"Je tâcherai bien sûr de prendre en compte les discussions du 18 avril sur le sujet, puis de faire les propositions les plus convaincantes possibles, de manière à avoir le soutien de tous les États membres", a souligné M. Rehn, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion des ministres des Finances européens. "Notre intention est essentiellement de renforcer l'examen par les pairs au sein du groupe des ministres (des Finances de la zone euro)", afin qu'il puisse y avoir "une appréciation systématique et rigoureuse des projets de budgets nationaux", a-t-il à nouveau expliqué.
La proposition de M. Rehn a soulevé le 16 avril des réticences de l'Allemagne, désireuse de défendre la souveraineté nationale en matière budgétaire. "Il est évident qu'on ne doit pas toucher à la prérogative nationale en matière de budget", a jugé le secrétaire d'État allemand aux Finances, Jörg Asmussen.
Le commissaire européen, qui va faire des propositions législatives mi-mai pour une meilleure coordination des politiques économiques au sein de la zone euro, a présenté ses idées le 16 avril aux ministres des Finances des 16 pays partageant la monnaie unique.
Sa proposition prévoit que les grandes orientations budgétaires des pays de la zone euro seraient examinées par la Commission européenne (CE), puis par les ministres des Finances de la zone euro, qui pourraient formuler des recommandations au pays concerné.
Interrogé pour savoir si l'avis des États pourrait être contraignant ou s'il s'agirait uniquement de recommandations, M. Rehn a précisé qu'il s'agirait "certainement de recommandations".
La ministre espagnole des Finances, Elena Salgado, dont le pays préside l'UE, s'est voulue quant à elle rassurante. C'est une "bonne chose qu'ils soient possible de réviser les perspectives" budgétaires "dans un contexte européen", a-t-elle dit, "mais il ne s'agit pas de remplacer le travail des ministres, des Parlements nationaux".
Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a dit "soutenir la proposition du commissaire Rehn" à "100%".
"Il ne s'agit pas de priver les États membres et les Parlements nationaux de droits spécifiques, il s'agit de (partager) l'information", a-t-il jugé. Cela permettrait notamment "d'essayer d'avoir une certaine influence quand un budget va dans une direction qui ne semble pas convenir aux autres", a-t-il ajouté.
"Je n'ai pas de position précise à ce stade", a indiqué de son côté la ministre française des Finances, Christine Lagarde. "Mais ce qui est clair, c'est que nous devons être bien plus responsables les uns des autres", ce qui "ne veut pas nécessairement dire s'immiscer dans les processus souverains de mise en place des budgets", a-t-elle ajouté.
"Mais nous devons inventer le moyen de nous rendre davantage de comptes les uns aux autres", a dit Mme Lagarde.
AFP/VNA/CVN