Plusieurs pays, dont la France, le Royaume Uni et l'Allemagne, se sont prononcés en ce sens la semaine dernière au cours d'une réunion informelle des ministres de l'Environnement de l'Union européenne (UE) à Séville (Espagne).
Ces prises de position ont été rendues nécessaires par le débat ouvert au sein de l'UE sur l'opportunité d'un tel geste alors que les États-Unis campent sur leur refus de tout engagement contraignant et font des offres de réduction jugées très faibles.
La Pologne et l'Italie veulent que l'UE se limite à son engagement de réduire ses émissions de 20% en 2020, comme décidé en décembre 2008 lors de l'adoption de son plan d'action pour lutter contre le réchauffement du climat et abandonne son offre de porter cet effort à 30%. "Nous devons maintenir notre offre à 30%. C'est une offre conditionnelle mais son maintien est un signal très important", a affirmé le Britannique Ed Miliband. "Trente pour cent serait un signal fort, mais cela ne veut pas dire qu'il faille le faire maintenant", a pour sa part estimé l'Allemand Norbert Röttgen.
"La France pousse au maximum pour aller à 30%, mais il n'est pas question de faire exploser l'Europe pour ça", a expliqué le Français Jean-Louis Borloo. "Il n'est pas question d'aller à 30% à l'aveugle. Personne n'accepterait cela", a-t-il averti. "On va à 30% sous réserve des publications des engagements des autres (pays développés). C'est une forme de conditionnalité", a-t-il souligné. "Mais on ne peut pas dire qu'on ne veut pas aller à 30%", a affirmé son homologue Belge Paul Magnette, dont le pays présidera les réunions ministérielles de l'UE pendant le second semestre de 2010. "La vraie question est l'avantage que cet engagement peut signifier pour les entreprises européennes. Le fait que l'UE réduise ses émissions de 30% ne va pas impressionner les Chinois et les Indiens. Mais si cela s'avère bon pour les entreprises européennes, alors cela peut amener les autres à faire plus", a-t-il argumenté.
Le commissaire à l'Environnement sortant Stavros Dimas, qui participait samedi à sa dernière réunion de l'UE, a rappelé que "la proposition initiale de la Commission était une réduction des émissions de l'UE de 30%, parce que cela serait bénéfique pour les entreprises et l'emploi avec le développement des technologies vertes".
Tous les pays développés doivent soumettre leurs engagements de réduction pour le 31 janvier, conformément aux promesses faites à Copenhague. "Le 31 janvier, l'UE inscrira une réduction de ses émissions de 20%" par rapport à leurs niveaux de 1990, a expliqué Paul Magnette lors de la conférence de presse à la fin de la réunion. "Un débat aura lieu ensuite en mars, sur la base d'une étude de comparabilité des offres des autres pays développés faite par la Commission, sur la possibilité de porter cet effort à 30%", a-t-il ajouté. "Il pourra être décidé que les autres offres sont insuffisantes, mais que c'est dans l'intérêt de l'UE d'aller plus loin", a-t-il ajouté. "Nous n'avons pas pour le moment d'informations matérielles sur les offres des autres parties pour passer à 30%", a pour sa part souligné la secrétaire d'État espagnole en charge du Climat, Teresa Ribera, qui présidait la réunion.
Selon la Commission européenne, les offres annoncées par les autres pays développés ne permettent pas pour le moment à l'UE de porter son engagement à 30%.
AFP/VNA/CVN