"Nous recommandons que les parties approuvent la proposition faite par Monaco", a expliqué le responsable de l'unité scientifique de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), David Morgan.
Monaco a réclamé cet automne l'inscription du thon rouge, menacé d'extinction, à l'annexe 1 de la CITES, qui en proscrit de facto le commerce international. Cette décision pourrait être prise dès la réunion de l'organisation prévue du 13 au 25 mars à Doha. "Notre opinion est que les critères requis pour inclure cette espèce à l'annexe 1 sont remplis et que le commerce international doit être interdit", a ajouté M. Morgan lors d'une conférence de presse.
Donnant l'assurance que cette recommandation était fondée sur des critères scientifiques, M. Morgan a expliqué que les stocks de thon rouge, que l'on trouve dans certaines parties de l'Atlantique et de la Méditerranée, avait globalement chuté de 80%.
Les quotas actuels de pêche sont de 22.000 tonnes par an, vendues à prix d'or. Selon la CITES, un poisson de 650 kilos peut facilement atteindre les 120.000 dollars.
Alors que les membres de l'organisation sont divisés sur la question, la France s'est ralliée mercredi à la proposition de la principauté. Une décision qui pourrait faire basculer la position de l'Union européenne sur cette question sensible pour le secteur de la pêche.
Le Japon, où le thon rouge est très prisé pour la confection de sushi, est toujours vivement opposé à une telle mesure, a souligné la CITES. À ce jour, 80% des prises mondiales sont achetées par le pays, qui a d'ores et déjà entamé une campagne internationale de lobbying pour la contrecarrer.
Le thon rouge ne bénéficie actuellement d'aucune protection de la CITES, la seule organisation mondiale ayant autorité pour limiter ou interdire le commerce international d'espèces animales ou végétales menacées.
Son assemblée devrait être également l'occasion d'évoquer les propositions américaine, européenne et des Palaos (Pacifique) de limiter le commerce de certaines espèces de requins en déclin (requin-marteau, océanique et requin-taupe commun très appréciés pour leurs ailerons), a précisé la CITES dans un communiqué, remarquant que cette année "le thème marin est particulièrement frappant".
Plus de 40 propositions seront au total soumises aux membres de l'organisation, dont le commerce illégal du tigre, des rhinocéros et d'autres espèces au bord de l'extinction.
La Tanzanie et la Zambie vont par ailleurs réclamer un allégement de l'embargo sur l'ivoire, pour leur permettre de vendre une partie de leurs stocks accumulés, a rappelé la CITES.
L'organisation a interdit en 1989 le commerce de l'ivoire, avant d'autoriser quelques pays à vendre au Japon plus de 150 tonnes en 1998 et 2008.
Les débats s'annoncent difficiles car le Congo, le Ghana, le Kenya, le Mali, le Rwanda et la Sierra Leone réclament de leur côté la fin de ces assouplissements avec l'arrêt total du commerce international d'ivoire assorti d'un moratoire de 20 ans empêchant de revenir sur cette mesure.
AFP/VNA/CVN