longtemps une préoccupation majeure du Parti, de l’État et du gouvernement. Pour preuve, en 2011, le gouvernement a approuvé le projet de «Préservation, développement de la culture des minorités ethniques jusqu’en 2020», divisé en deux étapes : 2011-2015 et 2016-2020.
Ce projet, confié au ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, est crédité d’un budget de 1.512 milliards de dôngs. Il englobe six missions majeures : préserver les caractéristiques locales, sauver de la disparition les ethnies les moins peuplées, construire une maison commune (nhà rông) dans chaque village, faire en sorte que les populations déplacées puis relogées s’adaptent bien à leur nouvelle vie, former les jeunes locaux pour qu’ils deviennent des cadres chargés de la sensibilisation culturelle et, enfin, développer les métiers traditionnels ou les villages touristiques.
La plupart des ethnies minoritaires du Vietnam, en particulier celles comportant une population de moins de 10.000 personnes, vivent souvent dans les zones en difficulté, isolées et reculées, avec un taux de pauvreté souvent élevé. Mais surtout, nombre de ces gens perdent progressivement leur culture, oubliant leur langue, leur écriture, et même, pour certains, leurs tenues traditionnelles.
Les 16 ethnies les plus visées
Comme le dit l’expression populaire du Sud-Ouest de la France : «Le cochon est dans le maïs». Dans ces conditions, il apparaît urgent de tout mettre en œuvre pour perpétuer et ainsi préserver cette culture, et de travailler en parallèle à l’amélioration des conditions de vie des 16 ethnies minoritaires comptant moins de 10.000 représentants. Sont concernées cinq ethnies de moins de 1.000 membres (Si La, O Du, Brâu, Ro Mam et Pu Péo), six de moins de 5.000 (Công, Mang, Bô Y, Lô Lô, Co Lao et Ngai), et cinq de moins de 10.000 (Lu, Pà Then, Chut, La Ha et La Hu).
Invité à témoigner au récent colloque sur les mesures de préservation et de valorisation des caractéristiques culturelles des 16 ethnies en question à Hanoi, Lo Van Hoàng, de l’ethnie O Du, patriarche du village de Vang Môn de la province de Nghê An (Centre), a exprimé que le plus grand soucis des O Du réside dans la perte progressive de la langue ancestrale. «Notre langue est orale, pas écrite. Il est donc difficile de la perpétuer, les jeunes étant attirés par les sirènes de la modernité. Aujourd’hui, seuls les personnes âgées et d’âge médian l’utilisent. Et encore, ils ne sont qu’une petite minorité ! Nous avons donc besoin du soutien de ce projet pour sauvegarder notre langue».
La province de Kon Tum (hauts plateaux du Centre) a inauguré en 2010 une nhà rông (maison commune) pour l’ethnie Brâu du village de Dak Mê. Kon Tum ne recense que 117 familles Brâu, soit 325 personnes. |
Photo : Thanh Hà/VNA/CVN |
D’après le Service de la culture, des sports et du tourisme de la province de Lào Cai, l’ethnie Bô Y, qui recense environ 1.500 membres, bénéficie du projet. Lào Cai poursuit l’étude de tous ses villages, ce qui permet de découvrir des patrimoines culturels très riches au sein de cette communauté. «Nous nous intéressons en particulier à la sauvegarde de ses valeurs culturelles immatérielles comme les critères de choix du site des villages, ses pratiques cultuelles et ses rites. Concernant ses tenues, l’ethnie Bô Y a aussi ses spécificités. Mais peu demeurent aujourd’hui. Quant à sa langue, elle s’est malheureu-sement perdue il y a une cinquan-taine d’années environ. Il n’en reste que quelques traces anciennes sous forme d’idéogrammes», informe un responsable du Service.
La priorité donnée aux habitants relogés
Un soin attentif est aussi porté aux ethnies déplacées des lieux réquisitionnés pour la construction de centrales hydroélectriques, afin qu’elles aient une réelle opportunité de conserver leur culture et d’améliorer leur niveau de vie dans leur nouvel environnement de vie. Ce sont des habitants qui ont été relogés dans les provinces de Lào Cai, Son La, Lai Châu, Diên Biên (Nord), Quang Tri, Quang Nam (Centre), Gia Lai et Kon Tum (hauts plateaux du Centre).
Nguyên Huu Thang, chef du Service de la culture, des sports et du tourisme de la province de Quang Tri, fait savoir que la province a accordé une attention particulière aux ethnies établies dans ces nouvelles agglomérations. «Nous privilégions l’édification d’une vie +civilisée+, la suppression des mœurs arriérées, la construction de maisons pour les activités communautaires, le renforcement de la sensibilisation à leur culture par la projection de documentaires, ou encore la fourniture de livres», précise-t-il.
Par ailleurs, la province prend des mesures pour conserver l’activité des villages de métier traditionnel, ce qui permet dans le même temps de faire comprendre aux membres de ces ethnies l’intérêt à perpétuer leur culture, en faisant intervenir, entre autres, des artisans et des personnes reconnues par leurs pairs. De même, des clubs de culture et d’arts traditionnels sont mis sur pied pour renforcer les activités culturelles communautaires, notamment dans l’organisation de leurs fêtes traditionnelles.
Ce sont les ethnies qui ont créé leurs valeurs culturelles et qui sont les mieux placées pour les préserver. Et les belles traditions méritent d’être perpétuées. Contre les vents et marées d’une mondialisation effrénée, le pays fait tout son possible pour préserver l’identité culturelle des minorités ethniques. Reste à savoir si cela sera suffisant.
Linh Thao/CVN