”Nous avons identifié des fractures d'usure sur (la coque du) navire. Nous ne pouvons pas écarter le risque d'une cassure du bateau, c'est surveillé de très près”, a déclaré le Premier ministre néo-zélandais John Key à la presse le 12 octobre, une semaine après l'échouage du porte-conteneurs Rena au large de Tauranga (île du Nord). "Je voudrais que ce bateau ne soit pas en train de recracher du pétrole dans les eaux pures de Nouvelle-Zélande. Mais c'est le cas et nous devons gérer la situation", a-t-il ajouté, alors que plusieurs plages de la baie sont d'ores et déjà souillées.
Des images de télévision montraient une large fissure sur sa coque, amenant le ministre des Transports, Steven Joyce, à estimer "probable" que le bateau se brise en deux.
Dans l'hypothèse la plus pessimiste d'un déversement intégral dans la mer de ses cuves, l'accident de Tauranga resterait toutefois sans rapport avec les grandes marées noires des dernières décennies.
Le commandant du Rena , un navire battant pavillon libérien, a été arrêté pour navigation dangereuse et présenté devant un tribunal de Tauranga, sous haute protection policière, ont indiqué les autorités.
À la demande de son avocat qui craint que "le public se charge lui-même de faire justice", la justice a ordonné aux médias de ne publier ni sa photo ni son nom.
Libéré sous caution, il devra comparaître le 19 octobre. Il encourt un minimum de 10.000 dollars néo-zélandais (5.700 euros) d'amende et un maximum d'un an de prison. Son second a lui aussi été arrêté, le 12 octobre soir.
Le ministre de l'Environnement, Nick Smith, avait déclaré la veille qu'il s'agissait de "la pire catastrophe écologique maritime qu'ait connue la Nouvelle-Zélande".
Le Rena a heurté le 5 octobre un des récifs de la baie de Plenty, à quelques kilomètres des côtes. Malgré des opérations de pompage, compliquées mardi par une tempête avec des vagues de cinq mètres, il a déjà déversé jusqu'à 300 tonnes de carburant dans la baie de Plenty, un écrin marin peuplé de baleines et de dauphins. Si elle se brise, sa coque endommagée à la proue risque de libérer 1.700 tonnes de carburant sur le récif Astrolabe, réputé pour la richesse de sa faune et de sa flore. Et dans ce cas de catastrophe, cela abîmerait un des endroits les plus riches de cette région du globe, par sa faune et sa flore, et se déroulerait dans un pays très sourcilleux sur la protection de ses paysages, marins et terrestres.
Quelque 70 conteneurs du Rena sont en outre tombés à la mer, a indiqué Maritime New Zealand (MNZ), le service chargé d'assurer la sécurité des personnes et de l'environnement en mer. "Il y a 1.368 conteneurs à bord. Onze conteneurs renfermant des substances dangereuses sont toujours sur le navire et ne figurent pas parmi les quelque 70 qui sont passés par-dessus bord", a déclaré MNZ dans un communiqué.
Un navire doté d'une grue est en route depuis Singapour pour enlever les conteneurs du bateau, selon Radio New Zealand.
Les galettes de fioul ont atteint les plages et les habitants découvraient le 12 octobre, horrifiés, des plages maculées de boue noire et des cadavres d'oiseaux englués de pétrole. "Je le sens depuis ma maison", a déclaré Peter Cramond, qui habite à 400 mètres du rivage, en parcourant la plage sous un vent violent et une pluie battante. "Je n'ai pas dormi de la nuit, sachant tout ce qu'enduraient les oiseaux et la faune marine. C'est atroce".
En mars 1989, le pétrolier américain Exxon Valdez avait heurté un récif dans la baie du Prince William (Alaska), déversant quelque 38.800 tonnes de pétrole.
Les côtes françaises ont été touchées deux fois par des pollutions majeures : en mars 1978, le naufrage du supertanker libérien Amoco Cadiz avait provoqué la fuite de 230.000 tonnes de brut au large du Finistère en Bretagne et en décembre 1999, le pétrolier Erika avait fait naufrage également au large de la Bretagne, provoquant une marée noire massive.
AFP/VNA/CVN