La Colombie dit "non" à la paix avec les Farc

Contre toute attente, les Colombiens ont rejeté de peu dimanche 2 octobre la paix avec la guérilla des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) lors d'un référendum sur l'accord visant à terminer 52 ans de conflit, mais le président Juan Manuel Santos a affirmé qu'il ne se rendra pas.

>>L'accord de paix en Colombie attend d'être validé par un referendum

Une Colombienne brandit une pancarte sur laquelle on peut lire "Je dis toujours oui" après avoir eu connaissance des résultats du référendum sur l'accord de paix avec les Farc, le 2 octobre à Bogota.

"Je ne me rendrai pas et continuerai à rechercher la paix", a déclaré le chef de l'État dans une allocution télévisée, en affirmant que le cessez-le-feu bilatéral et définitif, observé depuis le 29 août, "reste valide et restera en vigueur".

Presqu'au même moment Timochenko, le chef des Farc, a assuré, depuis La Havane, siège des pourparlers de paix, que les guérilleros "maintiennent leur volonté et réitèrent leur disposition à n'utiliser que la parole comme arme de construction vers l'avenir".

Sur 99,98% des bulletins de vote dépouillés, le "Non" s'imposait avec 50,21% devant le "Oui" à 49,78%, quatre heures après la clôture des bureaux de vote de ce scrutin crucial.

Près de 34,9 millions d'électeurs étaient appelés à répondre par "Oui" ou par "Non" à la question : "Soutenez-vous l'accord final d'achèvement du conflit et de construction d'une paix stable et durable ?", titre du document de 297 pages issu de près de quatre ans de pourparlers, délocalisés à Cuba.

Chronologie des accords pour mettre fin au conflit en Colombie, chiffres clés du conflit et zone d'influence des Farc dans le pays.

"Je vous ai convoqués pour que vous décidiez de soutenir ou pas ce qui a été accordé pour la fin du conflit avec les Farc, et la majorité, bien que d'une très étroite marge, a dit que Non", a ajouté M. Santos à l'adresse des Colombiens, en ajoutant "l'autre moitié du pays à dit que Oui", mais que "tous, sans exception, veulent la paix".

Faible participation, une habitude

Le "oui" a recueilli quelque 6,3 millions de voix (6.377.464), soit bien au-delà du minimum de 4,4 millions de voix requis (13% de l'électorat). Mais pour l'emporter, il devait supplanter le "non" qui a en fait dépassé les 6,4 millions (6.431.372). La participation n'a été que de 37,28%. Mais depuis 1958, elle s'établit généralement entre 33% et 58,47%, un record jamais dépassé depuis la présidentielle de 1974.

"L'abstention a gagné et le pays a perdu", a déclaré à Kirsty Brimelow, avocate britannique et directrice du Bar Human Rights Committee, intervenue comme facilitatrice dans les pourparlers. "Cela ressemble à un Brexit", a-t-elle ajouté en référence au référendum sur la sortie de l'Union européenne qui a provoqué une crise politique en Grande-Bretagne.

Une pancarte "Oui à la paix" sur l'église Ermita à Cali en Colombie, le 30 septembre.

Le référendum, non obligatoire, avait été voulu par M. Santos afin de donner la "plus large légitimité" possible à l'accord qu'il a signé le 26 septembre avec le chef des Farc, Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre Timoleon Jiménez ou Timochenko.

Ce rejet était inattendu, plusieurs sondages donnant depuis des semaines le "Oui" largement en tête. Il enregistrait ainsi 55% des intentions de vote selon l'institut Datexco et 66% selon Ipsos Napoleon Franco, dans les derniers sondages autorisés, effectués avant la signature de l'accord.

Dans la majeure partie du pays, "la journée électorale s'est déroulée sans aucun problème en dépit des pluies", a indiqué le directeur de la Commission électorale, Juan Carlos Galindo, précisant que le vote avait été retardé dans quelques bureaux isolés, affectés par de fortes précipitations le matin, conséquence du passage de l'ouragan Matthew.

AFP/VNA/CVN

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